Couleur bleue

Assomption de la Vierge, feuillet d’un Livre d’Heures, 15e siècle, peinture sur parchemin, musée de Cluny.

Discret dans l’Antiquité, le bleu s’impose comme une couleur nouvelle à partir du XIIe siècle associée à la lumière divine ou à l’aristocratie. A partir du XIIIe siècle, c’est le triomphe du bleu. Le bleu divinisé s’est répandu dans les vitraux et les œuvres d’art… et dans toute la société.

  1. Comment interpréter la couleur bleue dans l’art chrétien ?
    1. Lumière divine et lumière terrestre
    2. Bleu marial
    3. Saint Pierre : d’or et d’azur
    4. Sauvé par les protestants
  2. Méditation sur le bleu
    1. Le bleu nocturne
    2. Le bleu diurne
  3. Don de conseil
    1. Poème pour demander le don de conseil
  4. La vertu de foi
  5. Méditation sur les Écritures
  6. Les Dominations
Comment interpréter la couleur bleue dans l’art chrétien ?
Capture giotto.jpg
Eglise de l’Arena à Padoue de Giotto.

La sainte Vierge vêtue d’un manteau bleu, les Noces de Cana sous l’azur céleste… Autant de choix chromatiques qui semblent relever de l’évidence et que l’on peut observer dans un nombre incalculable d’œuvres majeures de la peinture européenne. Pourtant le bleu n’est apparu dans l’art occidental que fort tardivement, et ce grâce à l’intercession de la théologie et de la dévotion chrétienne. Retour sur l’histoire d’une couleur incontournable, longtemps mal aimée.

Les Grecs voyaient la mer verte, les Romains voyaient le ciel jaune… Mais les primitifs italiens ont commencé à changer ces codes, allant jusqu’à appliquer sur le manteau de la Vierge une couleur presque inexistante, voire mal aimée : le bleu.

Les historiens du XIXe siècle pensaient que les Grecs ne voyaient pas le bleu. Mais ce n’est pas un problème de vision, mais bien un souci de vocabulaire et de société. La couleur bleue jouait un rôle si minime qu’il n’existait pas de mot dans les langues grecques ou latines pour la désigner. Cette marginalité est telle que lors de la formation des langues romanes, c’est un vocabulaire venu des cultures germaniques ou arabes qui est utilisé pour créer les mots « bleu » et « azur ». Chez les Romains, cette couleur était associée aux barbares : avoir les yeux bleus était dévalorisant et personne ne portait de vêtements de ce coloris avant le IIIe siècle. Mais peu à peu le bleu va passer de la couleur des barbares à la couleur de la divinité.

Lumière divine et lumière terrestre

Les XIIe et XIIIe siècles marquent une « révolution du bleu ». Cette révolution naît de la théologie. Dieu est un dieu de lumière et celle-ci se manifeste de deux façons : la lumière divine (lux) et la lumière terrestre (lumen). Pour les différencier il fallait trouver une technique dans les images : c’est comme cela que le ciel — la couche atmosphérique — devient bleu, alors que l’or était utilisé pour représenter la lumière divine et le ciel  — paradis céleste.

Un groupe de peintres italiens du Trecento, menés entre autres par Giotto, souhaitaient insérer ces principes nouveaux dans l’art, annonçant ainsi déjà la Renaissance. Les personnages prennent des attitudes de plus en plus humaines dans des environnements réels, plus proche de la réalité quotidienne.

La voûte de la chapelle Scovegni à Padoue, peinte par Giotto, illustre bien les deux lumières différentes, installant les saints dans des médaillons au fond d’or, séparés du ciel étoilé, bleu.

Bleu marial

Dans l’art religieux, la Vierge est presque toujours représentée avec un manteau bleu. Les raisons de ce choix relève plus de la dévotion que de la théologie. Au Moyen Âge en effet, le culte marial est en pleine expansion. On choisit à cette époque de revêtir la Madone d’une couleur aux pigments coûteux. Le lapis-lazuli était si précieux qu’il coûtait aussi cher que l’or, sinon plus. C’est donc la raison pour laquelle ces pigments furent réservés aux représentations de la Vierge.

Dans l’art byzantin, la Madone était souvent représentée avec un manteau de couleur noire, signe de deuil face à la mort son fils. Par la suite, le bleu devient sa couleur et les rois vont en faire de même. Philippe Auguste puis saint Louis vont porter un manteau bleu, et cette habitude se diffuse alors dans les cours européennes.

Saint Pierre : d’or et d’azur

Couleur symbolisant la fidélité et la foi, le bleu est l’une des deux couleurs qui est généralement utilisée pour représenter saint Pierre. Les couleurs peuvent aider à identifier les personnages quand les attributs de sont pas représentés. Sans les clefs, saint Pierre est donc reconnaissable à son vêtement bleu et jaune. Le bleu symbolise la divinité, la fidélité et la foi du premier pape. Son vêtement jaune symbolise, quant à lui, la trahison lui qui renia trois fois le Christ. Ce sont ces deux couleurs opposées dans leur symbolique, mais pour autant complémentaires en peinture, qui conviennent au mieux à la figure de saint Pierre.

Sauvé par les protestants

Le XVIe siècle marque le temps de la Réforme protestante et donc la moralisation des couleurs. D’un côté se trouve les couleurs qu’on appelle « déshonnêtes » : trop voyantes, comme le rouge, le jaune ou le vert. D’un autre côté se trouve les couleurs « honnêtes » comme le brun, gris, noir, mais encore le bleu.

Cette « moralité » des couleurs influence la vie quotidienne et la manière de se vêtir. Elle eut également des conséquences sur l’art. La « palette catholique » aux couleurs chatoyantes est utilisée par Rubens, tandis que la « palette protestante » accorde plus d’importance à la lumière qu’à la couleur. Rembrandt et Vermeer ont utilisé la couleur bleue, sans pour autant faire référence au vêtement de la Vierge, mais comme un symbole de foi et de fidélité.

Source : https://fr.aleteia.org/2017/08/15/comment-interpreter-la-couleur-bleue-dans-lart-chretien/

Méditation sur le bleu
Bleu nocturne et bleu diurne en mer Egée

LE BLEU
ET LE DESIR DE TRANSCENDANCE

Le bleu nous invite à nous investir, sans mesure, pour une cause susceptible de nous conduire vers un au-delà de nous-mêmes, vers la transcendance du ciel. En effet, nous pouvons associer le bleu à l’expérience du « pothos » dont nous parlent les anciens, un mot grec qui évoque un désir intense de dépassement qu’on ne saurait traduire dans nos langues modernes. C’est Alexandre le Grand qui fut sans doute le personnage de l’Antiquité le plus illustre à avoir connu l’état de « pothos ». On dit même que c’est lui qui a inventé l’expression « être saisi par le pothos », un jour où il s’efforçait de mettre en mot son immense désir de transcendance _ désir qui l’a poussé à conquérir l’espace horizontal au-delà de tant de frontières. Il suffisait à Alexandre le Grand se s’asseoir sur la berge d’une rivière et de regarder au loin pour être pris de pothos. L’espace et la distance étaient des images par lesquelles il assouvissait son désir.

Il est intéressant de souligner que l’expression « avoir le blues » évoque justement un état de malaise au fait que nous n’avons pas su répondre à un appel du transcendant, à une aspiration que le monde ne peut combler : « il y a en moi une exigence que le monde ne satisfait pas (Marie-Madeleine Davy, « Un philosophe itinérant »)

Le bleu nocturne

Le bleu nocturne favorise une aspiration à la vastitude et à l’élévation qui introduit notre conscience dans une perspective plus vaste, celle de l’amour et de ses exigences, mais aussi celle de l’avenir souhaité par Dieu.

Le bleu diurne

Le bleu diurne nous invite à répondre à un appel du transcendant. Il nous convie alors à nous investir, sans mesure, pour une cause susceptible de nous conduire au « ciel » nous plaçant ainsi en rapport d’opposition avec les valeurs que le monde propose.

Don de conseil

Dans la tradition de l’hermétisme chrétien, le don de conseil, don du Saint-Esprit, est associé à la couleur bleu et au chakra laryngé.

Le don de conseil
Le don de conseil nous invite à découvrir ce que sont les véritables exigences de l’amour sur lesquelles se fondent les temps nouveaux. Il nous aide à discerner si une situation est conforme ou non à la loi de Dieu, chose d’autant plus difficile qu’il n’existe pas de réponse toute faite.
Poème pour demander le don de conseil

Esprit Saint, veuillez m’inspirer ce qui est droit
Et m’aider à l’accomplir avec diligence.
Donnez-moi l’esprit de conseil qui rend adroit
A discerner le bien en toute intelligence.
Que votre esprit m’aide à découvrir
Le exigences de l’Amour en quoi se fondent
Les temps nouveaux, et savoir, dans une profonde
Communion avec votre volonté, choisir
Ce qui en est conforme. Les erreurs et les doutes,
Ecartez-les de moi, afin que tous mes actes
Trouvent en vous leur lumière et qu’au long de ma route
Ma foi en votre providence reste intacte.

La vertu de foi

Dans la tradition de l’hermétisme chrétien le bleu est associé  au don de conseil et à la vertu de foi qui consiste à adhérer aux plans divins, disant « oui » à quelque chose qui nous dépasse et dont nous ne comprenons pas le sens profond. Nous sommes alors confrontés à la dure réalité de devoir lâcher prise. Nous n’avons plus le contrôle des choses, et notre vie prend une tournure nouvelle, indépendamment de notre volonté.

Méditation sur les Écritures

Voici quelques passages bibliques que vous pouvez utiliser comme support de concentration pour votre méditation sur le bleu.

Ancien Testament

« je bénis le Seigneur qui s’est fait mon conseil, et même la nuit, mon coeur m’instruit » (Psaume 16 (15),7)

« Je t’instruirai, je t’apprendrai la route à suivre, les yeux sur toi, je serai ton conseil » (Psaume 32 (31),8).

« Ver toi, j’élève mes regards, ô toi qui résides dans les cieux » (Psaume 123 (122),1).

Nouveau Testament

« Si vous avez une foi qui n’hésite point, même si vous dite à cette montagne : « Soulève-toi et jette-toi dans la mer, cela se fera » (Matthieu XXI,21)

« Augmente en nous la foi » (Luc XVII,5)

« Mes yeux ont vu ton salut que tu as préparé à la face de tous les peuples » (Luc II,30-31)

Les Dominations

Quand aux Dominations, elles sont traditionnellement revêtues d’une robe couleur bleue. En effet, ce chœur angélique incarne l’expérience de la joie profonde et authentique, source de paix et de grâces multiples. Or le bleu est traditionnellement associé à une paix indicible résultant d’une ouverture à l’amour indéfectible que Dieu éprouve vis-à-vis de Sa créature. C’est d’ailleurs sans doute l’origine des vertus apaisantes du bleu, bien connues de la tradition populaire. En effet, prenant conscience de cet amour divin, plus aucune crainte n’est possible, sachant , qu’au-delà de toutes les fluctuations et de toutes les mouvances de son existence, il bénéficiera toujours de l’amour du Créateur (c’est en ce sens que le bleu est également associé à la loyauté et à la fidélité).

Couleurs et chœurs angéliques

Voir aussi :

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