
Proclamée « Docteur de l’Église » le 7 octobre 2012, Hildegarde de Bingen (1098-1179) est la quatrième femme gratifiée de ce titre depuis l’origine du Christianisme. Mondialement connue pour ses oeuvres musicales, ses enluminures, sa connaissance des plantes médicinales et parfois pour ses recettes de cuisine, cette abbesse bénédictine est avant tout une maîtresse spirituelle divinement inspirée. Ce livre aborde le thème peu étudié en France de son apport théologique et éclaire ainsi la raison de cette proclamation papale.
Hildegarde élabore une anthropologie novatrice, veut guider les âmes et régénérer l’esprit. Son génie est de proposer une conception intégrale de la personne : « Le corps est l’atelier de l’âme où l’esprit vient faire ses gammes ». Ses trois livres de visions nous introduisent dans une sagesse chrétienne. Le premier indique la voie, le second donne les moyens, le troisième décrit le but à atteindre : une harmonie de l’univers renouvelée grâce à la transformation intérieure de l’homme. Toute la richesse de l’Occident chrétien est ici synthétisée.
C’est afin de découvrir la pleine modernité de la spiritualité d’Hildegarde et son génie que Pierre Dumoulin, latiniste, nous fait découvrir de larges extraits de ses écrits qu’il a lui-même traduits ou remis au goût du jour. Il révèle tout d’abord le caractère prophétique d’une personnalité qui a marqué son siècle et qui reste très actuelle, puis il présente ses trois principales oeuvres où ont été cueillies des perles qui n’ont pas d’âge.
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Vie de sainte Hildegarde de Bigen

manuscrit médiéval.
Sainte Hildegarde naît en 1098 à Bermersheim près d’Alzey. La date exacte de sa naissance n’est pas connue, contrairement à ce que disent certains sites d’astrologie ou comme le prétend Wikipedia… Elle est la dixième enfant d’une famille appartenant à la haute noblesse franque.
Vers 1112, elle entre au couvent de Jutta de Sponheim, dépendant du monastère bénédictin du Disibodenberg. Hildegarde va donc être très tôt imprégnée du rythme de vie bénédictin alternant prière et travail, étude et lecture spirituelle, vie communautaire et solitude.
Jutta meurt en 1136 et Hildegarde est élue abbesse du couvent à la tête d’une petite communauté qui s’était développée peu à peu, au fil des années.
Jusqu’à sa 41ème année, Hildegarde s’applique aux tâches quotidiennes d’un couvent, enrichit ses connaissances et se dote d’une profonde culture. Bien que n’étant pas instruite, comme elle le dit elle-même – elle n’avait pas reçu un enseignement réel des disciplines classiques telle que la grammaire – Hildegarde possédait néanmoins de vastes connaissances de la Bible, en théologie, en philosophie et en sciences naturelles. C’est surtout la richesse des écritures qu’elle découvre dans la liturgie et la Règle de Saint Benoît comme dans les Lectures des Pères de l’Eglise et des Pères du désert qui vont devenir pour elle une source intarissable d’inspiration et constituer la base de son oeuvre entière.
En 1141, elle fait sa première rencontre avec la Lumière qui la foudroie comme un éclair et transforme soudainement sa vie, jusqu’alors effacée : « Et voici que, dans la 43ème année du cours de ma vie temporelle, alors que, dans une grande crainte et une tremblante attention, j’étais attachée à une céleste vision, j’ai vu une très grande clarté, dans laquelle se fit entendre une voix venant du ciel et disant : « Fragile être humain, cendre de cendre et pourriture de pourriture, dis et écris ce que tu vois et entends… Écris cela, non pas en te fondant sur toi-même, ni en te fondant sur un autre humain, mais en te fondant sur la volonté de celui qui sait, qui voit et qui dispose toutes choses dans les secrets de ses mystères. Et à nouveau, j’entendis une voix du ciel qui me disait : « Proclame donc ces merveilles, écris les choses que tu as ainsi apprises et dis-les. Et il arriva, en l’année 1141 de l’Incarnation de Jésus Christ, Fils de Dieu, alors que j’étais âgée de 42 ans et 7 mois, qu’une lumière de feu d’un éclat extraordinaire, venant du ciel ouvert, traversa tout mon cerveau et enflamma tout mon coeur et toute ma poitrine, comme le fait la flamme, non pas celle qui brûle, mais celle qui réchauffe, tout comme le soleil réchauffe un objet sur lequel il pose ses rayons. Et voici que, tout à coup, je pouvais savourer la connaissance du contenu des Livres, c’est à-dire du Psautier, des Évangiles et des autres livres, aussi bien de l’Ancien Testament que du Nouveau, et cela sans connaître la traduction des mots de leur texte, ni la division en syllabes, sans avoir non plus la connaissance des cas ou des temps. » Scivias : Commencement de la première partie du livre « Connais les voies ».
Le passage de la Lumière en elle ainsi que les dons appropriés à cette apparition ont valu à Hildegarde de Bingen son nom de visionnaire et de prophétesse.
De 1141 à 1151, elle travaille alors à sa première oeuvre de théologie « Scivias » qui retrace l’Histoire Sainte depuis la création de l’univers et de l’homme jusqu’à la rédemption et l’accomplissement de la fin des temps, en passant par la naissance et le développement de l’église. L’histoire éternelle de Dieu et de l’homme, de l’éloignement au retour de l’homme vers son Créateur y est racontée de manière unique. Hildegarde essaie de décrire, sans cesse par de nouvelles images, le Mystère de Dieu. Dans le récit, ses visions sont toutes composées de la même manière (1. la vision, 2. l’explication, 3. le sens théologique et spirituel).
En 1147-1148, lors d’un synode à Trêves, le pape Eugène III reconnaît l’origine divine des écrits d’Hildegarde.
En 1150, Hildegarde s’installe avec 20 religieuses dans un nouveau monastère qu’elle fonde sur le Rupertsberg près de Bingen, sur les hauteurs du Rhin.
En 1158, elle rédige des traités de médecine et de science « pour rendre les hommes attentifs aux moyens de guérison que Dieu a placés dans la nature ». Elle manifeste ainsi par ses écrits la vivacité culturelle des monastères féminins du Moyen-Age. Le livre « Causae et curae » décrit plus de 50 maladies et leurs remèdes. « Le Physica » ou « Livre des subtilités des créatures divines » propose 2000 traitements issus des 3 règnes : animal, végétal et minéral. « Les arbres, les plantes, les animaux et même les pierres précieuses, toute la création recèle de forces secrètes qu’aucun homme ne peut connaître à moins que Dieu ne les lui ait révélées. » « Ces remèdes m’ont été indiqués par Dieu. Et l’homme sera libéré des maladies, sauf si cela est contraire à la volonté de Dieu. »
De 1158 à 1173, elle rédige son deuxième ouvrage de théologie, « Liber Vitae Meritorum », « Le Livre des Mérites de la Vie », et écrit son « Liber Divinorum Operum », « le Livre des oeuvres divines ».
De 1158 à 1170, elle entreprend 4 voyages missionnaires (dont le dernier à plus de 70 ans) pour parler de Dieu aux hommes et pour rétablir la paix, l’unité dans l’Eglise. Elle prêche en public à plusieurs endroits, entre autres à Mayence, Wurtzbourg, Bamberg, Trêves, Metz et Cologne, appelant le peuple et le clergé à la pénitence et à la conversion du coeur.
En 1165, Hildegarde fonde un second cloître à Eibingen au-dessus de la ville actuelle de Rüdesheim, en face du Rupertsberg.
En 1174-1175, le moine Gottfried entame la « Vita » d’Hildegarde.
Le 17 Septembre 1179, Hildegarde meurt au Rupertsberg, à l’âge de 81 ans. On a vu apparaître dans le ciel deux arcs qui s’entrecroisaient. A leur point d’intersection a grandi une croix lumineuse. Ce phénomène a été observé par plusieurs personnes au-dessus du Rupertsberg.
Entre 1180 et 1190, le moine Theoderich achève le récit de la vie d’Hildegarde entamé par Gottfried.
Entre 1223 et 1237, la procédure de canonisation d’Hildegarde est interrompue pour des raisons inconnues.
Son nom a été introduit au martyrologe romain au XVème siècle.
Longtemps vénérée comme une sainte par ses partisans, son culte a été étendu à l’Eglise Universelle en mai 2012 par Benoît XVI qui l’a proclamée Docteur de l’Eglise le 7 octobre 2012.
Prières de Sainte Hildegarde de Bingen
Prière à l’Esprit Saint
Ô Feu de l’Esprit consolateur, vie de la vie de toute créature,
Vous êtes Saint, Vous qui donnez vie à toute beauté,
Vous êtes Saint, Vous qui daignez répandre votre baume sur ceux qui sont brisés,
Vous êtes Saint, Vous qui purifiez les blessures les plus souillées !
Ô Souffle de sainteté, Feu d’amour,
Délice intérieur qui remplis nos coeurs du parfum des vertus, Vous êtes Saint !
Ô Source limpide où se mire ce que Dieu anime,
Vous qui recueillez les exilés et recherchez les égarés !
Bouclier de vie, sûre protection des membres de l’Eglise,
Ceinture d’honnêteté, Salut des bienheureux,
Veillez sur ceux qui sont captifs de l’ennemi,
Délivrez de leurs chaînes ceux que la divine puissance veut sauver !
Vous êtes Saint ! Ô Chemin très sûr, qui pénétrez toute chose,
Dans les hauteurs des cieux ou sur terre, et jusque dans les abîmes,
C’est Vous qui reliez tout l’univers.
Par Vous vont les nuages et l’air parcourt les espaces, des rochers suintent les eaux,
Elles jaillissent en ruisseaux et la terre déploie son manteau de verdure.
C’est Vous qui inspirez les savants et les réjouissez par la sagesse.
Louange à Vous ! Louange et Joie vivifiante !
Espérance et honneur des vivants, Dispensateur des dons de lumière !
Ardent désir
Au Ciel, ma patrie, je rencontrerai ceux que Vous avez créés.
L’amour de Dieu, voilà toute ma joie.
Parvenir à la tour du désir brûlant, voilà mon seul désir.
Mon Dieu, je veux faire ce que Vous voulez que je fasse.
Grâce aux ailes de la bonne volonté,
Je veux voler au-dessus des étoiles du ciel pour accomplir Votre volonté.
Je n’ai pas d’autre désir, pas d’autre souhait,
Je n’aspire qu’à ce qui est saint.
Ô mon Dieu, faites de moi Votre instrument,
Que je résonne entre Vos mains comme le tambourin de Votre amour.
Prière confiante
Je crois en Vous fidèlement, Ô mon Dieu,
Et c’est dans la foi que j’accomplis toutes mes oeuvres.
Augmentez ma joie par la pratique de chaque vertu.
Vous ma joie, Ô Seigneur de l’univers !
Dans l’amour et la foi, je veux vous suivre
Car c’est Vous qui m’avez créée.
Vous me donnez ce qui est bon,
Il ne me manque rien de ce que je demande et désire.
La foi m’enseigne la prière juste :
Donnez-moi uniquement ce qui vous plaît et qui ne passe pas !
Pleine de misère, vers Vous je soupire,
Pour mon frère ou pour moi-même,
Inspirez-moi les œuvres bonnes et saintes
Qui accomplissent toutes les exigences de Votre amour ;
Comblez mes désirs légitimes !
Neuvaine à Sainte Hildegarde
Oh ! Sainte Hildegarde, Dieu vous a révélé bien des mystères de l’univers.
Aidez-nous à découvrir dans la création toute la bienveillance de ce Pére qui nous aime tant.
Vous qui avez cultivé avec sagesse les arcanes de la théologie, de la médecine et des arts,
Nous vous confions les scientifiques, les médecins, les chercheurs, les artistes,
Afin qu’ils reconnaissent l’origine divine dans tout ce qu’ils découvrent.
Vous la Prophétesse de Germanie qui avez proclamé avec force et ardeur la vérité de Dieu,
Aidez-nous à être témoin, en Église, de cette vérité.
Vous qui aviez le don de guérison, nous nous confions les maladies de l’âme et du corps.
Aidez les plus souffrants à se tourner vers le Christ pour obtenir leur guérison pour la vie éternelle.
Vous qui avez aimé et servi Dieu jusqu’à votre mort, soutenez-nous dans notre chemin de foi ;
Que notre charité se fasse toujours plus ardente, et que l’amour de Dieu nous anime toujours.
Amen.
« Notre Père », 10 x « Je vous salue Marie », « Gloria »
Sainte Hildegarde, priez pour nous !
Les neuf Chœurs des Anges

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