
Définitions de « surnature »
Trésor de la Langue Française informatisé
SURNATURE, subst. fém.
A. −THÉOL. Ce qui procède de Dieu, ce qui est d’une essence supérieure à la nature. L’erreur du monde moderne et de l’intelligence moderne a été de prétendre assurer le règne de la raison sur la nature en refusant le règne de la surnature sur la raison (Maritain, Primauté spirit., 1927, p. 8). Tout se passait donc, pour les penseurs du moyen âge, comme s’ils eussent été chargés de la double responsabilité de maintenir une philosophie de la nature, tout en édifiant une théologie de la surnature, et d’intégrer la première à la seconde en un système cohérent (Gilson, Espr. philos. médiév., 1932, p. 223).
B. −Ce qui dans l’homme est d’une essence spirituelle, supérieure.[Les derviches] ne sont plus maîtres des facultés de leur être (…) dans l’extase leur âme, leur idée, leur surnature se dégage et s’épanouit (Barrès, Pays Lev., t. 2, 1923, p. 142). Quand j’entends de la grande musique il me semble, si je puis dire, que la densité de la surnature s’épaissit tout ensemble et plane, et que l’on est comme enveloppé d’au-delà (Du Bos, Journal, 1927, p. 354).
Prononc.: [syʀnaty:ʀ]. Étymol. et Hist. 1865 (Barbeyd’Aurevilly, Théâtre contemporain, 5 sept., p. 330 ds Quem. DDL t. 10). De nature*; préf. sur-*.
En savoir plus sur ce mot : https://www.lalanguefrancaise.com/dictionnaire/definition/surnature#0
Surnaturel (christianisme)
Dans le christianisme, le surnaturel, également appelé ordre surnaturel, est un concept de la théologie chrétienne, étudié entre autres par Henri de Lubac et, dans la lignée du thomisme, par Jean-Pierre Torrell.
L’ordre surnaturel (théologie)
« L’Ordre chrétien c’est l’ordre naturel de la création blessé par le péché originel mais restauré par l’ordre surnaturel apporté par le Christ et son Église ». Après le péché originel, l’humanité reste blessée mais en s’incarnant, Jésus-Christ (le Verbe incarné, Seconde Personne de la Sainte Trinité) vient inaugurer une autre ordre, un Ordre surnaturel ou Ordre de la grâce rétablissant l’amitié de l’homme avec Dieu, la charité ou Amour de Dieu : Dieu se réconcilie avec l’humanité. Cette ère est inaugurée par l’Annonciation : l’ange Gabriel portant l’annonce à la Vierge Marie : le monde angélique ou monde des anges fait partie de l’ordre surnaturel.
Définition : C’est ce qui dépasse les forces et les conditions de toutes les natures créées possibles. L’union avec Dieu a pour effet de perfectionner et d’élever excellemment « au-dessus » de sa nature, les facultés de la nature raisonnable, en la béatifiant, union commencée dès ici bas par les dons de la grâce. « J’appelle surnaturel ce que nous ne pouvons acquérir par nous-mêmes, quelque soin et quelque diligence que nous y apportions. À cet égard tout ce que nous pouvons faire, c’est de nous y disposer », Thérèse d’Avila.
- Saint Thomas d’Aquin est le théologien qui a établi le mieux la distinction, aussi bien que la relation, entre la nature et l’ordre surnaturel.
- Blaise Pascal appelle l’Ordre surnaturel le Troisième ordre, celui de la Charité.
- Josemaría Escrivá de Balaguer propose de rajouter au travail un motif surnaturel : « Le travail est ainsi élevé à l’ordre de la grâce, il est sanctifié, devient œuvre de Dieu, operatio Dei, opus Dei ».
En savoir plus : https://fr.wikipedia.org/wiki/Surnaturel_(christianisme)

Résumé
La théologie du surnaturel du jésuite Henri de Lubac repose sur la réinvention des notions de finalité et d’esprit, croisant les approches philosophique et théologique. Elle met au jour une loi de finalité et une loi d’incarnation qui structurent le réel, ouvrant sur une théologie de la création. ©Electre 2022
Lire la Quatrième de couverture
C’est en s’appuyant sur un article de 1934, texte qui se situe au début de la carrière académique d’Henri de Lubac, que Brigitte Cholvy décrypte le geste théologique, et pas seulement d’histoire des doctrines, que fait Lubac autour de la question du surnaturel. Le jésuite procède à ce qu’il nomme lui-même des réinventions de la finalité et de l’esprit, ce qui l’a conduit à déceler une « loi de finalité » et une « loi d’incarnation » présentes dans toute la création et à ainsi profondément renouveler la théologie du surnaturel, en distinguant la notion de surnaturel de celle de grâce et en définissant le surnaturel comme la trace (impression) de l’orientation (élan) vers Dieu de tout le créé.
Ces renouvellements théologiques, qu’ils portent sur la création ou sur l’eschatologie, ont marqué la théologie du XXe siècle, y compris par les controverses auxquels ils ont donné lieu. Ils ont surtout soutenu les orientations théologiques du Concile Vatican II. Cinquante ans plus tard et dans un autre contexte anthropologique, il est intéressant de revenir aux arguments et motifs qui ont bousculé la théologie catholique du début du XXe siècle, bloquée dans la crise moderniste.
Pour penser en post-modernité l’élan ontologique de tout le créé vers Dieu, les travaux historiques et les propositions théologiques du Cardinal Henri de Lubac peuvent nous être utiles, voire même nécessaires.
Voir aussi :