
Carême, chemin de guérison et de partage
Nous sommes déjà bien entrés dans cette période de 40 jours où nous, les croyants et surtout les pratiquants, allons vivre un temps de grâce offert par Dieu et facilité par l’Église.
Pourquoi le Carême ? Aussi simple que ça, Carême est un mot tiré à partir de la période : du latin quaresma qui signifie quarante. C’est une période pour préparer la fête de Pâques. Bien entendu, il y a différents types de Pâques. Mais, ici je parle des Pâques chrétiennes.
En quoi l’Église nous aide-t-elle à vivre le temps de Carême ? En tant que sacrement de l’amour et de la tendresse de Dieu pour les hommes, l’Eglise a pour mission de conduire les hommes vers Dieu. Dans ce cas, elle nous aide à mieux préparer ce temps en appliquant au quotidien de notre vie ces trois axes : la prière, le partage et la pénitence (pardon et réconciliation).
La prière
Par elle nous entrons dans une profonde amitié avec Dieu. Dieu est notre point de départ et notre point d’arrivée et le pape émérite, Benoît XVI a écrit dans Caritas in veritate : « Sans Dieu, l’homme ne sait où aller et ne parvient même pas à comprendre qui il est. » En dehors de la prière, l’homme n’est rien. L’Église nous invite à consacrer du temps, surtout pendant cette période, pour retisser du lien avec Dieu. Voilà, en un mot, la première préoccupation de l’Église c’est de redonner à Dieu la primauté dans le cœur des hommes et des sociétés.
Le partage
C’est l’une des formes de matérialisation ou du moins la concrétisation de l’amour. Nous voulons toujours établir un lien entre partage et avoir. Il faut aussi envisager de voir le mot partage avec l’être.
Je veux dire par là que l’on peut partager non seulement ce qu’on a mais aussi ce qu’on est. Jésus a partagé son être de Dieu avec nous les hommes. Allons partager notre foi avec ceux qui doutent encore. Allons partager notre joie avec ceux qui sont dans la peine. Allons partager notre espérance avec ceux qui désespèrent.
La pénitence
Pardonner et demander pardon sont deux actions de grandeur d’âme. Il faut absolument être habité par la vertu de l’humilité. Pour pardonner à quelqu’un il faut d’abord savoir se reconnaître coupable. Sinon, on aura du mal à accepter d’être blessé, dérangé ou choqué par un autre. Demander pardon, c’est encore plus dur. Cela apparemment fait petit. Or, si on veut devenir grand, il faut apprendre à s’abaisser.
Je termine en disant que le temps de Carême est un temps de grâce. Un temps pour reprendre l’expérience de Jésus qui a passé lui-même quarante jours, quarante nuits dans le désert sans manger ni boire. L’essentiel, c’est que Jésus est l’Être plein, il est Dieu. Donc, l’Église ne nous demande pas comme homme, l’être manqué, de faire comme Jésus, mais elle nous invite à la prière pour ne pas tomber dans la tentation ; à partager ce que nous avons et ce que nous sommes, avec les autres car beaucoup se trouvent dans un désert : ils ont besoin des pains matériels et des pains spirituels ; à cultiver le pardon en nous et à accepter le pardon de Dieu.
Bon temps de Carême à vous tous chers lecteurs !!!
P. Jean Bernard FORTUMA
https://paroisseshautecornouaille.fr/careme-chemin-de-guerison-de-partage/
Un carême à cœur ouvert
Cette année, le temps du Carême me remplit d’une joie profonde. Je le prends comme un temps pour guérir. Je me remets entre les mains de Dieu avec mes plaies béantes mais aussi avec mes défauts de fabrication et mes souffrances cachées.
Je suis soulagée de pouvoir le faire. J’ai confiance dans celui qui est le meilleur des chirurgiens : capable d’une prise en charge globale, car aimante, de chacun de ses patients.
J’ai longtemps prié, et je prie encore, pour être guérie de mon handicap. Non sans lutte. Parfois, j’ai l’impression de jouer avec le feu : et si vraiment j’étais guérie, qu’adviendrait-il ? J’ai peur de l’après. Ou alors, je pense aux autres malades et je me trouve égoïste. Je me dis qu’il faut mieux prier pour ceux qui sont plus jeunes, plus atteints, ou dont les symptômes correspondent davantage à ceux d’un handicap ou d’une maladie présents dans l’Evangile : cécité, surdité… Enfin, je me redis ce que l’on m’a si souvent et si malheureusement répété : « C’est la guérison du cœur qui compte »…
En ce début de Carême, je réalise que, dans mon rapport à Dieu, mon handicap me met dans un incroyable mouvement. Tantôt, ma volonté est tendue comme un arc : je veux guérir, je fais tout pour, je vais arriver à convaincre le Ciel ! Tantôt, surtout dans les moments de fatigue, quand ma solidité psychologique vacille, je me sens comme un puits : je ne peux plus rien, je reçois seulement. Alors mon corps attend intensément la Résurrection et dans cet abandon, c’est comme si je vivais une opération à cœur ouvert.
J’aime alors à constater combien mon corps et mon esprit sont liés. Je n’ai plus de scrupule à demander la guérison de mon corps, car c’est cette demande même qui met mon esprit en mouvement.
Corps et âme, dans l’élan ou dans l’abandon, je suis sûre d’une chose : c’est qu’à Jésus, je peux tout dire, tout demander. Ce temps de Carême rendra lumineux et féconds nos désirs, quelle que soit leur violence, quelle que soit leur maladresse ou même leur timidité, pourvu qu’ils soient tournés vers le cœur de Dieu.
Cécile Gandon, ombresetlumiere.fr – 22 février 2021 https://www.och.fr/un-careme-a-coeur-ouvert/