L’ange : un instructeur, un exorciste et un guérisseur

D’une manière plus précise, la tradition chrétienne reconnaît aux anges trois fonctions bien spécifiques : l’instruction (portant sur les mystères de Dieu ou de l’amour), l’exorcisme (amenant l’homme à se libérer de toute tendance à la division et à l’opposition) et la guérison (en insufflant aux malades une importance force vitale émanant de l’amour). Or ces trois fonctions sont très étroitement reliées aux plans qui structurent l’âme humaine elle-même. En effet, nous savons que la psyché désigne l’ensemble des facultés mentales, telles que la pensée, l’intelligence, la connaissance…; des facultés affectives, telles que les sentiments, les émotions, les désirs…. et des facultés énergétiques, telles que la vitalité ou le dynamisme. En ce sens, l’instruction est très clairement associé à la dimension mentale, l’exorcisme au plan affectif (en relation avec la force-désir) et la guérison, à la réalité énergétique. Nous pouvons donc établie le tableau de correspondance suivant :

Tableau de correspondances

entre les facultés de l’âme et les fonctions angéliques

Facultés de l’âmeFonctions angéliques
Facultés mentalesInstruction
Facultés affectivesExorcisme
Facultés énergétiquesGuérison

Plus encore, les hermétistes établissent une analogie très intéressante entre l’âme et le Saint-Esprit. En effet, si l’esprit est ouvert sur Dieu et si le corps est tourné vers le monde, l’âme, quand à elle, est une ouverture privilégiée sur les autres, comme nous le confirme d’ailleurs saint Irénée qui déjà, au deuxième siècle, à la manière des anthropologues les plus perspicaces de notre temps, présente le corps, l’âme et l’esprit comme les trois fonctions, les trois relations, ou encore les trois manières d’être de l’humain. Par son corps, l’homme est ouvert sur le monde et la matière, par son âme il est ouvert à autrui, aux autres hommes, par son esprit il est ouvert à Dieu. (1)

A ce titre, l’âme devient un lieu exceptionnel d’expression de l’amour puisqu’elle est directement reliée à la relation à l’autre. Or la troisième personne de la Trinité est également une expression privilégiée de l’amour comme nous le rappelle si éloquemment le Père Hugon : « l’amour est nom propre de la troisième personne, ainsi que l’a toujours entendu la tradition. Ils sont trois en un seul Dieu : il en est un qui aime celui qui vient de lui, il en est un qui aimé par celui dont il vient; et il en est un qui est l’amour unique de tous les deux, à savoir le Saint-Esprit; et c’est toujours le même Dieu. Saint Augustin observe que ce nom convient excellemment à l’Esprit Saint : « Si l’amour par lequel le Père aime le Fils et le Fils, le Père, désigne ineffablement la communions de tous les deux, est-il nom plus convenable que l’Amour pur appeler l’Esprit commun à tous les deux? ». (2)

En ce sens, les trois plans structurant l’âme humaine peuvent être mis en relation avec les trois principaux attributs de l’Esprit Saint associés, dans la tradition chrétienne à la Sagesse, l’Amour et la Vie. En effet, l’Esprit Saint évoque la Sagesse, cette « effluve de la puissance de Dieu, une émanation toute pure de la gloire du Tout-Puissant » , (3) ce « reflet de la lumière éternelle, un miroir sans tâche de l’activité de Dieu, une image de sa bonté. » .(2) C’est d’ailleurs en ce sens que l’Esprit Saint habite les porte-paroles de Dieu, étant « particulièrement remarquables dans la prophétie et dans la composition des livres sacrés : c’est donc à juste titre qu’on appelle l’Inspirateur, Celui qui a poussé les hommes de Dieu à parler et qui a parlé lui-même par les prophètes (comme l’énonce le Credo). (5)

Par ailleurs, nous avons vu qu’il est l’incarnation même d’une dynamique amoureuse entre les personnes divines puisqu’il est comparé, dans la tradition catholique, au baiser commun exprimant l’union et l’adhésion mutuelle entre le Père et le Fils. Ainsi, « dans la Trinité, où la réciprocité est parfaite, l’Amour lui-même est une personne, au sens où nous pourrions dire : Mozart est la musique faite homme. L’amour est vécu en plénitude : il y a l’Aimant, l’Aimé et l’Amour. L’Aimant est aimé, l’Aimé est aimant et l’amour est le dynamisme de cet élan par lequel les deux ne sont qu’un, tout en étant distincts. ». (4)

Enfin, il est Celui qui « donne la vie », comme le déclare si éloquemment le Credo de nos Pères. En effet, soupiré par le Père et le Fils dans leur amour commun, le Saint-Esprit est souffle de vie. Ainsi, en tant que souffle du Père et du Fils, la troisième personne peut être considérée comme le principe qui souffle l’existence dans les êtres en les tirant du néant (de la non existence)… Et parce qu’il a soufflé l’existence, l’Esprit soufflera également la vie, soit dans l’ordre naturel, soit dans l’ordre surnaturel…. (2). De nombreux passages bibliques attestent d’ailleurs cette fonction qu’Il incarne. Citons, à titre d’exemple, ces paroles que le psalmiste adresse à son Dieu : « Tu envoies ton souffle, ils sont créés, tu renouvelles la face de la terre. ».

L’étroite relation existant entre l’ange, l’âme et l’Esprit Saint nous permet d’établir le tableau suivant :

Tableau de correspondances entre les facultés de l’âme,

les fonctions angéliques et les attributs de l’Esprit Saint

Facultés de l’âmeFonctions angéliquesEsprit saint
Facultés mentalesInstructionSouffle de sagesse
Facultés affectivesExorcismeSouffle d’Amour
Facultés énergétiquesGuérisonSouffle de vie

Voyons en quelques mots le trois fonction angéliques auxquelles nous venons de faire allusion.

L’ange instructeur

De nombreux textes bibliques font référence à cette fonction angélique consistant à instruire l’homme sur sa véritable vocation et sur la manière de parvenir à l’accomplir. Ainsi, le jeune Elihu déclare à Job : « S’il se trouve près de lui (l’homme pécheur) un Ange, un Médiateur entre mille, qui rappelle à l’homme son devoir… ». (Job XXXIII, 23). De même encore, saint Étienne nous rapporte, en parlant de Moïse : « C’est lui qui, lors de l’assemblée au désert, était avec l’ange qui lui parlait sur le mont Sinaï (l’instruisait)…, Lui (Moïse) qui reçut les paroles de vie pour nous les donner. ». Citons encore le livre de l’Apocalypse qui débute en ces termes : « Révélations de Jésus-Christ : Dieu la lui donna pour montrer à ses serviteurs ce qui doit arriver bientôt, il envoya son Ange pour la faire connaître à Jean son serviteur, lequel a attesté la Parole de Dieu et le témoignage de Jésus-Christ : toutes ses visions. ». (Apocalypse I, 1-2)

L’ange exorciste

Quand à la fonction d’exorcistes exercée par certains anges, elle apparaît également fréquemment dans les textes bibliques. L’un de ces plus illustres passages relatent en effet un épisode ou l‘Archange Michel se distingua dès les origines, en se plaçant à la tête des milices célestes combattant Satan (personnifiant le principe de division). Nous retrouvons également une allusion à ce pouvoir d’exorcisme dans le livre de Danièle lorsqu’un ange délégué par Dieu s’adressa au prophète en ces termes :  » le Prince du royaume de Perse (incarnant le principe d’opposition) m’a résisté pendant vingt et un jours, mais Michel, l’un des Premiers Princes, est venu à mon aide. Je l’ai laissé affrontant les rois de Perse, et je suis venu te faire comprendre ce qui adviendra à ton peuple, à la fin des jours. ». (Daniel X, 13-14)

L’ange guérisseur

Enfin, la fonction de guérisseur est également souvent mise en relief dans les textes traditionnels qui nous décrivent le rôle ou l’intervention des anges. En effet, on les voit fréquemment agir en vue de hâter un processus de guérison ou de déverser sur les malades, atteints physiquement ou psychiquement, une énergie vivificatrice. Pensons à ce titre, à ce que nous rapporte l’évangile selon Jean qui nous précise qu’il se trouait à Jérusalem, près de la porte des brebis, une piscine appelée Bezata. Or cette piscine avait cinq portiques sous lesquels « étaient couchés quantités d’infirmes, aveugles et boiteux, paralytiques qui attendaient que l’eau s’agitât. Car un ange du Seigneur descendait après que l’eau avait été agitée, était guéri, de quelque maladie qu’il fut atteint. ». (Jean V, 2-5)

Source : Extraits de l’Introduction à l’astro-angéologie, conférence donnée par Charles-Rafaël Payeur. Éditions de l’Aigle

________________

(1) Fromaget, Michel, Corps, Âme, Esprit, Introduction à l’anthropologie ternaire, Albin Michel

(2) Hugon, Edouard, Le Mystère de la Très Sainte Trinité.

(3) Sagesse VII, 25

(4) Varillon, François, Joie de croire, joie de vivre.

Voir aussi :

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