
La nuit de Noël et celle du jour de l’an apparaissent comme deux doublets d’une même fête solsticiale d’origine païenne. Ce sont deux nuits de tous les dangers au cours desquelles peuvent se manifester les puissances telluriques de l’Autre Monde, autrement dit les revenants. On peut souligner que le nom de Sylvestre a pour étymologie le latin silva » la forêt » et que ce nom est à rapprocher de la grande figure de l’Homme sauvage, personnage clé de la mythologie préchrétienne, figure archétypale du revenant pour les traditions médiévales. Évidemment, rien dans la vie de ce pauvre pape du IVe siècle ne le prédisposait à porter un nom si sauvage. Pourtant, il était d’usage jadis de l’invoquer dans les campagnes lorsqu’on était menacé par un animal et cette puissance de Sylvestre sur le monde animal pourrait bien laisser entrevoir l’arrière-plan païen de son culte lié à la date de sa commémoration annuelle.
Les romains d’aujourd’hui fêtent saint Sylvestre et l’an nouveau en jetant par les fenêtres leur vaisselle ébréchée ou dépareillée. Ils font également exploser des pétards ou tirent des coups de fusil comme un peu partout en Europe. Au Danemark, on observe les mêmes usages mais le but avoué est de chasser les lutins et tous les mauvais génies, particulièrement actifs cette nuit-là. Il s’agit aussi de les empêcher de nuire durant l’année qui s’annonce. Il s’agit ici de la perpétuation des rites charivariques pratiqués précisément à la fine de l’année, dans le contexte des douze jours.

Le vacarme de la Saint-Sylvestre n’a pas d’autre raison d’être que de maintenir ces pratiques de bruit (charivari) à un moment de l’année où celles-ci doivent assurer leur rôle imaginaire. Ce vacarme est propre aux revenants et aucun texte médiéval n’est plus explicite à ce sujet que celui qui raconte l’avènement de la mesnie Hellequin durant la nuit du jour de l’an. (1)
La Chasse sauvage
La chasse fantastique, chasse aérienne, chasse sauvage dans la désignation générique, est un mythe populaire européen impliquant un groupe fantomatique ou surnaturel de chasseurs qui mènent une poursuite sauvage. Les chasseurs peuvent être des elfes, des fées ou des morts, et le chef de la chasse est souvent une figure associée au dieu germanique Wotan.
La légende est présente dans un grand nombre de pays, le Centre et le Nord de l’Europe, et dans la plupart des régions de France, l’Ouest et le Sud-Ouest, le Centre et l’Est. Elle est attachée à de nombreux phénomènes naturels tel le fracas d’une tempête nocturne, d’un grand vent, parfois d’un vol d’oiseaux migrateurs, assimilés au passage de cavaliers en chasse et de meutes de chiens emportés dans les airs à la suite d’une malédiction. Ces légendes, basées sur un fonds commun, portent des noms très variés. De nature syncrétique, ces récits ont été soumis à des réorganisations et des intégrations successives par les dogmes religieux dominants.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Chasse_fantastique
La légende de la mesnie d’Hellequin
Allez savoir pourquoi: j’aime les textes du Moyen Age, cette période qui a vu naître des légendes extraordinaires.
Comme celle de la mesnie d’Hellequin.
La mesnie est un mot qui désigne un groupe de personnes vivant ensemble, sans forcément avoir de lien de parenté.
Celle d’Hellequin était composée des spectres et des âmes damnées des défunts.
On en parle pour la première fois dans « l’Histoire ecclésiastique » relative au peuple normand, écrite par le moine Orderic Vital (1075-1142), en treize volumes.
C’est lui qui rapporte le témoignage de Walchelin, jeune prêtre attaché à l’église de Bonneval.
Dans la nuit du 1er janvier 1091, pétrifié par le spectacle, il a vu passer une armée immense, au sein de laquelle se trouvaient des personnes décédées récemment sans avoir eu le temps de se repentir de leurs crimes.
Il y avait là des gens de toutes conditions sociales, y compris des ecclésiastiques.
Ils gémissaient, se plaignaient de leurs tourments.
Un seul point commun: tous avaient gravement pêché et formaient une horde noire, crachant le feu.
La mesnie d’Hellequin…
Pour le moine, elle serait une « chasse au diable » à laquelle les pêcheurs sont contraints après leur mort pour expier leur crime, et pour servir d’avertissement au vivant.
Selon les interprétations et les textes des différentes époques qui s’y rapportent, la mesnie peut prendre la forme d’une chasse sauvage, conduite par Hellequin, toujours masqué.

Ce qui me plaît dans cette histoire macabre?
La fin…
Au cours du XVIe siècle est né à Venise le doux personnage d’Arlequin (Arlecchino), de la Comedia dell’ Arte.
Il est masqué de noir, habillé comme un bouffon, porte une batte au côté, fait sourire les foules.
Parmi lesquelles beaucoup ignorent que son personnage a été inspiré par Hellequin, le chasseur sauvage.
Martine Bernier
Le gui : d’où vient cette tradition du Nouvel An ?

Souvent accroché dans les maisons à l’occasion du Nouvel An, le gui, selon la légende, porterait bonheur à tous ceux qui s’embrassent dessous. D’où vient cette coutume ? Explications. Sommaire
Avec le houx, le gui fait partie des incontournables des fêtes de fin d’année. Cette plante dépourvue de racines et qui se fixe sur les arbres est souvent considérée comme un porte-bonheur pour la nouvelle année.
Qu’est-ce que le gui ?
Le gui (Viscum album) est une plante épiphyte qui vit en tant que parasite. Elle se fixe sur certains arbres comme les peupliers, les tilleuls, les saules, les chênes et puise leurs réserves en eau. Cette plante appartient à la famille des Santalacées et pousse en Europe, en Asie et en Afrique du nord.
Ses fruits blancs sont picorés par les oiseaux pendant la saison froide mais sont toxiques pour les hommes.
Le gui entre dans les maisons à l’approche des fêtes de fin d’année. La coutume veut qu’il soit suspendu à l’encadrement d’une porte pour que les convives puissent s’embrasser dessous, le jour de l’an.

D’où vient la tradition de s’embrasser sous le gui ?
Aujourd’hui, l’usage veut que l’on s’embrasse le soir du 31 décembre.
Selon une légende populaire, c’est aux druides celtes que l’on doit cette tradition.
Chaque début d’année, les druides cueillaient du gui pour les habitants et l’accrochaient dans leur maison en guise de porte-bonheur. Il était alors d’usage d’accueillir les invités en les embrassant sous le gui pour leur porter chance, leur souhaiter de bonnes récoltes, la fécondité ou encore pour éloigner les mauvais esprits.
Cette croyance a amené l’idée que s’embrasser sous du gui assurait pour l’année à venir prospérité et longue vie.
Aujourd’hui, l’usage veut que celui-ci soit accroché au-dessus d’une porte ou au plafond pour s’embrasser le soir du 31 décembre.
Le gui est-il un porte bonheur ?
Les druides considéraient le gui, grâce à son feuillage persistant, comme une plante aux vertus magiques et donc porte-bonheur. Ils prétendaient soigner grâce à elle la stérilité, la toux ou encore les convulsions. Elle protégeait également des sorcières.
Source : https://www.lefigaro.fr/jardin/le-gui-d-ou-vient-cette-tradition-du-nouvel-an-20211220
Le repas des fées et le réveillon

Les réveillons de Noël et de la Saint-Sylvestre sont, encore aujourd’hui, les rites païens les plus apparents des fêtes de fin d’année. Ils valorisent les forces de la nuit ainsi que les puissances du mystère et du merveilleux. Il s’y associe le motif du repas des fées bien connu de certains textes médiévaux ainsi que de certains contes folkloriques. Un pénitentiel du IXe siècle fait état d’un festin organisé en l’honneur des Parques à ce moment de l’année.
Le repas des Parques suppose, en effet, l’arrivée rituelle des fées « à certains moments de l’année », disent les textes, afin qu’elles trouvent une hospitalité qui puisse ensuite les encourager à dispenser leurs dons. Ces fées visitent les maisons, examinent les victuailles entreposées et se repaissent. Si le repas leur semble bon elles consentent à quelques faveurs pour leurs hôtes. C’est ce que confirme un témoignage d’un folkloriste du XIIIe siècle, Gervais de Tilbury :
Dame Abonde
L’un des plus anciens écrits à notre connaissance à propos de Dame Abonde date du XIII e siècle. Guillaume d’Auvergne (1190-1249), évêque de Paris, dans Opera Omnia (Paris 1674, tome I, page 1036, col. 2) évoque des esprits féminins bienfaisants :
« […] Il en va de même du démon qui, sous l’apparence d’une femme, visite la nuit, en compagnie d’autres femmes, dit‐on, les maisons et les celliers. On le nomme Satia, d’après ‘satiété’, et aussi Dame Abonde, à cause de l’abondance qu’on dit qu’il confère aux maisons qu’il aura visitées. C’est ce genre de démon que les vieilles appellent ‘les Dames‘, à propos desquelles elles entretiennent cette erreur à laquelle elles sont les seules à croire et dont elles rêvent. Elles disent que les dames usent de la nourriture et des boissons qu’elles trouvent dans les maisons sans toutefois les consommer entièrement, ni même en diminuer la quantité, surtout si les récipients qui contiennent les mets sont découverts, et si ceux qui renferment les boissons ne sont pas bouché, quand on leur laisse pour la nuit. Mais si elles trouvent ces récipients couverts, fermés ou encore bouchés, elles ne touchent ni aux mets, ni aux boissons, et c’est la raison pour laquelle les dames abandonnent ces maisons au malheur et à l’infortune sans leur conférer satiété ni abondance. […] »
« […] En ce qui concerne les véritables personnes qui apparaissent la nuit dans les maisons et dont la plus importante d’entre elles est nommée « Abonde » en raison de l’abondance de biens qu’elle est supposée apporter dans les maisons qu’elle fréquente, elles n’ont jamais été vues, pas plus qu’elles n’ont été entendues. C’est ainsi qu’on voit jusqu’où va la bêtise des hommes et la déraison des vieux qui laissent des récipients d’aliments et des vases de vin ouverts et ne ferment aucun passage à ceux qui visitent les maisons la nuit. Ils laissent en évidence boissons et nourriture que les visiteurs peuvent s’approprier sans difficulté et selon leur bon plaisir. […] »
Source http://ignis.le-sidh.org/dame-abonde/

Toujours à l’affut des croyances magiques qui peuvent la servir, l’Église tente de détourner à son profit les forces suggestives que détiennent les mythes païens. Elle fonde un culte marial sur un site hanté par les fées. Le pèlerinage à Notre-Dame-d’Abondance, près d’Evian, met ainsi sous l’autorité de la Vierge les antiques pouvoirs de Dame Abonde, tels qu’ils transparaissent chez les auteurs médiévaux, et déplace les pouvoirs de la fée vers ceux de la Vierge.
En dépit de l’ambivalence (bénéfique et maléfique) du personnage-fée qui doit le cautionner, le repas du jour de l’an possède un caractère votif bien marqué. Il vise à s’approprier les forces bénéfiques qui gouvernent les cycles du temps et permettent l’avènement de la fécondité et de la prospérité. Bénéficier d’une visite des fées ce jour-là apparaît comme un heureux présage pour l’année à venir. De telles croyances allaient se maintenir bien au-delà du XVIe siècle.
En effet, la continuité entre les traditions médiévales et le folklore moderne est tout à fait établie. A. Maury mentionne une tradition pyrénéenne selon laquelle « les fées (hadas) viennent dans les habitations de ceux qui le vénèrent; elles portent le bonheur dans leur main droite, le malheur dans la gauche. On a soin de leur préparer, dans une chambre propre et reculée, le repas qu’on doit leur offrir. On ouvre les portes et les fenêtres; un linge blanc est placé sur la table, ainsi qu’un pain un couteau, un vase plein d’eau et de vin et une coupe. Une chandelle ou une bougie occupe le milieu de la table. On croit en général que ceux qui leur présentent les meilleurs mets peuvent espérer que leurs troupeaux se multiplieront, que leurs moissons seront abondantes et que l’hymen comblera leurs vœux les plus chers; tandis que ceux qui ne s’acquittent qu’à regret de leurs devoirs envers les fées et qui négligent de faire des préparatifs dignes d’elles, doivent s’attendre aux plus grands malheurs. Le 1e janvier, au point du jour, le père, l’ancien, le maître de chaque maison, prend le pain qui a été présenté aux fées, le remet et, après l’avoir trempé dans l’eau et le vin, il le distribue à tous ceux de sa famille, et même ses serviteurs. On se souhaite donc la bonne année et on déjeune avec ce pain ».
Bien que le christianisme n’ait pas maintenu la coutume de ce repas avec les fées du 1er janvier, on peut se demander néanmoins si le rituel de la communion et de l’eucharistie n’est pas chargé d’en représenter et d’en remodeler le dispositif imaginaire. Une messe de minuit est célébrée à Noël ; c’est le seul moment de l’année où la messe (qui doit théoriquement toujours lieu en plein jour) eut se célébrer en pleine nuit. Cette messe de minuit ne supplante-t-elle pas le rite païen d’une communion par le repas avec des êtres de l’Autre Monde? Par ailleurs, la présence commune du pain et du vin (dans le repas des fées comme dans le rite de la communion chrétienne) vient souligner la référence à un même rite sacré : l’un est placé sous l’autorité divine, l’autre sous celle des fées. Une fois de plus, le christianisme reprendrait la tradition païenne tout en lui conférant une une dimension spirituelle inédite.
On notera encore cette autre caractéristique du repas des fées dans la tradition médiévale. Si l’on en croit plusieurs textes littéraires, le repas des fées se tient à la naissance de certains enfants prédestinés. C’est ainsi que les fées se présentèrent la nuit où naquirent des héros comme Ogier le Danois ou Guillaume au court nez pour doter l’enfant de grandes vertus. N’était-il pas naturel alors de fixer la nativité du Christ durant cette nuit des Mères (ou « nuit des fées ») au cours de laquelle on célébrait déjà la naissance de héros mythiques parfaitement profanes? La fixation de Noël au 25 décembre répondait alors admirablement aux coutumes païennes du repas des fées associé à une naissance exceptionnelle. Bien des rites de Noël trouve une caution mythique dans la mémoire féérique de cette date prédestinée (2)

L’ancienne année et la nouvelle année
Demandez à l’ancienne année de se souvenir de vous « Une année se termine et une autre est sur le point de commencer. C’est le moment où chacun fait des voeux pour lui-même, pour sa famille et ses amis et pour le monde entier. C’est la coutume de se réunir, de s’embrasser, de s’inviter, dans l’espoir que la nouvelle année apportera à chacun toutes sortes de bonnes choses. Mais avant de penser à la nouvelle année, réfléchissez un instant à l’année qui s’en vient et parlez-lui…Vous êtes surpris. Comment ? Parler à l’année? Oui. La Kabbale nous dit qu’une année est un être vivant, vous pouvez donc lui parler. Parlez donc à l’année qui s’en va et demandez-lui de se souvenir de vous. Comme elle est vivante, elle ne reste pas inactive ; elle a enregistré non seulement vos actions mais aussi vos souhaits, vos sentiments et vos pensées. Le dernier jour, elle rend compte aux Seigneurs de la destinée et vous relie à la nouvelle année. Sachez lui dire adieu avant d’en prendre congé … »
Omraam Mikhaël Aivanhov,Œuvres Complètes, Vol.32, Les fruits de l’arbre de vie: la tradition Kabbalistique

Les douze premiers jours de l’année. Omraam Mikhaël Aïvanhov
Sources :
(1) (2) « Mythologie chrétienne », Philippe Walter
Voir aussi :