
Décembre
Notre culture la plus traditionnelle tient à la fois du paganisme et du catholicisme qui se complètent dans les fêtes du calendrier.
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Février
La Chandeleur ou Chandelours
Jean-Louis Ragot
Renaissant au solstice d’hiver, le petit soleil de gloire manifeste sa jeune puissance à une époque de l’hiver souvent marquée, quand les saisons fonctionnent normalement, par un redoux assez vigoureux pour faire fleurir les amandiers. C’est cette première manifestation de la lumière en février qui est célébrée à la Chandeleur. Dans les sociétés traditionnelles les hommes sont étroitement liés aux cycles de la nature. La fête tourne autour de l’inévitable interrelation de la vie humaine avec le cours universel de la nature et de la culture du blé, interrelation dont quelques marques festives ont survécu à l’industrialisation. Celles de notre époque continuent d’être le fil conducteur de notre calendrier. Quarante jours après Noël, c’est la première date possible du Mardi-Gras, qui est une fête mobile dépendant des phases de la lune. Chandeleur vient du latin festa candelarum, fête des chandelles. La Chandeleur fut d’abord une fête païenne célébrant le retour de la lumière solaire, puis une fête chrétienne, celle de la Présentation au temple de l’enfant solaire né au solstice d’hiver. La loi juive considérait que les femmes relevant de couches étaient impures et leur imposait aux d’aller au temple pour être purifiées et pour présenter leur enfant. La Sainte Vierge obéit à cette loi quarante jours après la naissance de Jésus-Christ. Cette fête de lumière, marquée par la procession aux chandelles, qui autrefois étaient vertes, commémore donc la première manifestation publique de Jésus-Christ. Entre sainte Brigitte et sainte Agathe, au 2 février, la Présentation de Jésus au temple offre les symboles d’une autre renaissance. Né le 25 décembre, Jésus ne reste dans son berceau que jusqu’au 2 février, date à laquelle on range la crèche. Ce fait était marqué par l’offrande de petits gâteaux allongés en forme de navette représentant le berceau du petit Jésus (ou une vulve). Dans les Évangiles, il naît alors officiellement comme dieu. Un 2 février, saint Bernard priait devant une statue de la Madone allaitant l’Enfant. Au moment où il prononçait ces mots : Monstra te esse matrem, la statue s’anima et la Vierge pressant son sein, fit jaillir quelques gouttes de lait sur les lèvres de son adorateur. La liturgie catholique de la Chandeleur se caractérise par les chandelles allumées que portent les assistants au cours d’un rituel qui avait pour but de supplanter les cérémonies païennes qui célébraient la nouvelle croissance des jours. En effet, les femmes romaines célébraient chaque année, au début de février, une fête des lumières célébrant le mythe de l’enlèvement de Proserpine par Pluton. La mère de la jeune déesse, Cérès, cherche sa fille en parcourant la nuit avec une torche. Les Romains utilisaient déjà des torches et des cierges allumés pour célébrer Pluton afin d’obtenir sa faveur à l’égard des âmes des morts. De plus, tous les cinq ans, au début de février, ils honoraient la déesse Februa en illuminant la ville avec des cierges et des torches. Porté en procession lors de la fête de la Chandeleur le cierge bénit, héritier des torches purificatrices que les romains apportaient au temple, était conservé toute l’année car on lui prêtait de nombreuses vertus. On l’allumait quand un habitant du foyer était mourant. Quand l’orage menaçait, la maîtresse de maison l’allumait pour que le foyer soit protégé de la foudre. Dans le catholicisme populaire la croyance a persisté, et il faut toujours avoir chez soi un cierge béni le jour de la Chandeleur pour les mêmes raisons. Les crêpes de la Chandeleur sont l’occasion d’un grand moment convivial. D’aucuns pensent que c’est un symbole solaire célébrant la première manifestation de Jésus-Soleil, quarante jours après le solstice d’hiver. Mais je pense plutôt, à l’instar du folkloriste Claude Gaignebet, que la symbolique est on ne peut plus lunaire. En effet, une crêpe, c’est jaune blafard avec des cratères. De plus, la Chandeleur est la première date possible de Mardi-Gras qui a lieu toujours pendant une nouvelle lune. Dès le début du printemps (à la date celtique du 1er février), notre calendrier, habituellement solaire, devient lunaire, d’où la variabilité de la date de Pâques-Ostara qui tombe à la pleine lune suivant l’équinoxe de printemps. Cela est dû au fait que cette saison des éclosions est placée sous la protection maternelle des divinités féminines (la Vierge Marie les continue toutes pour celui qui veut bien le voir). Autrefois, dans les Pyrénées, on conservait une crêpe, dans du papier au sommet d’une armoire, pour obtenir la prospérité pendant le reste de l’année. Dans beaucoup de villages, la tradition a persisté à la Chandeleur d’amener à l’église les enfants nés dans l’année
.Jean-Louis Ragot
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