
Le Christ cosmique, penser le Christ aux dimensions du cosmos
Conférence donnée au Couvent des Dominicains – 18 octobre 2012. Résumé: Le salut apporté par Jésus-Christ ne se limite pas à la seule humanité. La conscience que le Christ est puissance de soulèvement de l’univers tout entier remonte à saint Paul et traverse l’histoire de la pensée chrétienne, notamment par la tradition franciscaine. L’expression « Christ cosmique », introduite par Teilhard de Chardin prend en charge une vision évolutionniste et écologique de la nature conforme aux données scientifiques contemporaines qui décrivent un monde devenu immensément vaste. Au-delà de la question extraterrestre, la « christologie cosmique » permet ainsi de renouveler l’expression de la foi chrétienne dans un sens authentiquement universel et catholique au sens propre, tout en assumant son enracinement historique.
Pour une spiritualité du cosmos. Découvrir Teilhard de Chardin

La pensée de Pierre Teilhard de Chardin connaît un regain d’intérêt. L’A., à la suite de plusieurs articles consacrés à Teilhard, publie ici une introduction claire, synthétique et utile pour toute personne désirant s’initier aux grandes intuitions du penseur d’un « monde en genèse ». Ayant situé Teilhard dans son double enracinement scientifique et théologique, l’A. propose des aperçus sur plusieurs foyers de sa pensée. Le cosmos y est perçu comme une totalité organique animée par un dynamisme à la fois unifiant et créateur de nouvelles possibilités d’êtres : l’évolution est orientée vers une plus grande complexité et l’humain en est la plus haute manifestation, dans cette collectivité qu’est la « noosphère ». Un tel processus ne va pas sans crises : replis individualistes, systèmes totalitaires ; il nécessite une action de la liberté humaine, plus précisément une dialectique entre activité et passivité. L’Incarnation, le « Christ cosmique » – envisagé comme le Ressuscité – permet de penser comment Dieu opère de l’intérieur du cosmos cette dynamique unifiante. « Le Christ a un corps cosmique répandu dans l’univers tout entier. » Il en ressort l’exigence d’une présentation renouvelée de la foi chrétienne. La question du mal et de la souffrance est abordée par l’A., citant Lubac pour qui l’approche de Teilhard est un « pessimisme surmonté », au risque d’une certaine rationalisation.
Sans éluder les ambiguïtés de la pensée de Teilhard et ses limites épistémologiques, parfois même en la complétant, l’A. y trouve en tout cas une « réserve inépuisable d’intuitions » pour affronter les défis actuels, notamment le transhumanisme et l’écologie. L’enthousiasme de l’ouvrage pour une telle théologie d’espérance parviendra-t-il à dissiper pleinement les doutes face à ses écueils ? – M. Bernard
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