« Il leur répondit : « Une génération mauvaise et adultère réclame un signe : il ne lui sera donné d’autre signe que le signe du prophète Jonas. Car de même que Jonas fut trois jours et trois nuits dans le ventre du poisson, ainsi le Fils de l’homme sera dans le sein de la terre trois jours et trois nuits. Les hommes de Ninive se dresseront, au (jour du) jugement, avec cette génération et la feront condamner, car ils ont fait pénitence à la prédication de Jonas, et il y a ici plus que Jonas. » (Matthieu 12).
Textes de la Messe
Feria Quarta Quatuor Temporum Quadragesimæ | Mercredi des Quatre-Temps de Carême |
II Classis | 2 ème Classe |
Statio ad S. Mariam maiorem | Station à Ste Marie-Majeure |
Ant. ad Introitum. Ps. 24, 6, 3.et 22. | Introït |
Reminíscere miseratiónum tuárum, Dómine, et misericórdiæ tuæ, quæ a sǽculo sunt : ne umquam dominéntur nobis inimíci nostri : líbera nos, Deus Israël, ex ómnibus angústiis nostris. | Souvenez-vous de vos bontés, Seigneur, et de votre miséricorde qui datent des siècles passés. Que nos ennemis ne triomphent jamais de nous. Dieu d’Israël, délivrez-nous de toutes nos tribulations. |
Ps. ib., 1-2. | |
Ad te, Dómine, levávi ánimam meam : Deus meus, in te confído, non erubéscam. | Vers vous, Seigneur, j’ai élevé mon âme ; mon Dieu, je mets ma confiance en vous, que je n’aie pas à rougir. |
V/.Glória Patri. | |
Post Kýrie, eléison, dicitur : | Après le Kýrie, eléison, on dit : |
Orémus. Flectámus génua. | Prions. Fléchissons les genoux. |
V/. Leváte. | V/. Levez-vous. |
Oratio. | Prière |
Preces nostras, quǽsumus, Dómine, cleménter exáudi : et contra cuncta nobis adversántia, déxteram tuæ maiestátis exténde. Per Dóminum nostrum. | Nous vous en supplions, Seigneur, daignez, dans votre clémence, exaucer nos prières, et étendre la droite de votre majesté pour nous préserver de tout ce qui nous est contraire. |
Léctio libri Exodi. | Lecture du livre de l’Exode. |
Exodi 24, 12-18. | |
In diébus illis : Dixit Dóminus ad Móysen : Ascénde ad me in montem, et esto ibi : dabóque tibi tábulas lapídeas, et legem ac mandáta quæ scripsi : ut dóceas fílios Israël. Surrexérunt Moyses et Iosue miníster eius : ascendénsque Moyses in montem Dei, senióribus ait : Exspectáte hic, donec revertámur ad vos. Habétis Aaron et Hur vobíscum : si quid natum luent quæstiónis, referétis ad eos. Cumque ascendísset Moyses, opéruit nubes montem, et habitávit glória Dómini super Sínai, tegens illum nube sex diébus : séptimo autem die vocávit eum de médio calíginis. Erat autem spécies glóriæ Dómini, quasi ignis ardens super vérticem montis ; in conspéctu filiórum Israël. Ingressúsque Móyses médium nébulæ, ascéndit in montem : et luit ibi quadragínta diébus et quadragínta nóctibus. | En ces jours-là, le Seigneur dit à Moïse : « Monte vers moi sur la montagne, et restes-y ; je te donnerai les tables de pierre, la loi et les préceptes que j’ai écrits pour leur instruction. » Moïse se leva, avec Josué, son serviteur, et Moïse monta vers la montagne de Dieu. Il dit aux anciens : Attendez-nous ici, jusqu’à ce que nous revenions auprès de vous. Voici Aaron et Hur seront avec vous ; si quelqu’un a un différend, qu’il s’adresse à eux. » Moïse monta vers la montagne, et la nuée couvrit la montagne ; la gloire du Seigneur reposa sur la montagne de Sinaï, et la nuée la couvrit pendant six jours. Le septième jour, le Seigneur appela Moïse du milieu de la nuée. L’aspect de la gloire du Seigneur était, aux yeux des enfants d’Israël, comme un feu dévorant sur le sommet de la montagne. Moïse entra au milieu de la nuée, et monta à la montagne ; et Moïse demeura sur la montagne quarante jours et quarante nuits. |
Graduale. Ps. 24, 17-18. | Graduel |
Tribulatiónes cordis mei dilatátæ sunt : de necessitátibus meis éripe me, Dómine. | Les tribulations de mon cœur se sont multipliées : tirez-moi de mes angoisses. |
V/. Vide humilitátem meam, et labórem meum : et dimítte ómnia peccáta mea. | Voyez mon humiliation et ma peine et remettez-moi tous mes péchés. |
Hic dicitur V/. Dóminus vobíscum, sine Flectámus génua. | Ici on dit V/. Le Seigneur soit avec vous, sans Fléchissons les genoux. |
Oratio. | Prière |
Devotiónem pópuli tui, quǽsumus, Dómine, benígnus inténde : ut, qui per abstinéntiam macerántur in córpore, per fructum boni óperis reficiántur in mente. Per Dóminum. | Regardez, dans votre bienveillance, nous vous en supplions, Seigneur, la dévotion de votre peuple afin que le fruit des bonnes œuvres fortifie et renouvelle selon l’esprit ceux qui mortifient leur corps au moyen de l’abstinence. |
Léctio libri Regum. | Lecture du livre des Rois. |
3 Reg. 19, 3-8. | |
In diébus illis : Venit Elías in Bersabée Iuda, et dimísit ibi púerum suum, et perréxit in desértum, viam uníus diéi. Cumque venísset, et sedéret subter unam iuníperum, petívit ánimæ suæ, ut morerétur, et ait : Súfficit mihi, Dómine, tolle ánimam meam : neque enim mélior sum quam patres mei. Proiecítque se, et obdormívit in umbra iuníperi : et ecce, Angelus Dómini tétigit eum, et dixit illi : Surge et cómede. Respéxit, et ecce ad caput suum subcinerícius panis, et vas aquæ : comédit ergo et bibit, et rursum obdormívit. Reversúsque est Angelus Dómini secundo, et tétigit eum, dixítque illi : Surge, cómede : grandis enim tibi restat via. Qui cum surrexísset, comédit et bibit, et ambulávit in fortitúdine cibi illíus quadragínta diébus et quadragínta nóctibus, usque ad montem Det Horeb. | En ces jours-là, Elie, étant arrivé à Bersabée, qui appartient à Juda, y laissa son serviteur. Pour lui, il alla dans le désert l’espace d’une journée de marche ; arrivé là, il s’assit sous un genêt et demanda pour lui la mort, en disant : « C’est assez ! Maintenant, Seigneur, prends ma vie, car je ne suis pas meilleur que mes pères ! » Il se coucha et s’endormit sous le genêt. Et voici qu’un ange le toucha et lui dit : « Lève-toi, mange. » Il regarda, et voici qu’il y avait à son chevet un gâteau cuit sur des pierres chauffées et une cruche d’eau. Après avoir mangé et bu, il se recoucha. L’ange du Seigneur vint une seconde fois, le toucha et dit : « Lève-toi, mange, car le chemin est trop long pour toi. » Il se leva, mangea et but, et, avec la force que lui donna cette nourriture, il marcha quarante jours et quarante nuits jusqu’à la montagne de Dieu, à Horeb. |
Tractus. Ps. 24, 17, 18 et 1-4. | Trait. |
De necessitátibus meis éripe me, Dómine : vide humilitátem meam et labórem meum : et dimítte ómnia peccáta mea. | Tirez-moi de mes angoisses, Seigneur, voyez mon humiliation et ma peine et remettez-moi tous mes péchés. |
V/. Ad te, Dómine, levávi ánimam meam : Deus meus, in te confído, non erubéscam : neque irrídeant me inimíci mei. | Vers vous, Seigneur, j’ai élevé mon âme ; mon Dieu, je mets ma confiance en vous, que je n’aie pas à rougir ; et que mes ennemis ne se moquent pas de moi. |
V/. Etenim univérsi, qui te exspéctant, non confundéntur : confundántur omnes faciéntes vana. | Car tous ceux qui vous attendent ne seront pas confondus. Qu’ils soient confondus tous ceux qui commettent l’iniquité sans raison. |
+ Sequéntia sancti Evangélii secundum Matthǽum. | Lecture du Saint Evangile selon saint Mathieu. |
Matth. 12, 38-50. | |
In illo témpore : Respondérunt Iesu quidam de scribis et pharis.is, dicéntes : Magíster, vólumus a te signum vidére. Qui respóndens, ait illis : Generátio mala et adúltera signum quærit : et signum non dábitur ei, nisi signum Ionæ Prophétæ. Sicut enim fuit Ionas in ventre ceti tribus diébus et tribus nóctibus : sic erit Fílius hóminis in corde terræ tribus diébus et tribus nóctibus. Viri Ninivítæ surgent in iudício cum generatióne ista, et condemnábunt eam : quia pæniténtiam egérunt in prædicatióne Ionæ. Et ecce plus quam Ionas hic. Regína Austri surget in iudício cum generatióne ista, et condemnábit eam : quia venit a fínibus terræ audire sapiéntiam Salomónis. Et ecce plus quam Sálomon hic. Cum autem immúndus spíritus exíerit ab hómine, ámbulat per loca árida, quærens réquiem, et non invénit. Tunc dicit : Revértar in domum meam, unde exívi. Et véniens invénit eam vacántem, scopis mundátam, et ornátam. Tunc vadit, et assúmit septem álios spíritus secum nequióres se, et intrántes hábitant ibi : et fiunt novíssima hóminis illíus pe-ióra prióribus. Sic erit et generatióni huic péssimæ. Adhuc eo loquénte ad turbas, ecce, Mater eius et fratres stabant foris, quæréntes loqui ei. Dixit autem ei quidam : Ecce, mater tua et fratres tui foris stant, quæréntes te. At ipse respóndens dicénti sibi, ait : Quæ est mater mea, et qui sunt fratres mei ? Et exténdens manum in discípulos suos, dixit : Ecce mater mea et fratres mei. Quicúmque enim fécerit voluntátem Patris mei, qui in cælis est : ipse meus frater et soror et mater est. | En ce temps-là : quelques-uns des scribes et des Pharisiens prirent la parole et dirent : « Maître, nous voudrions voir un signe de vous. » Il leur répondit : « Une génération mauvaise et adultère réclame un signe : il ne lui sera donné d’autre signe que le signe du prophète Jonas. Car de même que Jonas fut trois jours et trois nuits dans le ventre du poisson, ainsi le Fils de l’homme sera dans le sein de la terre trois jours et trois nuits. Les hommes de Ninive se dresseront, au (jour du) jugement, avec cette génération et la feront condamner, car ils ont fait pénitence à la prédication de Jonas, et il y a ici plus que Jonas. La reine du Midi se lèvera au (jour du) jugement, avec cette génération et la fera condamner, car elle est venue des extrémités de la terre pour entendre la sagesse de Salomon, et il y a ici plus que Salomon. Lorsque l’esprit impur est sorti d’un homme, il va par des lieux arides, cherchant du repos, et il n’en trouve point. Alors il dit : « Je retournerai dans ma maison, d’où je suis sorti. » Et revenu, il la trouve libre, nettoyée et ornée. Alors il s’en va prendre avec lui sept autres esprits plus mauvais que lui, et, étant entrés, ils y fixent leur demeure, et le dernier état de cet homme devient pire que le premier. Ainsi en sera-t-il pour cette génération mauvaise. » Comme il parlait encore aux foules, voici que sa mère et ses frères se tenaient dehors, cherchant à lui parler. Quelqu’un lui dit : « Voici votre mère et vos frères qui se tiennent dehors, et ils cherchent à vous parler. » Il répondit à l’homme qui lui disait cela : « Qui est ma mère et qui sont mes frères ? » Et étendant la main vers ses disciples, il dit : « Voici ma mère et mes frères. Car quiconque fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux, celui-là est pour moi frère, sœur et mère. » |
Ant. ad Offertorium. Ps. 118, 47 et 48. | Offertoire |
Meditábor in mandátis tuis, quæ diléxi valde : et levábo manus meas ad mandáta tua, quæ diléxi. | Je méditerai sur vos commandements, car je les aime, et je lèverai mes mains vers vos commandements que j’aime. |
Secreta. | Secrète |
Hóstias tibi, Dómine, placatiónis offérimus : ut et delícta nostra miserátus absólvas, et nutántia corda tu dírigas. Per Dóminum. | Nous vous présentons, Seigneur, des hosties de propitiation afin que dans votre miséricorde, vous nous pardonniez nos fautes et que vous dirigiez nos cœurs chancelants. |
Præfatio de Quadragesima. | Préface du Carême . |
Ant. ad Communionem. Ps. 5, 2-4. | Communion |
Intéllege clamórem meum : inténde voci oratiónis meæ, Rex meus et Deus meus : quóniam ad te orábo, Dómine. | Comprenez mon cri. Soyez attentifs à la voix de ma prière, mon roi et mon Dieu, car c’est vous que je prierai, Seigneur. |
Postcommunio. | Postcommunion |
Tui, Dómine, perceptióne sacraménti, et a nostris mundémur occúltis, et ab hóstium liberémur insídiis. Per Dóminum. | Seigneur, que par la réception de votre sacrement, nous soyons purifiés de nos péchés cachés et délivrés des embûches que nous tendent nos ennemis. |
Super populum : Orémus. Humiliáte cápita vestra Deo. | Sur le peuple : Prions. Humiliez vos têtes devant Dieu. |
Oratio. | Prière |
Mentes nostras, quǽsumus, Dómine, lúmine tuæ claritátis illústra : ut vidére póssimus, quæ agénda sunt ; et, quæ recta sunt, agere valeámus. Per Dóminum nostrum. | Eclairez nos âmes par la clarté de votre lumière, nous vous en supplions, Seigneur, afin que nous puissions voir ce que nous devons faire et que nous ayons la force d’accomplir ce qui est juste. |
Dom Guéranger, l’Année Liturgique
Au jeûne quadragésimal vient se joindre aujourd’hui celui des Quatre-Temps. Vendredi et Samedi, nous aurons pareillement un double motif de pratiquer la pénitence. C’est la saison du printemps qu’il s’agit de consacrer à Dieu, lui en offrant les prémices dans le jeune et la prière ; c’est l’ordination des Prêtres et des Ministres sacrés sur laquelle il faut appeler les bénédictions d’en haut. Ayons donc un souverain respect pour ces trois jours.
Jusqu’au XIe siècle, le jeûne des Quatre-Temps du Printemps fut attaché à la première semaine de mars, et ceux de l’Été à la seconde semaine de juin. Un décret de saint Grégoire VII les fixa aux époques où nous les célébrons aujourd’hui : les Quatre-Temps du Printemps à la première semaine de Carême, et ceux de l’Été à la semaine de la Pentecôte.
La Station est aujourd’hui dans la Basilique de Sainte-Marie-Majeure. Honorons la Mère de Dieu, refuge des pécheurs, et prions-la d’offrir elle-même à notre juge l’humble tribut de nos satisfactions.
LEÇONS.
L’Église, qui, dans les Mercredis des Quatre-Temps, nous offre toujours deux lectures de la sainte Écriture, à la place de l’Épître de la Messe, réunit aujourd’hui les deux grands types du Carême dans l’Ancien Testament, Moïse et Elie, afin de relever dans nos pensées la dignité du jeûne quadragésimal, auquel Jésus-Christ lui-même est venu donner un caractère plus sacré encore, en réalisant dans sa personne ce que la Loi et les Prophètes n’avaient accompli qu’en figure.
Moïse et Elie jeûnent quarante jours et quarante nuits, parce qu’ils vont s’approcher de Dieu. Il faut que l’homme s’épure, qu’il se dégage du poids du corps, s’il veut se mettre en rapport avec celui qui est l’Esprit. Néanmoins, la vision de Dieu dont furent favorisés ces deux saints hommes fut très imparfaite : ils sentirent que le Seigneur était près d’eux, mais ils ne virent pas sa gloire. Depuis, le Seigneur s’est manifesté dans la chair, et l’homme l’a vu, il l’a entendu, il l’a touché de ses mains [7]. Nous ne sommes pas du nombre de ces heureux mortels qui conversèrent avec le Verbe de vie ; mais, dans la divine Eucharistie, il fait plus que de se laisser voir : il entre en nous, il devient notre substance. Le plus humble fidèle dans l’Église possède Dieu plus pleinement que Moise sur le Sinaï, et Elie sur Horeb. Ne soyons donc pas étonnés si l’Église, pour nous préparer à cette faveur, dans la fête de Pâques, veut que nous traversions auparavant une épreuve de quarante jours, mais beaucoup moins rigoureuse que celle qui fut pour Moise et Elie la condition de la grâce que Jéhovah daigna leur faire.
ÉVANGILE.
Le Sauveur dénonce à Israël les châtiments qui l’attendent pour son aveuglement volontaire et pour la dureté de son cœur. Israël veut des prodiges pour croire ; il en est entouré, et il ne les voit pas. Tels sont les hommes de nos jours. Pour reconnaître le christianisme comme divin, il leur faudrait des preuves ; et cependant l’histoire est ouverte devant eux. Les événements présents rendent aussi leur témoignage ; mais rien ne les réveille. Ils s’en tiennent à leurs systèmes toujours déçus, et ils n’arriveront à comprendre que l’Église catholique est le fondement de la société, qu’au jour où la société qu’ils ont isolée eux-mêmes de l’Église s’écroulera dans l’abîme creusé par leurs mains. « Génération perverse et adultère », dit le Seigneur, contre laquelle s’élèveront les peuples infidèles qui n’ont point connu les institutions chrétiennes, et qui les eussent peut-être aimées et conservées. Craignons le sort des Juifs, auxquels le siège de Jérusalem, sa ruine même, ne purent ouvrir les yeux, et qui restent encore fidèles aux illusions de leur orgueil après un esclavage de dix-huit siècles. Au milieu des périls de la société, que les enfants de l’Église comprennent aussi leur responsabilité. Qu’ils se demandent pourquoi les sages du monde, les politiques de ce monde, ont cessé de compter avec eux ? Pourquoi, aujourd’hui encore, ces hommes ont tant de peine à apercevoir quelque part l’élément catholique ? C’est que les catholiques avaient délaissé l’Église et ses saintes pratiques. Chaque jour, une solitude plus grande se faisait remarquer dans nos Églises, les sacrements n’étaient plus fréquentés, le Carême n’était plus qu’un mot sur le calendrier.
Revenons non seulement à la foi de nos pères, mais à l’observation des lois chrétiennes : c’est alors que le Seigneur aura pitié de son peuple infidèle, à cause des justes qui seront dans son sein. L’apostolat de l’exemple produira ses fruits ; et si un faible faisceau de fidèles fut pour les peuples de l’empire romain ce levain dont parle le Sauveur, qui fait fermenter toute la pâte [8] : au milieu d’une société qui conserve encore plus d’éléments catholiques qu’elle ne le pense, notre zèle à confesser et à pratiquer les devoirs de la milice chrétienne ne demeurera point sans résultat.
L’Église grecque nous fournira aujourd’hui ces pieuses stances sur le jeûne, que nous empruntons à son Triodion.
Feria II Hebbdomadae IIae Jejuniorum.
Le jeûne aidé de la prière est une armure admirable ; c’est lui qui fit de Moïse un législateur, et d’Elie un zélateur, au milieu des sacrifices. Observons-le avec fermeté, ô fidèles ; crions au Sauveur : Nous avons péché contre toi seul, aie pitié de nous.
Jeûnons d’un jeûne spirituel, rompons les filets du tortueux serpent ; éloignons-nous de la perversité du mauvais exemple ; remettons à nos frères ce qu’ils nous doivent, afin que nos propres péchés nous soient remis ; c’est ainsi que nous pourrons dire : Seigneur, notre prière s’élève vers toi comme l’encens.
Agneau de Dieu, seul bon, source de miséricorde, qui par ton divin pouvoir ôtes les péchés du monde, je suis agité des tempêtes du péché, sauve-moi, et conduis-moi dans les sentiers de la pénitence.
Le vrai jeûne, c’est la fuite du péché, la rupture des affections perverses, la charité envers Dieu, le zèle de la prière, les larmes de la componction, le soin des pauvres, comme le Christ ordonne dans les Écritures.
Bienfaisant médecin de nos âmes, guéris la mienne blessée du glaive du péché, mise en lambeaux par mes nombreux crimes ; applique-moi le remède de tes sages commandements, Sauveur plein de clémence !
Le temps du jeûne convient à la componction : livrons-nous aux pleurs, gémissons, tendons nos mains vers l’unique Rédempteur, afin qu’il sauve nos âmes.
Qu’il me soit donné d’éteindre tous mes mauvais penchants, de concevoir ton amour, ô Christ ! De m’enrichir de tes dons divins, bon Jésus ! De me livrer à ton service.
Vois, mon âme, sois attentive, de peur que, tout en jeûnant, tu ne remplaces l’intempérance par les injures, les inimitiés, les rixes contre le prochain, et que tu ne te sépares de Dieu par ta négligence.
O mon Christ ! Comment soutiendrai-je ta colère, quand tu viendras pour juger ? Que répondrai-je, ô Christ ! Moi qui n’ai pas accompli tes préceptes ? Pardonne-moi avant ma sortie de ce monde.
Arrache mon âme, Seigneur, à la tyrannie des passions, afin que, rendu à la liberté, j’accomplisse ta volonté avec joie, et que je glorifie ta puissance dans les siècles.
Déteste, ô mon âme, l’intempérance d’Ésaü, imite les vertus de Jacob, remplace Bélial par l’abstinence, amasse un trésor divin et loue Dieu à jamais.
Accorde-nous, ô Christ miséricordieux ! de traverser sans aucune tempête la mer tranquille du jeûne, afin que nous arrivions au port de la Résurrection pour célébrer à jamais ta gloire.
Source : https://www.introibo.fr/Mercredi-des-Quatre-Temps-1ere
Voir aussi :