Selon la tradition chrétienne, l’homme fut créé à l’image et à la ressemblance de Dieu. Toutefois, en lisant le texte de la Genèse, nous découvrons que si Dieu énonce en effet son projet de faire l’homme à Son image et à Sa ressemblance (« Faisons l’homme à notre image, comme notre ressemblance »), il le crée cependant à Son image uniquement (« Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa »). Contrairement à la ressemblance, l’image semble donc avoir été établie en l’homme dès son origine. La tradition nous affirme même qu’elle est inaltérable, ayant marqué définitivement la nature humaine puisque Dieu dit et il en fut ainsi. En fait, en créant l’homme à Son image, Dieu le dota d’une constitution ternaire nous le précise la tradition de l’hermétisme chrétien. D’ailleurs, les trois principes de son être (esprit, corps et âme) pourraient fort bien être respectivement mis en relation avec les trois personnes divines (le Père, le Fils et le Saint-Esprit). L’image divine nous apparaît donc à travers la constitution ternaire de l’homme.
Quand à la ressemblance, si Dieu la souhaite dès le commencement, Il ne peut cependant l’imposer à Sa créature. En effet, cela se conçoit aisément dans la mesure ou Lui ressembler, c’est aimer. Or personne ne peut être contraint d’aimer, cet acte impliquant par nature l’exercice d’une liberté. Si Dieu put donc espérer que l’homme réponde à son appel, il n’a pas été en mesure de le contraindre en le créant aimant. A ce titre, la ressemblance souhaitée par Dieu était, au moment de la création, une simple virtualité liée à la liberté de Sa créature. A l’inverse de l’image qui est inhérente à sa nature même, l’homme est donc plus ou moins ressemblant, cette ressemblance pouvant être totalement perdue ou, au contraire, atteindre à la « Très Ressemblance ». Si l’image relève exclusivement de la volonté divine, la ressemblance suppose donc la synergie de deux volontés : celle de Dieu et celle de l’homme. A ce titre, « admettons que la Genèse ait écrit : « Dieu créa l’homme à son Image et à sa Ressemblance, à l’Image et à la Ressemblance de Dieu il le créa. Il en résulterait que la Ressemblance, par suite de la toute-puissance du Créateur, serait devenue interchangeable en nous, aurait perdu sa mission de se proposer à notre liberté » (1)
Si l’homme n’a pas été créé à la ressemblance de Dieu, il serait cependant erroné d’en conclure qu’il a été créé dissemblant car l’image contient déjà, sous une forme virtuelle, une certaine ressemblance. Ainsi, Dieu n’est pas l’auteur d’une créature animée par un élan de division, de discorde ou de haine et si l’homme ne fut pas créé aimant, il fut virtuellement investi de cette potentialité appelée, dès l’origine , à devenir une réalité effective. C’est d’ailleurs ainsi qu’il faut comprendre les paroles de saint Bernard de Clairvaux lorsqu’il affirme dans son serment sur l’Annonciation : « L’image et la ressemblance divines coïncidaient dans le premier homme avant le péché originel. Mais leur coïncidence n’a point persisté après le péché. L’image est demeurée intacte, mais la ressemblance initiale fut perdue. L’homme est, après le péché originel, dans la défiguration et de la dissemblance, tout en conservant l’image. ». (2) Potentiellement être d’amour, c’est donc le péché originel qui fit perdre à l’homme la ressemblance virtuelle qu’il avait avec son Créateur.
Considérant ce qui précède, il apparait clairement que le principal enjeu de l’homme consiste à incarner la puissance de l’amour, acquérant de cette manière un plus grande ressemblance. En effet, « l’image est la base, le point de départ, la Ressemblance est le sommet, l’arrivée. La Ressemblance ne rayonnera pleinement dans l’homme que dans les temps accomplis. L’image peut être de plus en plus ressemblante, la ressemblance est la perfection de l’image. ». En d’autres termes, si l’homme a été créé parfait, à l’image de Dieu, il n’a pas été créé achevé : sa tâche consistant dès lors à s’ouvrir à l’amour afin de l’exprimer pleinement. Totalement investi par les forces de l’amour, il pourra marcher vers sa déification. En effet, adombré par l’Esprit, il sera transformé, « allant de gloire en gloire », épousant de plus en plus intimement la plénitude de Dieu, le seul Vivant. Il pourra ainsi participer plus intensément à Sa réalité (à la réalité de l’Amour), accédant dès lors à Sa ressemblance et devenant Dieu d’homme qu’il était. C’est sans doute là, le plus grand mystère du christianisme, celui de la divinisation de l’homme comme accomplissement de sa vocation initiale.
En effet, « ce que la Bible nous présente, c’est la fin à laquelle Dieu a ordonné l’homme : sa divinisation. La perfection du premier homme, c’est qu’il n’est pas comme les autres êtres de la nature, animaux ou végétaux, mais qu’il est appelé par Dieu, dès l’origine, à une fin proprement divine : appel à entrer dans l’amour de Dieu, à partager éternellement la vie même de Dieu. Dès que l’esprit de l’homme s’éveille, il voit qu’il ne peut pas vivre comme le autres êtres de la terre car ceux-ci n’ont pas à devenir libres. Lui, il a à devenir ce qu’il doit être. Autrement dit, la perfection de l’homme est la perfection d’une vocation et non pas d’une situation. C’est ce que la Bible nous enseigne en disant que l’homme est créé « à l’image et à la ressemblance de Dieu » (Gn I,26), exactement « à l’image en vue de la ressemblance de Dieu », les théologiens interprétant ressemblance au sens précis de participation à la vie divine elle-même.
« […] Par conséquent, la perfection d’Adam, dont il est question, n’est pas un état de perfection mais le commencement d’une histoire de perfection qui doit s’achever dans la gloire de Dieu. C’est cela que Dieu veut, il crée l’homme divinisable. C’est la définition la plus profonde qu’on puisse donner de l’homme, au-delà de tout ce que disent les sciences humaines. C’est là sa vocation et elle est éminemment exigeante. Seulement, l’homme ne peut pas se diviniser tout seul, il faut qu’il accueille le don de Dieu, car c’est Dieu qui divinise. Ce n’est pas l’homme par lui-même qui va franchir l’abîme infini qu’il y a entre Dieu et lui, parce que si son origine est terrestre, ses racines sont cosmiques. Il est « terreux ».
(1) Kovalevsky, Jeean Le Mystère des origines
(2) Saint Bernard, Sermons pour l’année.
Source : Extraits de l’Introduction à l’astro-angéologie, conférence donnée par Charles-Rafaël Payeur. Éditions de l’Aigle

L’ange : un guide sur le sentier de l’amour
Les anges invitent essentiellement l’homme à s’ouvrir à l’amour, le conduisant peu à peu sur le chemin de la ressemblance divine. C’est d’ailleurs ce que Denys l’Aéropagite affirme clairement lorsqu’il écrit : » C’est donc pour nous diviniser en la forme où cela se pouvait que nous avons été miséricordieusement initiés au secret des hiérarchies célestes. »
Voir aussi :