OM aux sources de l’univers et de la vie

Le premier des mantras, le Pravana Mantra, le son primordial d’où sont issues toutes les manifestations sonores, le « Nom naturel de Dieu », c’est OM. Il englobe et résume toute parole. Il est le « symbole d’ensemble de tous les sons possibles », unique vestige de la grande langue primitive naturelle (appelée Devanâni ) qui s’est perdue ou modifiée au cours des millénaires, il exprime la plus haute réalité spirituelle dans son aspect transcendant aussi bien qu’immanent, puisque, son universel, il est le substrat divin phonique qui tisse la trame de l’univers.

Dans le graphisme A U M, A représente le plan physique, U le plan mental, M le plan spirituel, mais il est également intéressant de noter que :

A est la voyelle initial de Asti = vivre

U de Utpatti = naissance

M de Mrityum = la mort

Or A U M n’est-il pas précisément le vocable qui résume et symbolise le fait que le vivant que nous sommes est un être promu à la mort physique, mais qu’il est invité à naître à une autre dimension dès ce monde?

AUM ou OM crée des vibrations qui modifient profondément les diverses enveloppes de notre corps, mais aussi notre psychisme et notre être spirituel.

Ce puissant mantra nous permet d’exprimer l’émotion profonde, l’incommunicable auquel le langage de l’homme ne peut donner forme. Il répartit harmonieusement le prana en nous, et crée des vibrations qui dissolvent nos peurs et nos passions auxquelles il substitue joie et sérénité.

En vertu du principe d’identité entre le nom et ce qu’il désigne, il n’y a pas de différence de nature entre OM et Bhraman (mot sanskrit qui désigne, dans la pensée hindoue, l’absolu dont tout procède, fondement et cause ultime de tout ce qui existe), entre OM et l’Univers. Le chant de ce mantra divinise donc le corps de l’homme et dilate sa conscience à des dimensions cosmiques. Aussi les trois lettres qui le composent représentent la totalité des expériences psychologiques qu’un être humain peut connaître.

A correspond à l’état de veille

U au sommeil avec rêve

M au sommeil profond

Le 4ème état, Turya , état transcendantal représente la réalisation spirituelle.

C’est donc bien la syllabe sacrée qui représente la parole dans sa pureté absolue et sa dimension cosmique.

Variations sur OM

Il est à noter que ce mantra, comme tous les mantras, peut également être chanté intérieurement dans le silence (ou « sur le souffle », voir plus bas) soit au début de la méditation si l’esprit est agité, soit au milieu si la somnolence intervient, soit à la fin pour pour « sceller la méditation ».

  1. Assis en posture méditative, inspirez profondément, relâchez les épaules (sans cette précaution les cordes vocales demeurent contractées et le son sort détimbré) et expirez en modulant longuement le son OM. Les lèvres entrouvertes se ferment doucement sur le M final qui renvoie les vibrations à l’intérieur du corps. Recommencez de trois à six fois au moins. Laissez votre mental s’absorber dans les vibrations puis recommencez en faisant une brève pause à la fin de l’inspir, puis une autre à la fin de l’expir durant laquelle vous écoutez le son se prolonger dans le silence.

2. Recommencez en sentant vibrer toute l’ossature de la cage thoracique à l’émission de OM et les nerfs crâniens durant la fermeture en M

3. Recommencez l’exercice en vous bouchant légèrement les narines. Vous sentez vibrer toute la partie antérieure du nez, les sinus maxillaires. Très rapidement vous sentirez votre nez se dégager et vos sinus se décongestionner.

4. Retournez la langue contre le palais, sa pointe sur la partie antérieure (dure) du palais. Percevez les vibrations dans les oreilles et à l’arrière de la boîte crânienne (3).

5. Placez la pointe de la langue contre les alvéoles dentaires, partie saillante située derrière les dents de la mâchoire supérieure. Les vibrations se feront sentir dans le haut du nez.

6. Arrondissez légèrement la langue et placez-là contre la partie médiane de la voûte du palais. Laissez-vous absorber par les vibrations dans le haut de la tête et plus particulièrement à l’emplacement de l’ancienne fontanelle, et au niveau des tempes.

7. Chantez le O seul. Avancez légèrement les lèvres et gonflez vos joues d’air. Sentez le vibrations dans la bouche et au niveau des lèvres.

8. Chantez le M seul, bouche fermée, lèvres bien décontractées et à peine posées l’une sur l’autre. Pour nasaliser au maximum le M, dilatez bien vos narines ce qui vous donne la sensation que le voile du palais se soulève dans la partie médiane, tandis qu’effectivement, la partie molle s’abaisse en direction de la langue, livrant passage à la colonne d’air vers les résonateurs supérieurs.

9. Intensifiez l’exercice précédent en prononçons mentalement O à l’inspiration. Bloquez le souffle, expirez lentement en « bourdonnant » le M, ayez soin, ce faisant, de bien sentir s’abaisser le voile du palais. Durant l’émission sonore, dirigez le souffle et les vibrations sur une partie du corps de votre choix. Bloquez le souffle à vide. Relâchez. Respirez profondément et recommencez l’exercice.

Concentrations mentales

  1. Chantez OM de six à douze fois ou davantage. Puis à nouveau de six à douze fois « sur le souffle ». Cette expression n’a pas du tout ici le sens qu’on lui attribue d’ordinaire dans l’art vocal. Il signifie chanter dans un murmure, une exhalaison, comme si on projetait l’air expiré pour former de la buée sur une vitre, afin que ce OM ne soit audible que pour celui seul qui le chante.

2. Chantez OM normalement en vous concentrant sur la correction de l’exécution à l’expir et sur l’audition mentale à l’inspir.

3. Faite alterner de trois en trois, ou de six en six la répétition à haute voix, puis mentale, de OM. Il s’agit en fait de reconstitue mentalement l’émission vocale. Excellent exercice de concentration qui correspond dans les drishti, à la fixation yeux ouverts d’un diagramme, puis à sa reconstitution les yeux fermés. Comme le drishti, le OM, pratiqué en alternance amène très rapidement au rassemblement, à la la paix intérieure, à la vacuité.

4. Chantez OM en visualisant un point au niveau de l’Ajna Chakra (entre les sourcils) puis agrandir progressivement ce point en cercles concentriques (de trois à six fois au minimum)

5. Refaites cet exercice en plaçant cette fois-ci le point au niveau de la bouche.

6. Revenez à l’Ajna chakra et émettez le son OM sur la gamme ascendante en une seule expiration, tandis que vous visualisez le cercle qui s’agrandit à chaque note.

7. Intensifiez l’exercice en enchaînant la gamme ascendante et la gamme descendante, tandis que les cercles s’agrandissent à l’inspir et se rétrécissent à l’expir, jusqu’au point initial. Toute la trajectoire sonore s’effectuera sur une seule respiration.

Projection des vibrations

  1. Chantez OM en sentant les vibrations tout le long de la colonne vertébrale, a) de haut en bas; b) de bas en haut.

2. Redressez bien votre dos, chaque vertèbre empilée sur la précédente, les cervicales bien étirées, menton contre gorge. Visualisez votre colonne vertébrale, droite comme un mât, et à l’intérieur de celle-ci, la moelle épinière dans laquelle le souffle va et vient comme dans un roseau. Laissez le souffle monter à l’inspiration, s’abaisser à l’expiration. Puis sonorisez-le en modulant à l’expir le son O, lentement, doucement, absorbez-vous dans le rythme, absorbez-vous dans les vibrations que vous sentez se propager en ondes successives de haut en bas. Puis recommencez en inversant et en faisant monter les vibrations à l’expir dans ce tube qu’est devenu votre moelle épinière.

3. Modulez longuement OM sur le rythme ample de votre respiration en vous concentrant sur les vibrations de la base du sternum jusqu’à à la gorge sur O et de la gorge au sommet de la tête sur M. Nasalisez bien la consonne, narines dilatées, voûte du palais tombant.

4. Dirigez les vibrations, durant l’émission de OM, sucessivement sur le pied droit, le pied gauche, la jambe droite, la jambe gauche, la cuisse droite, la cuisse gauche, l’abdomen, la poitrine, tout le bas du dos, tout le haut du dos, la main droite, la main gauche, la nuque, le cou, le menton, les lèvres, la joue droite, la joue gauche, les tempes, le front, tout le cuir chevelu, tout le corps.

Concentrez-vous sur la sensation de détente physique profonde et de vide mental qui suit l’exercice et surtout sentez votre corps tout entier empli des vibrations du Nom Divin qu’il a captées.

5. Faites le même exercice en dirigeant successivement les vibrations sur les différents organes de votre corps. Tournez votre conscience à l’intérieur de vous-même, immobilisez-la dans votre cerveau.

Chantez OM, sentez bien la cage thoracique vibrer et dirigez lentement, doucement, les vibrations sur la masse encéphalique (de trois à six fois).

Intériorisez-vous sur votre coeur. Pénétrez à l’intérieur de celui-ci. Prenez conscience de ses battements. Chantez OM et représentez-vous les ondes se propageant à l’intérieur des cavités cardiaques (de trois à six fois).

Dirigez à l’expir votre souffle et le son successivement sur le poumon gauche, le poumon droit, l’eosophage, l’estomac, le foie, la rate, le pancréas, l’intestin grêle, le gros intestin, les reins, la vessie, les organe génitaux.

Exécuter ces exercices sans forcer, à votre rythme respiratoire, en prenant conscience de l’amplitude de l’inspiration après chaque émission sonore.

Après avoir revitaliser chaque organe, faites un léger temps de pause durant lequel vous vous intériorisez sur la sensation de chaleur et les phénomènes vibratoires qui émanent de celui-ci.

6. Respirez lentement, profondément, en vous laissant absorber par le rythme de votre souffle. Faites une légère pause à la fin de l’inspir puis expirez lentement en émettant la syllabe OM et en dirigeant le flux sonore sur les os du crâne puis successivement sur les os du bras droit, du bras gauche, de la jambe droite, de la jambe gauche, sur la cage thoracique, le bassin et enfin les vertèbres par segments : les cervicales, les dorsales, les lombaires, le sacrum le coccyx. Si vous disposez de plus de temps, vous pouvez entrer dans le détail et revitaliser les vertèbres, les os des membres, etc. un par un.

Avant chaque expiration, prenez bien conscience de partie osseuse à régénérer, pénétrez-là, sentez du dedans sa substance interne, sa consistance, la vie qui y palpite en dépit de son aspect extérieur froid et minéral.

7. Vous pouvez enfin utiliser OM pour vitaliser une partie déterminée de votre corps ou y faire disparaître une sensation douloureuse. Dans ce cas, visualisez bien la zone concernée sur laquelle vous chantez OM en créant la sensation de dilatation à l’inspir et de rétraction à l’expiration.

8. Enfin, pour clore cette série, voici un exercice plus difficile d’exécution qui consiste à émettre OM sur l’expir et HUM, sa contrepartie négative, à l’inspir (non pas mentalement, mais effectivement).

Pour chanter à l’inspir, aussitôt le « OU » de HUM prononcé, fermez les lèvres et continuez à aspirer le son en tirant vers le haut, la partie médiane de la voûte du palais, tandis que le voile (partie molle) se relâche et descend vers le bas (répétez de trois à six fois ou plus).

Exercices de groupe

  1. Assis en cercle, les participants chantent OM en dirigeant successivement les vibrations sur chaque personne. Celle-ci se met en état de réceptivité profonde et se laisse pénétrer et irradier par le faisceau vibratoire.

2. Assis en cercle, tenez-vous les mains, chantez OM en sentant les vibrations parcourir tout le cercle de main en main.

3. Toujours en cercle, mais les uns derrière les autres, les mains sur les épaules du partenaire assis devant soi, émettre OM en sentant bien les vibrations parcourir tout le cercle et traverser le corps de chacun.

Om Jésum Christum

Répétez ce mantra comme une litanie.

Source :

« yoga, son et prière ». Hélène Foglio. Ed. le courrier du livre. P. 156.

Voir aussi :