
Lugnasad
Dans le festiaire, le calendrier et la Mythologie celtique irlandaise, écossais et l’île de Man (Gaëls), Lugnásad (en irlandais moderne Lúnasa, qui est le nom du mois d’août) est une fête religieuse dont le nom signifie « assemblée de Lug », l’une des principales divinités des peuples celtiques (paganisme et néopaganisme). Elle a lieu au début du mois d’Elembivios du calendrier de Coligny, approximativement vers le 1er août du calendrier grégorien, ou à mi-chemin entre le solstice d’été et l’équinoxe d’automne, pendant la période des récoltes. Cette fête est, sous certains aspects, comparable à lammas.
Les fêtes gaélique (de mi-saison) ont une dimension agraire. Samain est à bien des égards une fête d’automne, Imbolg une sortie de l’hiver, Beltaine une fête de printemps et Lugnásad une fête d’été (fête de la récolte). Il s’agit de périodes sur la roue de l’année.
L’équivalent ancien-celtique continental ou « gaulois » est le Concilium Galliarum : l’« assemblée des Gaules ».
En savoir plus : https://fr.wikipedia.org/wiki/Lugnasad
Le 1er août, ancienne fête du dieu lieur
« Je te donnerai les clefs du royaume des cieux : ce que tu lieras sur la terre sera lié dans les cieux, et ce que tu délieras sur la terre sera délié dans les cieux. » Matthieu 16:19
Dans le cérémonial annuel celtique, Lugnasad était une fête dont le nom signifie « Assemblée de Lug. » Lug est le dieu-roi qui représente la Souveraineté et l’Homme primordial. Elle avait lieu le 1er Août de notre calendrier et correspondait à la période des récoltes. Lugnasad était la fête du roi dans sa fonction de distributeur de richesses et d’équité. Elle donnait lieu à une trêve militaire pour célébrer la paix, l’amitié, l’abondance et la prospérité du royaume. Fête obligatoire, elle réunissait les trois castes (sacerdotale, guerrière et artisanale) de la société, donnait lieu à des foires, des mariages et était l’occasion d’entendre des poètes et des musiciens. Lugnasad était aussi une occasion de régler les contentieux. Il y avait aussi des jeux et des courses, similaires aux Olympiades grecques, en l’honneur de la Mère de Lug. Ce serait le dieu Lug en personne qui fut le promoteur de la fête en l’honneur de sa nourricière, la déesse Tailtiu qui représentait la Terre-Mère en Irlande. Pour célébrer cette fête, les richesses, matérielles, physiques et artistiques devaient être exposées. On faisait aussi des concours d’éloquence, tout en évitant les querelles. Il fallait faire preuve d’amitié et d’honnêteté. Lugnasad était une fête obligatoire sous peine de vieillissement prématuré. A la fois divine et royale Lugnasad fêtait la paix et l’abondance. Les druides y faisaient des concours d’éloquence et de science, à côté des guerriers sans armes et du peuple des agriculteurs, respecté pour sa fonction utile au bien-être de chacun. Ainsi était assurée la coopération des trois castes de la société médiévale. Cette fête en l’honneur de la Terre-Mère (sans son aspect de fertilité dont le roi est le garant), honorait la souveraineté de son fils Lug, un des Dieux les plus importants du panthéon celtique gaulois. Elle se célébrait dans un lieu sacré. Les jeux duraient environ une semaine, l’amitié, la paix, l’abondance matérielle et la pureté morale devaient régner (il était interdit de se moquer d’autrui). Chacun montrait ses compétences dans son domaine. Le roi récompensait chacun selon son art. Le festin avait pour but de célébrer les récoltes. Fête de la royauté, les druides y participaient sans cérémonie religieuse. Lug, considéré comme le roi des Dieux, était l’archétype du bon roi.
Avec la christianisation, la fête de Lug devient celle de Saint-Pierre-Aux-Liens. De profondes analogies symboliques nous prouvent que les trésors de l’ancien temps ont été préservés. L’essentiel a survécu jusqu’à la révolution industrielle et l’exode rural, la mort de nos campagnes et de nos traditions pagano-chrétiennes. D’après la Légende Dorée, Hérode Agrippa, roi des Juifs, fit emprisonner saint Pierre. La nuit même qui précédait le jour marqué pour l’exécution, Pierre dormait paisiblement au milieu de ses gardes, quand tout à coup la prison fut éclairée d’une lumière céleste. Un Ange apparut, le réveilla et lui dit de se lever et de le suivre. Au même instant les liens tombent de ses mains. Cette fête qui commémorait la délivrance de saint Pierre était l’occasion de prier pour demander d’être délivré des liens spirituels du péché ou de la possession. Voici ce qui nous relie à l’ancienne fête celtique : Lug, le grand dieu des Celtes est un dieu aux liens, un dieu lieur et psychopompe, d’autant plus qu’il est un musicien, il joue de la lyre. Il maîtrise donc les « cordes vibratoires », les liens psychiques. Saint Pierre délivre de la fièvre, en particulier de la rage. Il met en fuite les chiens enragés de Simon le magicien et il apparait à saint Hubert pour lui remettre la clé qui guérit de ce mal.
Dans une nécropole découverte à Vasseny dans l’Aisne, a été découverte une pendeloque représentant du dieu lié, et une légende irlandaise atteste que l’enchaînement du dieu est dû à l’usage de la harpe. « Surdoué » du panthéon celtique, du fait de sa beauté et ses nombreux arts, Lug ne devait pas participer à la bataille mythique de Mag Tured, car on craignait sa perte prématurée. Alors on organisa un festin fort arrosé de bière et avec beaucoup de musique, des harpes, des cornemuses, et surtout un musicien-enchanteur joua de sa harpe à neuf cordes. Quand Lug sombra dans l’ivresse, il s’endormit au son de cette musique calme et hypnotique. Ses compagnons le lièrent avec des chaines d’un métal aux reflets bleus et l’attachèrent à deux colonnes par ses deux côtés. Ainsi Lug fut écarté de la bataille qu’il était le mieux à même de conduire. Mais l’éclat de l’affrontement estompa l’effet de la lyre hypnotique et le dieu se réveilla en grande fureur. Il secoua si fort les deux piliers qu’il les arracha du sol et les traîna au bout de ses chaînes avec au tel fracas que le combat s’interrompit.
La lyre et les chaînes sont un doublon symbolique exprimant une affinité du dieu Lug avec toutes sortes de liens. Cela constitue un des traits majeurs de son identité. Lug est du dieu polytechnicien, il maîtrise de nombreux arts, en particulier celui de la cordonnerie. La fabrication de cordons a pour corollaire symbolique les cordes de la harpe. Lug, dieu lieur, patronne les contrats, les serments et les assemblées, donc toutes sortes de liens sociaux qu’il resserre. Sa fête, placée au 1er août (ou à la pleine lune de ce mois), se nomme Lugnasad, « l’Assemblée de Lug ». En ce jour avaient lieu des mariages et des fiançailles. L’anneau, l’alliance, la bague des fiancées sont aussi un symbolisme attenant à Lug qui devient en quelque sorte un « seigneur des anneaux » qui servent à marquer un lien, nuptial ou pastoral, et donc à attacher. Jusqu’au XXe siècle, le nouage des végétaux était un rite en relation avec un dieu lieur. Poète et magicien, Lug connait les incantations magiques qui lient ses adversaires. Il les noue, les paralyse.
Saint Pierre est le fondateur de l’Église romaine et le premier pontife (celui qui est à la fois prêtre et roi). Il est le premier porteur de l’anneau papal, l’ »anneau du pécheur » que l’on brise à la mort du pape. Un autre attribut de saint Pierre sont les clés. Elles ouvrent et ferment les portes du ciel et de la terre. Elles représentent aussi le pouvoir de lier et de délier confié par Jésus-Christ à ses apôtres. Entravé par les ennemis de la foi, il est délivré par un ange. Cet épisode de la vie de saint Pierre, un point fort de sa légende, comme la Conversion de Saint Paul ou la Décollation de Saint Jean-Baptiste, donne lieu à une fête particulière : la Saint-Pierre-aux-Liens. On vénère les chaînes qu’il porta dans sa prison. Cette fête à été placée le 1er août, date des festivités du dieu Lug, ce qui confirme l’apôtre dans son rôle de lieur et de délieur.
L’analogie des symboles va plus loin puisqu’elle nous mène aux portes de la Perse et de l’Inde : Varuna est l’un des dieux les plus importants védisme pré-hindouiste. Divinité suprême, gardien de l’ordre du monde, il est le dieu des lois et des châtiments, le maître du cosmos. Ce dieu omniscient et omnipotent, est le roi du panthéon védique. Il est le maître du rite, la garantie du maintien de l’ordre de l’univers. Ce dieu aux colères redoutables est parfois représenté portant une sorte de lasso en peau de serpent. Dieu de la mort, il peut accorder l’immortalité. Sous son nom de Mithra, Varuna est le dieu des contrats et de l’amitié entre les hommes. Varuna est aussi le régent royaume de l’eau que traversent les âmes défuntes sur la Voie de la Délivrance après sa mort. Dieu des océans et des rivières, et le gardien des âmes des noyés. Varuna est aussi le dieu des liens, des collets… ; tout ce qui est « lié » lui appartient. Le lacet de Varuna lui permet d’enchaîner, de lier et de punir les coupables. Maître des cordes et des nœuds, il lie ou délie, il ouvre et ferme. Varuna, dieu lieur, il lie le pécheur dans ses lacs funestes de maladie et de mort), et il lave le repenti grâce aux eaux lustrales dont il est le Seigneur. Il est aussi la faveur des dieux et il incarne tous les liens qui unissent les hommes aux dieux.
Fête du 1er août : Lammas (messe du pain)

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