6 décembre, fête de la Saint-Nicolas

Calendrier traditionnel

6 décembre : Saint Nicolas

Jean-Louis Ragot

Il montra dès le berceau un fort penchant pour le jeûne en ne tétant sa nourrice qu’une seule fois par jour. Orphelin à l’adolescence, il donna ses biens aux pauvres, dota trois filles pour les sauver de la prostitution, ressuscita trois enfants, prédit et fit cesser une tempête lors d’un voyage en Palestine… On remarque en particulier sa prodigalité dans l’aumône. Ses reliques se trouvent à Bari et au Monte Gargano, en Italie.Dans le nord de l’Europe, en Suisse et en Autriche, dans l’est et le nord de la France, c’est la fête des enfants, des cadeaux leur sont distribués. “C’est à cause des cadeaux qu’il fit aux trois pucelles qu’il est devenu le distributeur des cadeaux de Noël : […] il les laisse tomber dans les souliers par le tuyau de la cheminée (1).” Comme saint Martin, saint Nicolas aurait repris les attributs d’Odin, en remplaçant son chapeau par une mitre, son bâton par une crosse, sa cape est devenue pourpre et son cheval blanc est devenu un âne. La nuit du 5 au 6 décembre, saint Nicolas (santa Claus) vient déposer ses cadeaux dans les souliers des enfants. Il monte un âne gris ou blanc et a pour compagnon le père Fouettard qui punit les enfants désobéissants. Le saint vient pour récompenser et pour punir. Des émigrants allemands ont introduit Santa Claus aux États-Unis, à Santa Claus, Indiana. Le Père Noël actuel, qui vient des U.S.A., est représenté vêtu de rouge avec des rebords blancs. Même si ces couleurs peuvent rappeler le soleil levant sur la neige, il symbolise amèrement la récupération marchande de nos fêtes solsticiales, puisque cette tenue provient d’une publicité pour un soda à base de caféine qui a envahi le monde entier. L’Église, a vu là pertinemment une tentative de désacraliser Noël, pour en faire la grande kermesse consumériste profane que nous connaissons aujourd’hui. Le Père Noël moderne rentre cependant dans la symbolique de Noël. Voyageant dans les airs, dans un traîneau tiré par des rennes, et portant sur son dos la hotte contenant les cadeaux, il est le continuateur de ceux qui l’ont précédé. Cette hotte pleine est le symbole d’une abondance offerte aux hommes par les dieux, alors que la terre ne donne plus rien. Il faut la rapprocher du sein rempli de lait que nous avons rencontré plus haut. La fête de sainte Brigitte, qui favorise la lactation, correspond à l’Imbolc celtique, le 1er février. Bolc signifie “sac”. Le sac, la hotte, le bagage est aussi un symbole important, il représente la notion de patrimoine : génétique, matériel, culturel, spirituel. Il symbolise aussi la poche matricielle de la terre, de la mère, de la Vierge. On trouve d’autres porteurs de cadeaux dans les traditions Européennes. C’est le cas de la fée Béfana, en Italie, qui exerce ses fonctions le 6 décembre. Mais il existe aussi, en Allemagne, un autre personnage féminin rendu célèbre par les frères Grimm : Frau Holle. Cette fée vit dans les montagnes et ses activités sont celles qui sont interdites le jour de Sainte Lucie : filer, faire la lessive, cuire le pain… Lorsqu’elle distribue les cadeaux (et les punitions), elle est accompagnée d’un cortège d’enfants morts en bas âge. Est-elle une sorte d’Odin au féminin ? De plus, elle accompagne parfois saint Nicolas lors de sa tournée annuelle. Frau Holle est la transposition infantile de la déesse germanique Holda. La tradition des cadeaux de Noël remonte elle aussi à l’Antiquité. Elle est associée dans nos croyances populaires à des personnages imaginaires. A Rome au moment des Saturnales, ainsi qu’aux calendes de janvier, on se donnait des présents qui portaient le nom de strenae (d’où le mot “étrennes”). Strenae viendrait de Strenia une déesse mineure patronnant les oliveraies. Le cadeau que l’on s’offrait était un rameau d’olivier. Les cadeaux de Noël, comme la composition du menu du “gros souper” étaient, à l’origine, symboliques. C’était le cas notamment de l’orange de Noël dont la forme et la couleur rappellent le soleil levant. Tenant dans la main, l’orange peut être considérée comme un petit soleil, un solellet qui vient de naître, comme le sol natalis de la religion des Anciens, devenu l’Enfant-Jésus, tout aussi solaire. La Germanie a sans nul doute connu de telles pratiques puisque nos croyances populaires ont conservé ces personnages imaginaires porteurs de cadeaux qui remontent à des divinités de la fertilité et de la fécondité. L’Église, en voulant interdire ces pratiques païennes, s’est heurtée à un mur culturel inébranlable. Le marchand a su détourner la tradition des cadeaux à son bénéfice profane. L’Église a d’ailleurs à sa disposition trois porteurs de cadeaux que les enfants espagnols connaissent bien : les Rois Mages, et un autre, encore plus important : l’Enfant-Jésus lui-même, le Christkindl, l’“enfant du blé”. Dans de nombreuses contrées européennes, notamment dans les Pyrénées, c’est lui qui distribue les cadeaux.Ainsi on peut constater qu’il existe une multitude de distributeurs de cadeaux solsticiaux : Saint Nicolas/santa Claus, la fée Befana, frau Holle, les Rois Mages, le Petit Jésus, le cochon du petit Jésus, et j’en oublie. Le Père Noël, c’est la pensée unique, le Père Noël des marchands, c’est la mondialisation, le Père Noël aux couleurs de Coca Cola, c’est la globalisation.

Jean-Louis Ragot

1 L. REAU, Iconographie, p. 979.

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