Ne vous amassez pas des trésors sur la terre, où les voleurs percent les murs et dérobent. Mais amassez-vous des trésors dans le ciel, où ni la teigne ni les vers ne consument, et où les voleurs ne percent pas les murs ni ne dérobent. Car là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur.
Matth. 6, 16-21
La messe des cendres
Convertissez-vous et vivez ! (Ez 18, 32) Le Mercredi des Cendres marque le début du carême, cette période de 40 jours qui nous sépare de la Semaine sainte et de Pâques. Il est caractérisé ; comme le dit son nom, par l’imposition des cendres sur la tête de chaque chrétien.

Ce rite signifie que, durant la période du carême qui s’ouvre, nous avons à nous détourner de nos fautes, à renoncer à nos égoïsmes , à nos petitesses, à nos violences aussi, pour nous tourner vers celui qui nous en guérit et qui s’apprête, pour ce faire, à mourir sur la croix. C’est pour cela aussi que ce jour du mercredi des Cendres est un jour important : c’est le premier pas qui accompagne ceux du Christ vers sa Passion, sa mort et sa résurrection.
L’imposition des cendres : une invitation à se convertir
Pour les chrétiens, l’imposition des cendres est avant tout, un rite pénitentiel. Ce jour là, sont invités à être plus attentifs à la Parole de Dieu, à mieux aimer, à reconnaître leurs fautes et à faire pénitence par des privations.
Les cendres que l’on utilise pour la célébration sont faites en brûlant les rameaux bénis au dimanche des rameaux de l’année précédente. Le feu qui brûle le rameau évoque le feu de l’amour qui doit réduire en cendre tout ce qui est péché.
Après l’homélie, le prêtre bénit les cendres puis impose les cendres sur le front de ceux qui s’approchent en disant “Convertis- toi et crois à l’Évangile” ou bien “Souviens-toi que tu es poussière et que tu retourneras en poussière“.
Même si les cendres sont imposées sur le front ou la tête (qui est le siège de l’intelligence et de la pensée), c’est aussi le cœur qui est visé. Les paroles que le célébrant prononce, invitent le croyant à se rappeler sa fragilité, à s’interroger sur sa destinée, à se convertir, c’est-à-dire à remettre sa vie en conformité avec l’Évangile. C’est tout l’enjeu du Carême. C’est ce que nous rappelle la première lecture du mercredi des Cendres (Joël 2, 13) : « Déchirez vos cœurs et non pas vos vêtements, et revenez au Seigneur votre Dieu, car il est tendre et miséricordieux, lent à la colère et plein d’amour, renonçant au châtiment. ».
La signification des cendres
Ce geste vient de la tradition juive ; il fut repris ensuite dès le début de l’Église. Se couvrir de cendres ou s’asseoir sur la cendre en signe de pénitence est une pratique souvent rapportée dans l’Ancien Testament. A la suite de la prédication de Jonas, le roi de Ninive « s’assoit sur la cendre » (Jonas 3, 6). En 2 Samuel 13, 19, Tamar « prend de la cendre et s’en couvre la tête ».
Quand l’homme se recouvre de cendres, c’est qu’il veut montrer à Dieu qu’il reconnaît ses fautes. Par voie de conséquence, il demande à Dieu le pardon de ses péchés : il fait pénitence. Dans la Bible, La cendre évoque donc la faiblesse de l’homme (cf. Genèse 3, 19 “Souviens-toi que tu es poussière…”), elle évoque aussi le péché et la fragilité de l’homme (cf. Sagesse 15, 10 ; Ézéchiel 28, 18 ; Malachie 3, 21) et son regret du péché (cf. Judith 4, 11-15 ; Ézéchiel 27, 30).
À l’origine de l’Église, seuls ceux qui avaient gravement péché recevaient “le sac et la cendre” pour se vêtir durant le temps de pénitence qui préparait à leur réintégration dans la communauté chrétienne. Puis, à partir du Xe siècle, ce geste s’est étendu à tous les fidèles, marquant ainsi le début d’une démarche de conversion, de retournement et d’effort sur soi pour se tourner vers le Seigneur (c’est le sens du mot pénitence).
La cendre est le fruit du feu qui brûle elle renferme le symbole de la purification, elle constitue un rappel de la condition de notre corps qui, après la mort, se décompose et devient poussière…mais cette cendre est destinée à la résurrection. Ainsi, les cendres nous rappellent que nous ne sommes que poussière mais aussi que, par sa mort et sa résurrection, le Christ nous ouvre les portes de son Royaume. Lui qui a remporté la victoire, nous assiste dans notre combat « contre l’esprit du mal », pour que nous puissions vivre une « vie nouvelle ». Le signe de la mort (les cendres proviennent des rameaux de l’année précédente) devient celui de la vie. C’est pourquoi, en bénissant les cendres, le célébrant dit :
« Seigneur notre Dieu, toi qui ne veux pas la mort du pécheur mais sa conversion, dans ta bonté, exauce notre prière ; bénis les cendres dont nous serons marqués, nous qui venons de la terre et devons retourner à la terre. En nous appliquant à observer le Carême, puissions-nous obtenir le pardon de nos péchés et vivre de la vie nouvelle à l’image de ton Fils ressuscité ».
Textes de la messe
Cérémonie riche de significations et de leçons salutaires, par laquelle le prêtre, à l’entrée du temps de la pénitence impose les cendres en signe de croix sur la tête de tous les chrétiens, jeunes ou vieux, riches ou pauvres, utilisant les paroles même de Dieu à Adam après la chute : Tu est poussière, ô homme, et tu retourneras en poussière.
Revêtu de la chape violette ou sans chasuble, les prêtre monte à l’autel. Sur l’autel on a placé un ou plusieurs vases contenant les cendres des rameaux, bénis l’année précédente.
Ad Missam | Messe |
Ant. ad Introitum. Sap, 11, 24, 25 et 27. | Introït |
Miseréris ómnium, Dómine, et nihil odísti eórum quæ fecísti, dissímulans peccáta hóminum propter pæniténtiam et parcens illis : quia tu es Dóminus, Deus noster. | Vous avez pitié de tous, Seigneur, et vous ne haïssez rien de tout ce que vous avez fait, et vous dissimulez les péchés des hommes à cause du repentir et vous leur pardonnez, car vous êtes le Seigneur notre Dieu. |
Ps. 56, 2. | |
Miserére mei, Deus, miserére mei : quóniam in te confídit ánima mea. | Ayez pitié de moi, ô Dieu, ayez pitié de moi, car mon âme a confiance en vous. |
V/.Glória Patri. | |
Oratio. | Collecte |
Præsta, Dómine, fidélibus tuis : ut ieiuniórum veneránda sollémnia, et cóngrua pietáte suscípiant, et secúra devotióne percúrrant. Per Dóminum. | Accordez, Seigneur, à vos fidèles, d’entreprendre avec la piété convenable, la pratique de ces jeûnes vénérables et solennels et d’en parcourir la carrière avec une dévotion que rien ne puisse troubler. |
Léctio Ioélis Prophétæ. | Lecture du prophète Joël. |
Iœl. 2, 12-19. | |
Hæc dicit Dóminus : Convertímini ad me in toto corde vestro, in ieiúnio, et in fletu, et in planctu. Et scíndite corda vestra, et non vestiménta vestra, et convertímini ad Dóminum, Deum vestrum : quia benígnus et miséricors est, pátiens, et multæ misericórdiæ, et præstábilis super malítia. Quis scit, si convertátur, et ignóscat, et relínquat post se benedictiónem, sacrifícium et libámen Dómino, Deo vestro ? Cánite tuba in Sion, sanctificáte ieiúnium, vocáte cœtum, congregáte pópulum, sanctificáte ecclésiam, coadunáte senes, congregáte parvulos et sugéntes úbera : egrediátur sponsus de cubíli suo, et sponsa de thálamo suo. Inter vestíbulum et altare plorábunt sacerdótes minístri Dómini, et dicent : Parce, Dómine, parce pópulo tuo : et ne des hereditátem tuam in oppróbrium, ut dominéntur eis natiónes. Quare dicunt in pópulis : Ubi est Deus eórum ? Zelátus est Dóminus terram suam, et pepércit pópulo suo. Et respóndit Dóminus, et dixit populo suo : Ecce, ego mittam vobis fruméntum et vinum et óleum, et replebímini eis : et non dabo vos ultra oppróbrium in géntibus : dicit Dóminus omnípotens. | Voici ce que dit le Seigneur : revenez à moi de tout votre coeur, avec des jeûnes avec des larmes et des lamentations. Déchirez vos coeurs, et non vos vêtements, et revenez au Seigneur, votre Dieu ; car il est miséricordieux et compatissant, lent à la colère et riche en bonté, et il s’afflige du mal qu’il envoie. Qui sait s’il ne reviendra pas et ne se repentira pas, et s’il ne laissera pas après lui une bénédiction, l’offrande et la libation pour le Seigneur, notre Dieu ? Sonnez de la trompette en Sion, publiez un jeûne, convoquez une assemblée. Assemblez le peuple, publiez une sainte réunion, rassemblez les vieillards, réunissez les enfants et les nourrissons à la mamelle. Que le nouvel époux quitte sa chambre, et l’épouse son pavillon. Qu’entre le portique et l’autel, les prêtres, ministres du Seigneur, pleurent, et qu’ils disent : « Seigneur, épargnez votre peuple, et ne livrez pas votre héritage à l’opprobre, pour être l’objet des moqueries des nations. Pourquoi dirait-on parmi les peuples Où est leur Dieu ? » Le Seigneur a été ému de jalousie pour son pays, et il a eu pitié de son peuple. Le Seigneur a répondu et dit à son peuple : Voici que je vais vous envoyer le blé, le vin nouveau et l’huile, et vous en serez rassasiés et je ne ferai plus de vous un sujet d’opprobre parmi les nations. C’est ce que dit le Seigneur tout-puissant. |
Graduale. Ps. 56, 2 et 4. | Graduel |
Miserére mei, Deus, miserére mei : quóniam in te confídit ánima mea. | Ayez pitié de moi, ô Dieu, ayez pitié de moi, car mon âme a confiance en vous. |
V/. Misit de cælo, et liberávit me, dedit in oppróbrium conculcántes me. | Il a envoyé du ciel son secours et il m’a délivré ; il a couvert d’opprobre ceux qui me foulaient aux pieds. |
Sequens Tractus dicitur in Missis de Feria II, IV et VI usque ad Feriam IV Maioris Hebdomadæ inclusive, præterquam Feria IV Quatuor Temporum. | Le Trait suivant est dit aux messes des lundis, mercredis et vendredis jusqu’au mercredi de la Semaine Sainte inclu sauf au mercredi des Quatre-Temps |
Tractus. Ps. 102, 10. | |
Dómine, non secúndum peccáta nostra, quæ fécimus nos : neque secúndum iniquitátes nostras retríbuas nobis. | Seigneur, ne nous traitez pas selon nos péchés, et ne nous punissez pas selon nos iniquités. |
V/.Ps. 78, 8-9. Dómine, ne memíneris iniquitátum nostrarum antiquarum : cito antícipent nos misericórdiæ tuæ, quia páuperes facti sumus nimis. | Seigneur, ne vous souvenez plus de nos anciennes iniquités ; que vos miséricordes viennent en hâte au-devant de nous, car nous sommes réduits à la dernière misère. |
(Hic genuflectitur) V/. Adiuva nos, Deus, salutáris noster : et propter glóriam nóminis tui, Dómine, libera nos : et propítius esto peccátis nostris, propter nomen tuum. | Aidez-nous, ô Dieu notre Sauveur, et pour la gloire de votre nom, Seigneur, délivrez-nous et pardonnez-nous nos péchés, à cause de votre nom. |
+ Sequéntia sancti Evangélii secundum Matthǽum. | Lecture du Saint Evangile selon saint Mathieu. |
Matth. 6, 16-21. | |
In illo témpore : Dixit Iesus discípulis suis : Cum ieiunátis, nolíte fíeri, sicut hypócritæ, tristes. Extérminant enim fácies suas, ut appáreant homínibus ieiunántes. Amen, dico vobis, quia recepérunt mercédem suam. Tu autem, cum ieiúnas, unge caput tuum, et fáciem tuam lava, ne videáris homínibus ieiúnans, sed Patri tuo, qui est in abscóndito : et Pater tuus, qui videt in abscóndito, reddet tibi. Nolíte thesaurizáre vobis thesáuros in terra : ubi ærúgo et tínea demólitur : et ubi fures effódiunt et furántur. Thesaurizáte autem vobis thesáuros in cælo : ubi neque ærúgo neque tínea demólitur ; et ubi fures non effódiunt nec furántur. Ubi enim est thesáurus tuus, ibi est et cor tuum. | En ce temps-là, Jésus dit à ses disciples : lorsque vous jeûnez, ne prenez pas un air sombre, comme les hypocrites, qui exténuent leur visage, pour faire paraître aux hommes qu’ils jeûnent ; en vérité, je vous le dis, ils ont reçu leur récompense. Pour toi, quand tu jeûnes, parfume ta tête et lave ton visage, afin qu’il ne paraisse pas aux hommes que tu jeûnes, mais à ton Père qui est présent dans le secret ; et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra. Ne vous amassez pas des trésors sur la terre, où les voleurs percent les murs et dérobent. Mais amassez-vous des trésors dans le ciel, où ni la teigne ni les vers ne consument, et où les voleurs ne percent pas les murs ni ne dérobent. Car là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur. |
Ant. ad Offertorium. Ps. 29,2-3. | Offertoire |
Exaltábo te, Dómine, quóniam suscepísti me, nec delectásti inimícos meos super me : Dómine, clamávi ad te, et sanásti me. | Je vous exalterai, Seigneur, parce que vous m’avez relevé et que vous n’avez pas réjoui mes ennemis à mon sujet. Seigneur, j’ai crié vers vous et vous m’avez guéri. |
Secreta. | Secrète |
Fac nos, quǽsumus, Dómine, his munéribus offeréndis conveniénter aptári : quibus ipsíus venerábilis sacraménti celebrámus exórdium. Per Dóminum. | Nous vous en supplions, Seigneur, faites que nous soyons préparés comme il convient à vous offrir ces dons avec lesquels nous célébrons l’institution de ce vénérable sacrement. |
Præfatio de Quadragesima ; quæ dicitur usque ad Sábbatum ante Dominicam Passionis inclusive, iuxta Rubricas.. | Préface du Carême jusqu’au samedi avant le dimanche de la Passion inclus, selon les rubriques. |
Ant. ad Communionem. Ps. 1, 2 et 3. | Communion |
Qui meditábitur in lege Dómini die ac nocte, dabit fructum suum in témpore suo. | Celui qui médite jour et nuit la loi du Seigneur donnera du fruit en son temps. |
Postcommunio. | Postcommunion |
Percépta nobis, Dómine, prǽbeant sacraménta subsídium : ut tibi grata sint nostra ieiúnia, et nobis profíciant ad medélam. Per Dóminum nostrum. | Que les sacrements que nous avons reçus nous donnent, Seigneur, le secours, afin que nos jeûnes vous soient agréables, et servent à notre guérison. |
¶ Deinde Sacerdos absolute dicit : Orémus. Et Diaconus (si in officio Diaconatus serviat) versus ad populum, iunctis manibus, dicit : Humiliáte cápita vestra Deo.Alioquin ipse Sacerdos, stans in eodem loco ante librum, et non vertens se ad populum. | ¶ Ensuite le prêtre dit : Prions.Et le diacre (s’il accomplit son office) tourné vers le peuple, les mains jointes, dit : Humiliez vos têtes devant Dieu. Autrement, c’est le prêtre lui-même, debout au même endroit devant le livre et sans se tourner vers le peuple qui le dit. |
Oratio. | |
Inclinántes se, Dómine, maiestáti tuæ, propitiátus inténde : ut, qui divíno múnere sunt refécti, cæléstibus semper nutriántur auxíliis. Per Dóminum. | Jetez un regard favorable, ô Seigneur, sur ceux qui s’inclinent devant votre majesté, afin que ceux qui ont été nourris de vos dons divins soient toujours soutenus par les secours célestes. |
Source : https://www.introibo.fr/Mercredi-des-Cendres#inter2
Nous devons passer dignement et saintement le carême. Notre Seigneur attire notre attention sur l’inutilité d’une pénitence accomplie par vanité. Il nous fait comprendre la futilité des biens terrestres, et exige de placer notre cœur dans les trésors impérissables des biens célestes. (Missel romain)
Voir aussi :