Mai, la fête de Beltaine

Dans le calendrier celtique, le premier mai était le début de l’été, moment ou l’année entrait dans sa phase estivale. C’était la fête de Beltaine. On célébrait le triomphe de l’été lumineux, sur l’hiver nocturne, qui avait commencé à la date diamétralement opposée du 1er novembre, début de la période hivernale. Le premier mai est donc une césure fondamentale marquée par la fête de Beltaine. C’est une fête de transition de la moitié hivernale de l’année à sa moitié estivale. Les plantes sont en pleine montée de la sève. Les arbres sont à nouveau feuillus. L’observateur de la nature peut se sentir en union mystique avec l’environnement. Du 1er mai à la fin juillet, c’est à dire de Beltaine à Lugnasad, la fête du dieu Lug, dieu de lumière, célébrée le 1er août, les fêtes visaient à protéger le fragile équilibre entre la pluie et la sécheresse, car, à cette époque de l’année, la maturation des cultures reste tributaire des imprévisibles retournements de la saison. Les cérémonies du premier mai célébraient le passage vers la saison de l’épanouissement et de la végétation et de la floraison des plantes. Dans le monde celtique, mai est le mois de la « Vrya », la déesse de la floraison. Dans la nuit du 30 avril au 1er mai et dans la journée de ce premier jour de l’été celtique, avaient lieu de grandes assemblées druidiques, on allumait des feux, les feux de Bel ou Belenos, l’Apollon celtique, c’était une fête de la lumière, une sorte de Pentecôte celtique communautaire très importante. Beltaine était une fête du feu célébrant le retour de la lumière et sacralisant la végétation. On allumait des feux de joie au sommet des collines et des feux purificateurs pour protéger le bétail des maladies estivales. C’était, après l’enfermement hivernal, la reprise des activités diurnes et le 1er mai celtique avait déjà certains aspects de la fête du travail. Les druides faisaient des offrandes de bière, de choux et de lait, symboles de fermentation et de naissance. Beltaine était aussi une fête pastorale célébrant le départ des troupeaux vers les pâturages. Les druides allumaient des feux et on faisait passer les bêtes à travers la fumée pour les prémunir contre les fièvres estivales. Les hommes sacrifiaient les premiers nés de leurs bétail à Bélénos. Beltaine était aussi une fête de fondation. On célébrait l’installation des Tuhata de Danan sur les terres d’Irlande, et l’allumage du premier feu à Uisnech par les dieux fondateurs de l’Irlande.

Les célébrations traditionnelles du mois de mai

Danse du Mât de Mai (MayPole), église de Bishopstone, Sussex, Grande-Bretagne. https://fr.wikipedia.org/wiki/Arbre_de_mai

[…] Les célébrations traditionnelles du mois de mai sont l’occasion de divertissements collectifs qui exaltent la résurrection végétale et la régénération des forces vitales. Ces célébrations donnent lieu à une utilisation symbolique des jeunes rameaux, aux cultes des sources et de l’eau vive et pure de la fonte des neiges hivernales, idée que l’on retrouve de nos jours dans la publicité. La veillée de mai se nomme « May Eve »dans le monde anglo-saxon. Pendant cette veillée on allume de grands feux. Les jeunes gens sautaient à travers la fumée pour se purifier et pour amener la fertilité. La hauteur des sauts était censée être un présage de la hauteur que les plantes textiles (lin et chanvre) allaient atteindre. L’arbre est particulièrement fêté sous la forme de l’arbre de Mai (may pole) qui célèbre la régénération cosmique. Couronné de fleurs et apparenté à l’arbre de vie, il constitue un « axis mundi », symbole d’élévation et d’ascension sacrée. Pendant la nuit de Beltaine, les jeunes célibataires coupaient un arbre choisi à l’avance, le plus souvent un bouleau. Ils l’élaguaient presque complètement et le dressaient sur la place du village, décoré de rubans multicolores et de fleurs. Cet arbre est la représentation vivante de l’axe cosmique autour duquel gravite le cercle du clan. Il transmet ses forces à la communauté à travers les danses, les chants rituels et des bruits destinés à chasser les mauvais esprits de l’hiver. Entre la terre et les cieux, l’arbre est un médiateur universel entre l’homme et les forces célestes d’une part et d’autre part entre les vivants et les morts. La verticalité de l’arbre exprime à la fois le souhait de voir grandir la végétation, et celui de parvenir à une élévation mystique. Dans la journée du premier mai, les festivités consistaient à danser autour du mât en tenant des rubans, ce qui constitue le rituel le plus universel de la fête de mai puisqu’il se pratique de l’Inde à l’Irlande et s’est répandu aux anciennes colonies espagnoles d’Amérique. Le lendemain, le mât était brûlé, les cendres étaient dispersées dans les champs, pour favoriser, protéger et accroitre les récoltes. Des cendres étaient conservées jusqu’au printemps suivant. En Angleterre, le « maypole » fut interdit en 1644 par les Puritains, car les coutumes de mai étaient entachées de paganisme. Lors de la Révolution française, l’arbre de mai est devenu l’arbre de la liberté, symbole de la régénération des français, il était orné de rubans tricolores, d’instruments de travail et d’un bonnet phrygien au sommet.

Jean-Louis Ragot

John Maler Collier (1850 – 1934)
Titre : Le mai de la Reine Guenièvre

Une autre coutume est l’élection de la reine de mai, à la suite affrontements symboliques entre un groupe représentant l’été et un groupe représentant l’hiver. Lors de ce combat, qui avait lieu le matin du premier mai, un héros solaire délivrait une jeune fille prisonnière des forces hivernales, représentées par un serpent ou un dragon. Le héros de mai couronne une reine de mai qui représente une héroïne printanière délivrée des puissances de l’hiver Souvent les combats ont été oubliés et il ne subsiste plus que le couronnement de la reine. Elle était menée en procession sur une chaise à porteurs, accompagnée d’un cortège de petites filles portant des couronnes de fleurs, tandis que les garçons quêtaient des œufs et des friandises. Les cérémonies de mai se terminaient par cette quête. Les groupes qui parcourent le village avec des branchages et des fleurs personnifient la végétation et recueillent des dons dans chaque maison, des œufs, des fruits secs, ceux qui refusent de donner sont menacés de mauvaises récoltes. Dans la mentalité traditionnelle, on pensait que la collectivité humaine devait participer activement au renouveau de la végétation, un renouveau cosmique qui impliquait tant les humains que les végétaux. Il existe aussi la tradition du « feuillu » ou « fou de mai ». Couvert de branchages, il représente l’esprit de la croissance de la végétation. Souvent, il asperge l’assistance avec l’eau d’une fontaine décorée de fleurs et de rubans. Ce rituel est censé favoriser une bonne santé, la fécondité et la fertilité. Le personnage du feuillu incarne la force de la végétation.

Jean-Louis Ragot

Bénédiction du feu

Entre autres rituels, on mettait des tisons de jonc et de bruyère séchés dans les flammes rugissantes, et les faisaient tourner autour de la tête, imitant le cercle du soleil….

Tous célébraient le pouvoir du feu sacré, pour purifier l’air des démons et des maladies, du tonnerre et de l’éclair, et tout ce qui pouvait nuire à leurs yeux pour l’enfant non né de la récolte de l’année.

***
Le nom Beltaine vient du celtique « Feu de Bel » (Bel est le Dieu celtique de la lumière) qui décrit la coutume de faire passer le bétail entre deux feux pour sa purification/ nettoyage et sa bénédiction.


http://racines.traditions.free.fr/fet2prin/beltende.pdf

Bénédiction de l’eau

La belle fille qui, le premier mai,

Va dans les champs à l’aube de la journée,

Et se lave à la rosée de l’aubépine,

Sera après cela, à jamais très jolie.

Les jeunes filles qui allaient avant l’aube se laver dans la rosée, obtenaient un joli teint, selon la vielle coutume, mais pour les anciens Celtes la rosée de Mai avait d’autres effets puissants, que les soins de beauté. La rosée était considérée comme pourvue de propriétés magiques, vitalisantes, qui rendaient les champs fertiles.

La magie de la rosée fit partie des tradition populaires pendant des siècles. Marcher dans la rosée de mai prévenait les plaies au pied. Les hommes qui se lavaient les mains dans la rosée, devenaient habiles à faire des noeuds et des filets. En Ecosse, les mères enveloppaient leurs enfants malades dans des étoffes trempées dans la rosée, pour qu’ils bénéficient de son effet curatif. La rosée collectée dans les corolles de fleurs d’aubépine ou dans le tronc des arbres, était spécialement efficace, car l’aubépine est l’arbre sacré de mai.

Un très grand nombre de coutumes du Premier Mai consistaient à asperger les gens d’eau des sources et bassins sacrés, et autres étendues d’eau. Cela se passait souvent au cours des processions rituelles.

A Beltaine, il importait d’être « sained » par l’eau et le feu. L’élément feu appartient au royaume du Ciel, le Monde Supérieur, car il représente le soleil; il est allumé avec du bois des arbres sacrés, et son énergie s’élève. L’eau appartient au royaume de la mer, l’Inframonde, car elle demeure dans les profondeurs de la Terre, et son énergie se meut vers le bas. Ces deux éléments sont associés avec le « sam » et le « gam » de la cosmologie celtique, et au commencement de l’été, leur pouvoir s’unit dans un mariage divin qui a pour fruit la fertilité de tous les êtres vivants sur terre, le royaume du « milieu ».

Les trois divinations les plus puissantes sont par le feu, par l’eau et par la glaise.

Ce sont les trois grands pouvoirs :

le pouvoir qui monte, qui est le feu;

le pouvoir qui tombe, qui est l’eau;

et le pouvoir qui reste horizontal sur la terre,

et a le mystère des morts, qui est glaise.

TRIADE IRLANDAISE

Mara Freeman

Voir aussi :

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s