Une femme tient fermement de sa main droite une lourde balance. De sa main gauche elle maintient le manche vertical. Alors, la fine aiguille du fléau qui se tient au milieu de la fourche du manche nous indique que les masses pesées sont égales.
Dans la balance les contraires doivent se conjuguer, et non se combattre. Ainsi en ce début d’automne le poids de l’extérieur commence à laisser naturellement la place à des occupations plus intérieures, tant matérielles qu’en esprit.

Le travail des champs associé est la vendange et le pressage des grappes de raisin. L’homme foule aux pieds dans une cuve les raisins que les cueilleurs viennent de verser. Un robinet, au pied de la cuve, laisse passer le jus de raisin qui ira fermenter dans des tonneaux. La forme matérielle est abandonnée, seule la partie liquide, prélude aux signes des poissons et du verseau, porte une valeur. Encore faudra-t-il que cette forme liquide soit détruite pour pouvoir se transformer en une forme plus noble que la précédente, du vin. Mais là, c’est le travail du scorpion, signe d’eau, signe de mort.
Le signe de la Balance , astrologie sacrée et symbolisme initiatique

La polarité : Masculine.
L’hémisphère : Expression de ses valeurs transpersonnelles.
L’Élément : Air.
La qualité : Cardinale.
Le transit solaire : Le signe de la Balance est parcouru par le soleil du 23 septembre au 24 octobre.
Le symbole : Une balance
La dimension psychologique : S’ouvrir à l’autre en s’éveillant progressivement aux réalités de l’amour.
La dimension initiatique : Réaliser que le salut provient exclusivement de l’amour.
La chute : Soleil.
L’exil : Mars.
Le domicile : Vénus
L’exaltation : Saturne
La mythologie : Pygmalion.
L’apôtre : Saint Jacques le Majeur.
La pierre : La chrysolithe.
L’essence végétale : La rose (Rosa damascena)
Pygmalion

La mythologie grecque nous rapporte qu’un certain Pygmalion, sculpteur de son métier, n’avait pas réussi à trouver une épouse, aucune n’étant assez belle à ses yeux. Un jour, il décida donc d’en sculpter une, portant une attention particulière à tout ce qui la rendrait parfaite. Il créa donc un véritable chef d’oeuvre dont il tomba éperdument amoureux. Toutefois, malgré son apparente perfection, cette créature de pierre ne pouvait répondre à ses attentes, demeurant froide et figée. Aussi, il supplia la déesse Aphrodite de l’éveiller à la vie. Répondant à son appel, elle vint à lui mais elle lui posa une question inattendue : « une fois éveillée à la vie, cette femme serait-elle amoureuse de son créateur? » Pygmalion ne sut que répondre mais Aphrodite consentit tout de même à lui enseigner comment éveiller cette merveilleuse créature de pierre. Pour se faire, elle lui indiqua qu’il devrait la caresser, lui parler et l’émouvoir dans sa chair, la rendant ainsi désirable et désirante. Pygmalion obéit et la sculpture s’anima. L’ayant épousé, elle devint la mère de Paphos, fondateur de la ville du même nom, consacrée aux amours.
Sur un plan symbolique, le fait que Pygmalion sculpta une femme (aucune femme qu’il côtoyait ne répondant à ses exigences) nous révèle déjà l’un des premiers pièges dans lequel l’aspirant peut sombrer lorsqu’il s’ouvre à l’amour. En effet, il n’eut aucune considération pour l’autre, cherchant plutôt à rencontrer une incarnation de ses propres désirs. L’être ainsi convoité était donc une projection extérieure de ses propres attentes, n’existant pas vraiment en tant que tel. Or c’est là le premier piège de l’ego qui, exclusivement centré sur lui-même, ne supporte pas l’autre dans sa différence.
Toutefois la sculpture demeure froide est ceci est fort intéressant. En effet, cet épisode nous rappelle que l’image parfaite forgée par l’habile sculpteur était toujours déconnectée du monde réel. Or c’est précisément un autre piège associé à ce signe consistant à idéaliser son rapport à l’autre au risque de sombrer dans une douce illusion. Enfin, ce passage met en exergue le fait que Pygmalion s’est exclusivement attaché à une apparence, ignorant délibérément toute dimension intérieure. C’est là une autre errance associée à la Balance amenant le natif à développer un intérêt excessif pour l’harmonie extérieure sans prendre conscience que seule la beauté intérieure peut conférer un véritable rayonnement.
Devant ce problème, il alla donc trouver Aphrodite qui était, dans l’antiquité grecque, « la grande éveilleuse ». Mais elle était également la déesse de l’amour et c’est pourquoi elle lui enseigna la nécessité de considérer sa belle créature dans une perspective cardiaque et non seulement sous l’éclairage de ses pulsions égocentriques. Ce faisant, il prit conscience que l’amour est gratuit (ce qu’évoque la question d’Aphrodite « la créature de pierre l’aimera-t-elle? »). Il découvrit également que l’amour ne peut faire l’objet d’une tentative d’appropriation (vouloir aimer l’autre en l’assujettissant à ses propres désirs consistant à le réduire à une simple image illusoire et éphémère, un mirage). Il prit donc conscience que le véritable amour consiste à laisser l’autre s’exprimer dans toute son authenticité, espérant seulement qu’il voudra bien tourner son regard vers lui.
Enfin, la nécessité pour Pygmalion de caresser sa statue pour lui infuser la vie nous illustre la nécessité de valoriser l’autre dans sa dimension concrète et matérielle. Cela signifie également que l’enjeu du signe de la Balance consiste à introduire en l’homme une chaleur véritable initiant en lui le développement d’une force sensuelle qui n’apparaitra vraiment qu’avec le signe du Scorpion.
Saint Jacques le Majeur
La tradition de l’hermétisme chrétien associé saint Jacques le Majeur au signe de la Balance. Or l’évangile selon saint Luc nous rapporte à son propos que le Christ le surnomma « Fils du Tonnerre » (au même titre que son frère Jean) en raison du fait qu’il avait voulu faire descendre un feu justicier (le feu du ciel) sur une cité inhospitalière. En effet, devançant le Christ, des disciples « entrèrent dans un village samaritain pour tout lui préparer. Mais on ne le reçut pas, parce qu’il faisait route vers Jérusalem. Ce que voyant, les disciples Jacques et Jean dirent : « Seigneur, veux-tu que nous ordonnions au feu de descendre du ciel et de les consumer? » Mais, se retournant, il les réprimanda. ». Dans ce récit, saint Jacques incarne donc un sens marqué de la justice (une justice qui, ne s’alliant pas aux valeurs du cœur, devient toutefois vengeresse, suscitant ainsi la réprimande du Christ).
A un autre niveau, Jérusalem est également une image symbolique évoquant le siège de la conscience. En n’accueillant pas le Christ (représentant les forces de l’amour) parce qu’il se dirigeait vers Jérusalem (parce que cet amour va s’incarner au niveau de la conscience et s’exprimer dans le monde d’une manière tangible), les habitants de la cité inhospitalière évoquent donc tous ceux qui demeurent incapables d’effectuer un renversement de conscience leur permettant de découvrir que, sans l’amour, il ne peuvent se sauver eux-même et participer aux réalités divines. En réagissant violemment contre cette attitude, saint Jacques nous révèle à son tour qu’il incarne l’antithèse d’une telle attitude.
Par ailleurs, parce qu’il fut le premier apôtre à verser son sang pour le Christ, il personnifie également l’étape où l’aspirant prend conscience qu’il ne peut atteindre par lui-même sa propre déification. Il doit donc s’offrir librement et authentiquement à l’autre pour s’ouvrir aux forces de l’amour et ainsi participer aux réalités divines.
La chrysolithe

La tradition de l’hermétisme chrétien attribue la chrysolithe au signe de la Balance. Saint Albert le Grand nous la décrit comme une pierre d’un vert pâle et brillant dans laquelle, à la lumière directe du soleil, étincelle une étoile dorée. Or nous savons que le vert est une couleur endothermique et centripète favorisant l’ouverture aux réalités intérieures. Mis en rapport avec la chrysolithe, il s’agit évidemment des dimensions du cœur, des forces de l’amour. Quand à l’étoile dorée qui étincelle à l’intérieur, elle nous rappelle que l’amour est l’expression de l’esprit : l’étoile évoquant les plans célestes et la couleur dorée représentant le rayonnement de l’esprit (l’or est traditionnellement considéré comme une incarnation de la lumière divine).
La rose

La rose (Rosa damascena) est l’une des essences végétales en correspondance avec le signe de la Balance. Or Anacréon nous rapporte qu’elle naquit de l’écume de la mer en même temps qu’Aphrodite. En effet, lorsque les vagues déposèrent la déesse de l’amour sur le rivage, elles y apportèrent aussi les germes des plus belles fleurs : « Parfum pour les dieux, fascination pour les mortels, ornement précieux pour les Grâces à la saison fleurie de l’amour et de la beauté parfaite. D’ailleurs, elle sensibilise la conscience à l’amour et, plus largement encore, à toutes les valeurs nobles du cœur. Aussi, son parfum jouait un rôle d’entremetteur, dans certaines traditions. Il permettait alors d’établir un lien privilégié entre jeunes hommes et jeunes femmes.
Source
Astrologie sacrée et symbolisme initiatique. Charles-Rafaël Payeur. Editions de l’Aigle
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