Fête du Saint Nom de Jésus (2 janvier)

En ces jours là : Pierre, rempli du Saint-Esprit, leur dit : « Chefs du peuple et Anciens, puisqu’on nous interroge aujourd’hui sur un bienfait (accordé) à un infirme, (pour savoir) comment cet homme a été guéri, sachez-le bien, vous tous, et tout le peuple, d’Israël : C’est par le nom de Jésus-Christ de Nazareth, que vous avez crucifié, que Dieu a ressuscité des morts, c’est par lui que cet homme est présent devant vous en pleine santé. C’est lui, la pierre rejetée par vous les constructeurs, qui est devenue tête d’angle. Et le salut n’est en aucun autre, car il n’est sous le ciel aucun autre nom donné parmi les hommes, par lequel nous devions être sauvés. » (Acte des Apôtres, 4,8,-12)

L’élément fondamental de la méthode hésychaste est la prière monologique :  » Seigneur, Jésus-Christ, Fils de Dieu, aie pitié de moi, pécheur !  » Formule qui n’était sans doute pas encore constituée dans son intégralité du temps de Diadoque de Photicé, et qui pourra d’ailleurs être abrégée  » suivant les forces et l’état de celui qui prie  » ; chez certains, elle se réduira même au seul Nom de Jésus.

En savoir plus : https://www.pagesorthodoxes.net/coeur/hesychaste.htm#1

 » Le Nom du Fils de Dieu est grand et sans limites et soutient l’univers entier.  » Ainsi est-il affirmé dans le Pasteur de Hermas, et nous n’apprécierons pas le rôle de la Prière de Jésus dans la spiritualité orthodoxe à moins que nous n’ayons quelque intuition de la puissance intrinsèque et de la force du Nom divin. Si la Prière de Jésus est plus efficace que d’autres invocations, c’est parce qu’elle contient le Nom de Dieu.

En savoir plus : https://www.pagesorthodoxes.net/coeur/puissancedunom.htm#II

Messe du Très saint Nom de Jésus

(Dimanche du 2 au 5 janvier ou le 2 janvier)

D’abord fixée au deuxième Dimanche après l’Épiphanie, la fête du Saint Nom de Jésus fut déplacée par la réforme de St Pie X au dimanche entre la Circoncision et l’Épiphanie.

Nous célébrons la fête des êtres qui nous sont chers, et quand ils ne sont plus là, leurs noms évoquent encore pour nous leur personne, et les qualités par lesquelles ils se faisaient aimer. Aujourd’hui, l’Eglise fête le Nom de Jésus, notre Sauveur, celui qui est venu du ciel pour nous racheter par sa mort, qui demeurent dans nos tabernacles et devant qui tout genou doit fléchir.

Sanctissimi Nominis Iesu Très Saint Nom de Jésus
II classis (ante CR 1960 : duplex II classis)IIème classe (avant 1960 : double IIème classe)
Ant. ad Introitum. Phil. 2, 10-11.Introït
In nómine Iesu omne genu flectátur, cæléstium, terréstrium et infernórum : et omnis lingua confiteátur, quia Dóminus Iesus Christus in glória est Dei Patris.Qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse dans le ciel, sur la terre et dans les enfers ; et que toute langue proclame que le Seigneur Jésus-Christ est dans la gloire de Dieu le Père.
Ps. 8, 2.
Dómine, Dóminus noster, quam admirábile est nomen tuum in univérsa terra !Seigneur, notre Maître, que votre nom est admirable dans toute la terre.
V/.Glória Patri.
Oratio.Collecte
Deus, qui unigénitum Fílium tuum constituísti humáni géneris Salvatórem, ei Iesum vocári iussísti : concéde propítius ; ut, cuius sanctum nomen venerámur in terris, eius quoque aspéctu perfruámur in cœlis. Per eúndem Dóminum.O Dieu qui avez établi votre Fils unique Sauveur du genre humain, et avez ordonné qu’on l’appelât Jésus, faites, dans votre miséricorde, que nous jouissions dans les cieux de la vue de celui dont nous vénérons le saint nom sur la terre.
Léctio Actuum Apostolorum.Lectures des Actes des Apôtres.
Act. 4, 8-12.
In diébus illis : Petrus, replétus Spíritu Sancto, dixit : Príncipes pópuli et senióres, audíte : Si nos hódie diiudicámur in benefácto hóminis infírmi, in quo iste salvus factus est, notum sit ómnibus vobis et omni plebi Israël : quia in nómine Dómini nostri Iesu Christi Nazaréni, quem vos crucifixístis, quem Deus suscitávit a mórtuis, in hoc iste astat coram vobis sanus. Hic est lapis, qui reprobátus est a vobis ædificántibus : qui factus est in caput ánguli : et non est in alio áliquo salus. Nec enim aliud nomen est sub cœlo datum homínibus, in quo opórteat nos salvos fíeri.En ce jours là : Pierre, rempli du Saint-Esprit, leur dit : « Chefs du peuple et Anciens, puisqu’on nous interroge aujourd’hui sur un bienfait (accordé) à un infirme, (pour savoir) comment cet homme a été guéri, sachez-le bien, vous tous, et tout le peuple, d’Israël : C’est par le nom de Jésus-Christ de Nazareth, que vous avez crucifié, que Dieu a ressuscité des morts, c’est par lui que cet homme est présent devant vous en pleine santé. C’est lui, la pierre rejetée par vous les constructeurs, qui est devenue tête d’angle. Et le salut n’est en aucun autre, car il n’est sous le ciel aucun autre nom donné parmi les hommes, par lequel nous devions être sauvés. »
Graduale. Ps. 105, 47.Graduel
Salvos fac nos, Dómine, Deus noster, et cóngrega nos de natiónibus : ut confiteámur nómini sancto tuo, et gloriémur in glória tua.Sauvez-nous Seigneur, notre Dieu, et rassemblez-nous du milieu des nations, afin que nous célébrions votre saint nom et que nous mettions notre gloire à vous louer.
V/. Isai. 63, 16. Tu, Dómine, Pater noster et Redémptor noster : a sǽculo nomen tuum.V/. C’est vous Seigneur, qui êtes notre père et notre libérateur, vous dont le nom est éternel.
Allelúia, allelúia. V/.Ps. 144, 21. Laudem Dómini loquétur os meum, et benedícat omnis caro nomen sanctum eius. Allelúia.Allelúia, allelúia. V/. Ma bouche publiera la louange du Seigneur, et que toute chair bénisse son saint nom. Alléluia.
¶ In missis votivis post Septuagesimam, ommissis Allelúia et versu sequenti, dicitur¶ Aux messes votives après la Septuagésime, on omet l’Alléluia et son verset et on dit :
Tractus. Ps. 79, 20 et Cant 2, 14.Trait
Dómine, Deus virtútum, convérte nos : et osténde fáciem tuam, et salvi érimus : sonet vox tua in áuribus meis. Vox enim tua dulcis, et fácies tua decóra nimis.Seigneur, Dieu des armées, rétablissez-nous, et montrez-nous votre visage, et nous serons sauvés : que votre voix résonne à mes oreilles ; car votre voix est douce, et votre visage est plus qu’agréable.
V/. Cant.1, 2. Oleum effúsum nomen tuum, Iesu : ideo adolescéntulæ dilexérunt te.V/. Votre nom est une huile répandue ; c’est pourquoi les jeunes filles vous aiment.
Tempore paschali omittitur graduale, et eius loco dicitur :Pendant le temps pascal, on omet le graduel et à sa place on dit :
Allelúia, allelúia. V/. Ps. 144, 21. Laudem Dómini loquétur os meum, et benedícat omnis caro nomen sanctum eius.Allelúia, allelúia. V/. Ma bouche publiera la louange du Seigneur, et que toute chair bénisse son saint nom.
Allelúia. V/. Ibid., 1. Exaltábo te, Deus meus, Rex : et benedícam nómini sancto tuo, Iesu, in sǽculum, et in sǽculum sǽculi. Allelúia.Allelúia. V/. Je Vous exalterai, ô Dieu mon roi, et je bénirai votre saint Nom, Jésus, à jamais et dans les siècles des siècles. Alléluia.
+ Sequéntia sancti Evangélii secundum Lucam.Lecture du Saint Evangile selon saint Luc.
Luc. 2, 21.
In illo témpore : Postquam consummáti sunt dies octo, ut circumciderétur Puer : vocátum est nomen eius Iesus, quod vocátum est ab Angelo, priúsquam in útero conciperétur.En ce temps là, le huitième jour, auquel l’enfant devait être circoncis, étant arrivé, on lui donna le nom de Jésus, que l’ange avait indiqué avant qu’il fût conçu dans le sein de sa mère.
Credo
Ant. ad Offertorium. Ps. 85, 12 et 5.Offertoire
Confitébor tibi, Dómine, Deus meus, in toto corde meo, et glorificábo nomen tuum in ætérnum : quóniam tu, Dómine, suávis et mitis es : et multæ misericórdiæ ómnibus invocántibus te, allelúia.Je vous louerai, Seigneur, mon Dieu, de tout mon cœur, et je glorifierai éternellement votre nom. Car vous êtes, Seigneur, suave et doux, et plein de miséricorde pour tout ceux qui vous invoquent, alléluia.
Secreta.Secrète
Benedíctio tua, clementíssime Deus, qua omnis viget creatúra, sanctíficet, quǽsumus, hoc sacrifícium nostrum, quod ad glóriam nóminis Fílii tui, Dómini nostri Iesu Christi, offérimus tibi : ut maiestáti tuæ placére possit ad laudem, et nobis profícere ad salútem. Per eúndem Dóminum.Nous vous en supplions, Dieu très clément, que votre bénédiction, où toute créature puise la ie, sanctifie ce sacrifice qui est nôtre et que nous vous offrons pour glorifier le nom de votre Fils, Notre Seigneur Jésus-Christ ; afin qu’il plaise à votre majesté comme une digne louange et qu’il nous soit profitable pour le salut.
Præfatio de Nativitate, ratione Temporis.Préface de la Nativité en raison du Temps.
Ant. ad Communionem. Ps. 85, 9-10.Communion
Omnes gentes, quascúmque fecísti, vénient et adorábunt coram te, Dómine, et glorificábunt nomen tuum : quóniam magnus es tu et fáciens mirabília : tu es Deus solus, allelúia.Toutes les Nations que vous avez créées viendront et se prosterneront devant vous Seigneur, et elles rendront gloire à votre nom ; car vous êtes grand et vous faites des prodiges ; vous seul êtes Dieu, alléluia.
Postcommunio.Postcommunion
Omnípotens ætérnæ Deus, qui creásti et redemísti nos, réspice propítius vota nostra : et sacrifícium salutáris hóstiæ, quod in honórem nóminis Fílii tui, Dómini nostri Iesu Christi, maiestáti tuæ obtúlimus, plácido et benígno vultu suscípere dignéris ; ut grátia tua nobis infúsa, sub glorióso nómine Iesu, ætérnæ prædestinatiónis titulo gaudeámus nómina nostra scripta esse in cælis. Per eúndem Dóminum.Dieu tout-puissant et éternel, qui nous avez créés et rachetés, soyez propice à nos vœux ; et daignez agréer avec un visage doux et bienveillant le sacrifice de l’hostie salutaire que nous avons offert à votre majesté en l’honneur du nom de votre Fils, Notre-Seigneur Jésus-Christ ; afin que votre grâce étant répandue dans nos âmes, nous nous réjouissions de ce que nos noms auront été écrits dans les cieux, au titre de l’éternelle prédestination, sous le glorieux nom de Jésus.

Dom Guéranger, l’Année Liturgique

Le deuxième Dimanche après l’Épiphanie, qui rappelle le festin des noces de Cana, fut d’abord choisi pour célébrer cette fête. C’est au jour nuptial que le nom de l’Époux devient propre à l’Épouse : ce nom désormais témoignera qu’elle est à lui L’Église, voulant honorer d’un culte spécial un nom pour elle si précieux, en unissait donc le souvenir à celui des Noces divines. Aujourd’hui, elle rapproche de l’anniversaire même du jour où il fut donné, huit jours après sa naissance, la célébration de ce Nom auguste, et laisse à la commémoration des Noces sacrées le Dimanche dont de tout temps cette commémoration fut la gloire.

L’ancienne alliance avait environné le Nom de Dieu d’une terreur profonde : ce nom était pour elle aussi formidable que saint, et l’honneur de le proférer n’appartenait pas à tous les enfants d’Israël. Dieu n’avait pas encore été vu sur la terre, conversant avec les hommes ; il ne s’était pas encore fait homme lui-même pour s’unir à notre faible nature : nous ne pouvions donc lui donner ce Nom d’amour et de tendresse que l’Épouse donne à l’Époux.

Mais quand la plénitude des temps est arrivée, quand le mystère d’amour est sur le point d’apparaître, le Nom de Jésus descend d’abord du ciel, comme un avant-goût de la présence du Seigneur qui doit le porter. L’Archange dit à Marie : « Vous lui donnerez le Nom de Jésus » ; or, Jésus veut dire Sauveur. Que ce Nom sera doux à prononcer à l’homme qui était perdu ! Combien ce seul Nom rapproche déjà le ciel de la terre ! En est-il un plus aimable, un plus puissant ? Si, à ce Nom divin, tout genou doit fléchir au ciel, sur la terre et dans les enfers, est-il un cœur qui ne s’émeuve d’amour à l’entendre prononcer ? Mais laissons raconter à saint Bernard la puissance et la douceur de ce Nom béni. Voici comme il s’exprime, à ce sujet, dans son XVe Sermon sur les Cantiques [1] :

« Le Nom de l’Époux est une lumière, une nourriture, un remède. Il éclaire, quand on le publie ; il nourrit, quand on y pense à part soi ; et quand on l’invoque dedans la tribulation, il procure l’adoucissement et l’onction. Parcourons, s’il vous plaît, chacune de ces qualités. D’où pensez-vous qu’ait pu se répandre, par tout l’univers, cette si grande et si soudaine lumière de la Foi, si ce n’est de la prédication du Nom de Jésus ? N’est-ce pas par la lumière de ce Nom béni, que Dieu nous a appelés en son admirable lumière ? De laquelle étant illuminés, et voyant en cette lumière une autre lumière, nous oyons saint Paul nous dire à bon droit : Vous avez été jadis ténèbres ; mais maintenant vous êtes lumière dans le Seigneur.
« Or, le Nom de Jésus n’est pas seulement lumière ; ains encore, il est nourriture. N’êtes-vous donc pas confortés, toutes fois et quantes que vous rappelez à votre cœur ce doux Nom ? Qu’est-il au monde qui nourrisse autant l’esprit de celui qui pense à lui ? Qu’est-ce qui, de la même sorte, répare les sens affaiblis, donne de l’énergie aux vertus, fait florir les bonnes mœurs, et entretient les honnêtes et chastes affections ? Toute nourriture de l’âme est sèche, si elle n’est détrempée de cette huile ; elle est insipide, si elle n’est assaisonnée de ce sel.
« Quand vous m’écrivez, votre récit n’a pour moi nulle saveur, si je n’y lis le Nom de Jésus. Lorsque vous disputez ou conférez avec moi, le conteste n’a pour moi aucun intérêt, si je n’y entends résonner le Nom de Jésus. Jésus est un miel à ma bouche, une mélodie à mon oreille, une jubilation à mon cœur ; oui même, outre ce, une médecine bienfaisante. L’un de vous est-il triste ? Que Jésus vienne en son cœur ; que de là il passe en sa bouche, et incontinent, à la venue de ce divin Nom qui est une vraie lumière, tout nuage s’enfuit, la sérénité revient. Quelqu’un tombe-t-il dans le crime ; voire même, court-il, en se désespérant, au lacs de la mort ? S’il invoque le Nom de Jésus, ne recommencera-t-il pas de suite à respirer et à vivre ? Qui jamais oncques demeura dedans l’endurcissement du cœur, comme font tant d’autres, ou bien dedans la torpeur de la fétardie, la rancune, ou la langueur de l’ennui ? Quel est celui qui, par aventure, ayant à sec la source des larmes, ne l’ait sentie soudainement couler plus abondante et plus suave, sitôt que Jésus a été invoqué ? Quel est l’homme qui, palpitant et s’alarmant, au fort des périls, puis venant à invoquer ce Nom de vaillance, n’a pas senti tout aussitôt naître en soi la confiance et fuir la crainte ? Quel est celui, je vous le demande, qui, ballotté et flottant à la merci des doutes, n’a pas, sur-le-champ, je le dis sans balancer, vu reluire la certitude, à l’invocation d’un Nom si éclatant ? Qui est-ce qui, durant l’adversité, écoutant la méfiance, n’a pas repris courage, au seul son de ce Nom de bon secours ? Par effet, ce sont là les maladies et langueurs de l’âme, et il en est le remède.
« Certes, et je puis vous le prouver par ces paroles : Invoque-moi, dit le Seigneur, au jour de la tribulation, et je t’en tirerai, et tu m’honoreras. Rien au monde n’arrête si bien l’impétuosité de la colère, et n’accoise pareillement l’enflure de la superbe. Rien aussi parfaitement ne guarit les plaies de la tristesse, comprime les débordements de la paillardise, éteint la flamme de la convoitise, étanche la soif de l’avarice, et bannit toutes les démangeaisons des passions déshonnêtes. De vrai, quand je nomme Jésus, je me propose un homme débonnaire et humble de cœur, bénin, sobre, chaste, miséricordieux, et, en un mot, brillant de toute pureté et sainteté. C’est Dieu lui-même tout-puissant qui me guérit par son exemple, et me renforce par son assistance. Toutes ces choses retentissent à mon cœur, lorsque j’entends sonner le Nom de Jésus. Ainsi, en tant qu’il est homme, j’en tire des exemples, pour les imiter ; et en tant qu’il est le Tout-Puissant, j’en tire un secours assuré. Je me sers desdits exemples comme d’herbes médicinales, et du secours comme d’un instrument pour les broyer, et j’en fais une mixtion telle que nul médecin n’en saurait faire de semblable.
« O mon âme ! tu as un antidote excellent, caché comme en un vase, dans ce Nom de Jésus ! Jésus, pour le certain, est un Nom salutaire et un remède qui jamais oncques ne se trouvera inefficace pour aucune maladie. Qu’il soit toujours en votre sein, toujours à votre main : si bien que tous vos sentiments et vos actes soient dirigés vers Jésus. »

Telle est donc la force et la suavité du très saint Nom de Jésus, qui fut imposé à l’Emmanuel le jour de sa Circoncision ; mais, comme le jour de l’Octave de Noël est déjà consacré à célébrer la divine Maternité, et que le mystère du Nom de l’Agneau demandait à lui seul une solennité propre, la fête d’aujourd’hui a été instituée. Son premier promoteur fut, au XVe siècle, saint Bernardin de Sienne, qui établit et propagea l’usage de représenter, entouré de rayons, le saint Nom de Jésus, réduit à ses trois premières lettres IHS, réunies en monogramme. Cette dévotion se répandit rapidement en Italie, et fut encouragée par l’illustre saint Jean de Capistran, de l’Ordre des Frères Mineurs, comme saint Bernardin de Sienne. Le Siège Apostolique approuva solennellement cet hommage au Nom du Sauveur des hommes ; et, dans les premières années du XVIe siècle, Clément VII, après de longues instances, accorda à tout l’Ordre de saint François le privilège de célébrer une fête spéciale en l’honneur du très saint Nom de Jésus.

Rome étendit successivement cette faveur à diverses Églises ; mais le moment devait venir où le Cycle universel en serait enrichi lui-même. Ce fut en 1721, sur la demande de Charles VI, Empereur d’Allemagne, que le Pape Innocent XIII décréta que la Fête du très saint Nom de Jésus serait célébrée dans l’Église entière, et il la fixa tout d’abord, comme nous l’avons dit, au deuxième dimanche après l’Épiphanie.

A LA MESSE.

Dès l’Introït, l’Église annonce la gloire du Nom de son Époux. Ciel, terre, abîme, tressaillez au bruit de ce Nom adorable ; car le Fils de l’Homme qui le porte est aussi le Fils de Dieu.

Dans la Collecte, l’Église, qui trouve dans le Nom de son Époux la consolation de son exil, demande de jouir bientôt de la vue de Celui que ce Nom chéri lui représente.

ÉPÎTRE.

Nous le savons, ô Jésus ! Nul autre nom que le vôtre ne pouvait nous donner le salut : ce Nom, en effet, signifie Sauveur. Soyez béni d’avoir daigné l’accepter ; soyez béni de nous avoir sauvés ! Cette alliance ineffable que vous nous annoncez aujourd’hui dans les Noces mystérieuses, est tout entière exprimée dans votre doux et admirable Nom. Vous êtes du ciel, et vous prenez un nom de la terre, un nom qu’une bouche mortelle peut prononcer ; vous unissez donc pour jamais la divine et l’humaine nature. Oh ! rendez-vous dignes d’une si sublime alliance, et ne permettez pas qu’il nous arrivé jamais de la rompre.

La sainte Église célèbre ensuite, par ses chants, la louange de ce divin Nom que bénissent toutes les nations ; car il est le Nom du Rédempteur de toute chair.

ÉVANGILE.

C’est au moment de la première effusion de votre sang dans la Circoncision, ô Jésus, que vous avez reçu votre Nom ; et il en devait être ainsi, puisque ce nom veut dire Sauveur, et que nous ne pouvions être sauvés que par votre sang. Cette alliance fortunée que vous venez contracter avec nous vous coûtera un jour la vie ; l’anneau nuptial que vous passerez à notre doigt mortel sera trempé dans votre sang, et notre vie immortelle sera le prix de votre cruelle mort. Votre Nom sacré nous dit toutes ces choses, ô Jésus ! ô Sauveur ! Vous êtes la Vigne, vous nous conviez à boire votre Vin généreux, mais la céleste grappe sera durement foulée dans le pressoir de la justice du Père céleste ; et nous ne pourrons nous enivrer de son suc divin qu’après qu’elle aura été violemment détachée du cep et broyée. Que votre Nom sacré, ô Emmanuel, nous rappelle toujours ce sublime mystère ; que son souvenir nous garde du péché, et nous rende toujours fidèles.

Durant l’Offrande, la sainte Église continue de chanter le Nom divin qui fait l’objet de la présente solennité ; elle célèbre les miséricordes qui sont réservées à tous ceux qui invoquent ce Nom adorable.

Les fidèles ayant reçu le céleste aliment qui contient le Corps et le Sang du Sauveur Jésus, l’Église, dans sa reconnaissance, convie toutes les nations à chanter et à glorifier le Nom de Celui qui les a faites et qui les a rachetées.

Il ne reste plus maintenant à la sainte Église qu’un vœu à former : c’est que les noms de tous ses enfants soient écrits à la suite du glorieux Nom de Jésus, sur le livre de l’éternelle prédestination. Ce bonheur nous est assuré, si nous savons toujours goûter ce Nom de salut, et rendre notre vie conforme aux devoirs qu’il impose.

Les Hymnes qui sont employées par l’Église à l’Office de la fête, ont été attribuées longtemps à saint Bernard ; mais des manuscrits incontestables les revendiquent pour une pieuse Abbesse de l’Ordre de saint Benoît, qui vivait au XIVe siècle.

La Séquence que nous donnons ensuite est de la composition du pieux franciscain Bernardin de Bustis, qui rédigea, sous Sixte IV, un Office et une Messe du saint Nom de Jésus. SÉQUENCE. Le doux Jésus de Nazareth, Roi des Juifs, gracieux, débonnaire, beau et florissant : Pour le salut de son peuple, il a subi la mort et les tourments, pâle et livide sur la croix. Doux Nom, doux surnom ; c’est le Nom par excellence, qui surpasse tous les noms. Il calme les pécheurs, il réchauffé les justes, il les fortifie, il les garde contre les attaques. Sous l’étendard de ce Roi, tu vis dans un état tranquille, et tes ennemis s’éloignent. Le Nom de Jésus, quand on le médite, dissipe l’appareil de la guerre ; l’adversaire vaincu s’enfuit. C’est un Nom qu’il faut révérer, un Nom redoutable aux malins esprits. C’est un Nom de salut, une consolation singulière qui soulage les affligés. Il nous le faut honorer, le placer dans le trésor de notre cœur, le méditer, l’aimer, mais d’un héroïque amour. Ce Nom, Ignace l’a publié, il l’a fait retentir au milieu des tourments ; son cœur ouvert a laissé voir Jésus, écrit en caractères célestes. Que pouvons-nous souhaiter de plus que d’avoir Jésus pour intime ? De tous il est le plus aimant, et il désire nous aimer. Il aime avec ardeur, il aime avec constance, il aime avec fidélité, et veut secourir les siens. Tel il a fait son Nom, qu’il puisse être pour tous le charme du cœur, l’objet excellent et principal d’un amour intime. Les droits de la nature l’exigent : nous devons aimer de toutes nos forces celui qui nous aime, prévenir ses désirs avec empressement. Le Nom de Jésus renferme tout bien, il résonne avec douceur, il nous vaut un trône au royaume du ciel, il réjouit notre oreille. En lui brille la splendeur du Père, en lui éclate la beauté de sa Mère ; en lui se reflète la gloire de son Père, il fait la grandeur de ses frères. Si donc quelqu’un veut connaître pourquoi le Nom de Jésus fait si vivement souhaiter aux justes de s’attacher à lui : C’est que Jésus est beau dans son éclat, que sa bonté est souveraine, qu’il est doux-, facile, plein de mansuétude, porté à la clémence. Jésus est le Roi de gloire ; Jésus est brillant de beauté, Jésus est plein de grâce dans ses paroles, admirable dans ses œuvres. Jésus est fort et vaillant ; Jésus est un athlète vigoureux ; Jésus est magnifique dans ses dons, il aime à les distribuer. Jésus est tendre et compatissant, Jésus est un guide lumineux ; Jésus est rempli de délices et de la plus douce saveur. Jésus est illustre et glorieux ; Jésus est pour tous abondant en fruits ; Jésus est la source des vertus ; aux siens il donne ses faveurs. Le plus élevé dans les honneurs, le plus chéri dans l’amour ; toutes les gloires sont à lui. Par sa science il connaît tout, dans son immensité il embrasse tout, par son amour il ravit les cœurs, et les retient dans ses liens. Que ce Nom, le Nom du doux Jésus, nous soit donc toujours cher ; qu’il soit fixé dans notre cœur, et que rien ne l’en puisse arracher. Qu’il enlève le mal du péché, qu’il inspire des chants d’allégresse, qu’il nous donne de jouir de la demeure des bienheureux ! Amen.

Nous empruntons aux anciens Missels d’Allemagne l’Hymne suivante, qui reproduit souvent les sentiments et les expressions de la Séquence de Bernardin de Bustis : HYMNE. Il est un Nom digne de tout honneur, adoré au plus haut des cieux, un Nom de gloire souveraine ; révélé à Gabriel, par lui sur terre il fut annoncé à la Mère de grâce. Marie donne le nom de Sauveur à son Fils circoncis le huitième jour, selon la coutume de ses pères. Publié dans le monde entier, cet heureux Nom sauve ceux qui croient en lui. En ce Nom brille la splendeur de la Trinité et de l’Unité ; il fait la joie du ciel. En ce Nom resplendit l’honneur du Père ; en ce Nom éclate la beauté de la Mère ; ce Nom fait la gloire des frères du Sauveur. C’est là le Nom salutaire, la consolation singulière qui vient au secours des cœurs affligés. C’est le Nom qu’il nous faut honorer, bénir et louer, dans la joie constante de nos âmes. Si on le prononce, c’est une mélodie ; si on l’invoque, c’est un doux miel ; il nous garde contre nos ennemis. Le cœur jubile, en songeant à ce Nom si formidable aux esprits de malice. C’est le Nom plein de grâce, abondant en fruits, fécond en vertus, par-dessus tous les noms. C’est lui qui fait connaître aux hommes la face d’un Dieu toute gracieuse, remplie de beauté et d’amour. Ce Nom est beau dans son éclat ; il est le souverain bien lui-même ; sa saveur intime est la plus douce. Tout-puissant en sa force, sublime en ses honneurs, il est le principe des délices et de la félicité. Donc, ô Pasteur des âmes, leur lumière incessante, ô bon Jésus ! par votre Nom si cher, protégez-nous, et fermez sous nos pas le noir chaos des ténèbres. Réformateur de toutes les nations humaines, Vie qui avez détruit la mort, restaurateur de la ruine qu’avaient soufferte les tribus angéliques, daignez vous donner à nous. Amen.

Source : http://www.introibo.fr/tres-saint-nom-de-jesus-dimanche#inter5

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