
MOIS DE MAI
MOIS DES FLEURS
MOIS DE MARIE
Oui, car Marie est appelée dans la liturgie «Lys des Vallées», «Rose mystique».
Et un rosier n’a-t-il pas fleuri à la grotte de Lourdes ?
Les Pères cisterciens ont tellement aimé et vénéré Marie qu’ils l’ont dotée de noms qui nous charment toujours : «La plus belle des roses», «La Fleur des fleurs», «Beauté champêtre», «Nard odoriférant», «Rose épanouie».
Alors, écoutons Adam, Abbé de l’Abbaye de Perseigne (+1221), nous dire comment regarder cette belle fleur.

Regardez Marie: c’est pour nous qu’elle a enfanté !
Toute notre confiance, très cher ami, réside dans la maternité de notre Vierge; et tout indigne que j’en suis, je ne cesserai pas de m’appliquer à sa louange.
Si vous avez besoin de miséricorde, en voici dans les entrailles de la Vierge une abondante provision.
Si vous poursuivez la vérité, rendez grâce à la Vierge, car la vérité que vous adorez est née du sol d’une chair virginale.
Si vous êtes chercheur de paix, remerciez la Vierge, parce que d’elle naît pour vous la paix qui dépasse tout sentiment.
Êtes-vous en quête de justice, prenez garde d’être ingrat envers la Vierge que, du ciel, la justice a regardée par la médiation de ses entrailles.
Si la poussée de l’ennemi a ébranlé votre foi, regardez la Vierge; et ce qui était vacillant devient d’une stabilité inébranlable.
Si vous ressentez les attraits de la concupiscence de la chair, regardez la Vierge, et votre chasteté cesse d’être en péril.
Si l’orgueil enfle votre esprit, tournez vers la Vierge votre attention, et par le mérite de l’humilité de la Vierge se dégonflera l’enflure de votre esprit.
Si vous êtes enflammé par les torches de la colère, levez les yeux vers la Vierge, et sa sérénité vous donnera la douceur.
Si l’ignorance ou l’erreur vous a détourné du chemin de la vie, regardez vers la Vierge, l’étoile de la mer, et dans sa lumière vous serez ramené au sentier de la vérité.
Si le vice de l’avarice vous a imposé son culte idolâtrique, rappelez- vous la munificence de la Vierge, et avec l’amour de la pauvreté vous viendra la bonté qui rend généreux.
Tout péril trouve secours dans la bonté de la Vierge, et elle est puissante dans son secours.
Rendez grâces à sa maternité: c’est de sa plénitude qu’a découlé tout l’ensemble des faveurs divines.
C’est pour nous que la Vierge a enfanté, nôtre est sa maternité; c’est pour nous qu’un enfant est né, à nous qu’un fils a été donné.
Extrait Lettres, IIIème
https://abbayenotredamedelapaix.fr/2013/04/26/mois-de-mai-mois-de-marie-2/
Mois de mai, mois de Marie : une coutume récente ?

Depuis quand dit-on que le mois de mai est dédié à l’intercession de la Vierge Marie ? Le père Renaud Saliba, recteur du sanctuaire de Pontmain lieu d’une apparition mariale datant de 1871 dans le diocèse de Laval, nous apporte quelques explications sur le sens de la période particulière qu’est le mois de Marie.
La Vierge et la fée

Le Moyen Âge christianise la reine de mai sous les traits de la Vierge Marie. Le mois de mai deviendra ainsi le mois de Marie comme pour disqualifier l’antique déesse-mère au profit du christianisme. Pour comprendre le mécanisme de cette transformation, le témoignage des noms peut être d’un grand secours.
Au XIIIe siècles, Gervais de Tilbury, dans ses Récréation impériales (otia imperiala), fait allusion aux croyances selon lesquelles des êtres sauvages hantent certaines contrées : « Bin des hommes affirment, s’appuyant sur leur expérience propre ou sur celle de témoins dignes de la plus grande foi, qu’ils ont vu des Sylvains et des Pans nommés aussi incubes ou, par les Gaulois, dusii. » Il précise en outre que ces démons aériens peuvent s’accoupler avec des humains. On aura retenu le nom de dusii appliqué à ces incubes. Or, en Alsace, la Vierge est honorée au lieu-dit de Dusenbach depuis les XIIIe siècle. Il est difficile de ne pas rapprocher ce nom de Dusbenbach du dusii gaulois dont parle Gervais de Tilbury. Dusenbach pourrait ainsi se lire comme le « ruisseau (Bach en allemand) des incubes » autrement dit des « fées ». Une légende est associée à la fondation de ce culte marial en Alsace. Son caractère pseudo-historique ne parvient pas à faire oublier le mythe païen qu’elle recouvre. Révolté contre l’empereur Adolphe de Nassau, Anselme de Colmar est emprisonné en Souabe. Il promet d’ériger une chapelle à la Vierge si celle-ci lui procurer sa délivrance. Le jour de la Purification (2 février), il est effectivement libéré mais oublier sa dette de reconnaissance envers la Vierge. Il s’adonne à une vie de plaisirs et de divertissements. Un jour qu’il poursuivait un cerf à la chasse, l’animal se jeta dans un un abîme et Anselme ne put retenir son cheval qui vint s’abattre lui aussi dans le gouffre; pourtant le seigneur ne se fit aucun mal en tombant. Le site s’appelle encoure aujourd’hui Saut du cerf . Anselme attribua son salut à la Vierge et se souvint du voeu qu’il avait formulé. Il fit aussi construire la chapelle promise à la Vierge.
On ne compte pas les pèlerinages qui sont organisés en l’honneur de la Vierge durant le mois de Mai plus particulièrement. Ces lieux où l’on vénère la Vierge se trouvent bien souvent à proximité de fontaines d’abres ou de pierres hantés par l’antique présence des fées ou des divinités de l’Autre Monde.

En Bretagne, le site mégalithique de Lockmariaker a été consacré à la Vierge Marie, comme pour exorciser la présence des anciennes divinités celtiques. Au XVe siècle encore, les fées n’ont pas été totalement éliminées de certaines contrées. Lors du procès de Jeanne d’Arc, il est rapporté que le curé de Domrémy allait chanter l’évangile près de « l’arbre des fées » ou « arbre des dames ». Ces Dames sont la désignation courante des fées dans le folklore ainsi qu’en témoigne ça et là un « Chemin des Dames » par exemple. Les dames devaient progressivement laisser la place à Notre-Dame qui, si l’on en croit la tradition littéraire des Miracles de Notre Dame, accomplit des merveilles encore plus exceptionnelle que celles des fées.

C’est ainsi qu’en ville d’Arras, Notre-Dame guérit le « mal des ardents » grâce la Sainte Chandelle, un cierge miraculeux qu’elle offrit à deux trouvères.

La légende qui accrédite le pèlerinage et le culte de Notre-Dame des Ardents est rigoureusement datée. Dans la même nuit du 24 ou 25 mai 1105, deux trouvères arrageois eurent la même vision bien qu’ils se trouvassent éloignés l’un de l’autre. Une femme vêtue de blanc leur apparut et dit : « lève-toi, mon fils, va trouver l’évêque Lambert, qui gouverne l’église d’Arras; cent quarante-quatre malades y endurent de mortelles souffrances. Tu lui commanderas de veiller dans la l’église la nuit de samedi à dimanche. Au premier chant du coq, une femme, vêtue comme je le suis, descendra du haut du choeur de l’église, tenant en main un cierge qu’elle vous remettra. Après l’avoir reçu et allumé, vous en ferez goutter la cire dans des vases pleins d’eau, que vous donnerez à boire aux malades, et ils seront guéris. » Dès lors, ce miracle de la Vierge fut commémoré tous les ans du mois mai et justifia la fondation d’une d’une confrérie : La Charité de Notre-Dame des Ardents. On notera que ce lien privilégié entre la Vierge et le cierge se retrouve à d’autres dates clés du calendrier : la Chandeleur du 2 février ou l’Assomption du 15 août. A travers l’image des cierges, le mythe païen affleure de manière aussi évidente comme pour rappeler la présence de la déesse-mère dans les rites et les mythes de la lumière.
Source : Mythologie chrétienne. Philippe Walter
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