
« La loi de mon Dieu est au milieu de mon ventre ».
Saint Grégoire de Palamas
« Le Hara n’est un don que dans une très faible mesure. Il est avant tout le résultat d’une auto-éducation permanente, le fruit d’un développement personnel conscient… Un homme mûr est un homme qui a fait son ventre », dit Karlfried Graf Dürckheim. Grâce à une pratique régulière de l’art de se recentrer, nous ne sommes plus terrassés par le monde du mental et des émotions. Ce centre vital de l’homme devient une source ineffable de quiétude et de vitalité. Commence alors l’aventure du « toujours nouveau » qui nous arrache à la routine et ouvre notre vie à l’émerveillement.
K.G. Durckheim
Celui qui grâce au hara a pris conscience de ses racines se caractérise par une attitude naturelle et libre qui trahit ce qu’il est, ni plus ni moins, et c’est en cela que réside sa beauté humaine spécifique. Ainsi, la personne possédant le hara n’acquiert-elle pas seulement une meilleure stabilité et une plus grande force de réalisation (acquisition chère au moi) mais aussi la forme (Gestalt) qui correspond à sa personnalité profonde et qui lui permet de rester fidèle à son être essentiel tout en étant tourné vers le monde.
K.G. Durckheim
- Le hara
- Se centrer au hara
- Sourire à son abdomen
- Le hara et le cœur
- Regard chrétien sur le Hara
- Liens externes
- Voir aussi
Le hara

Le » Hara » n’est pas seulement une théorie doctrinale ; c’est l’enseignement d’une pratique au service de l’essentiel. La pratique de Hara aide à la fois dans la maîtrise de la vie en ce monde et dans la progression sur la Voie. Il s’agit de la Voie qui redonne à l’homme ayant perdu ses racines, la conscience de son origine éternelle et qui le prépare à réaliser sa destination première, c’est-à-dire à révéler l’Etre dans l’existence.
Le retour en son centre originel de l’homme devenu étranger à lui-même a toujours joué un rôle décisif dans l’engagement sur la Voie. L’enseignement et la pratique du Hara, du centre vital de l’homme, font prendre conscience de ce processus. Pour ce qui est des rapports entre » esprit occidental » et » sagesse orientale « , il devient évident que les oppositions entre monde oriental et monde occidental constituent, au fond, un problème inhérent à la nature profonde de l’homme.
Il faut faire une distinction entre les principes fondamentaux à valeur humaine générale et leur concrétisation qui prend différentes formes selon la race, les conditions géographiques, la tradition spirituelle et le niveau de développement. Le présent ouvrage n’a pas d’autre prétention que d’ouvrir une porte menant à une sagesse née de l’expérience transcendantale, sagesse dont on n’a pas, jusqu’à présent, assez apprécié la valeur.
Qu’il commence aujourd’hui à en être autrement ne signifie pas que l’on emprunte à une conception orientale, mais au contraire que l’on s’ouvre à une vérité propre à tous les hommes, vérité qui n’avait pas encore fait son chemin.
Un petit conte japonais sur le hara
Un jour, un occidental se promène sur un marché oriental et observe un étalage sur lequel se trouvent différents pots de diverses qualités. Il y en avait de toutes sortes et certains étaient même sertis d’émeraudes. Un pot cependant se différenciait des autres par son extrême simplicité. L’Occidental questionna donc le marchand : » pourquoi ce pot sans intérêt en apparence est-il beaucoup plus cher que les autres? » Le marchand lui répondit : « jetez quelque chose à l’intérieur et vous verrez! » L’Occidental pris donc une pierre au hasard, la jeta dans le vieux pot, et à sa grande stupéfaction elle disparut instantatément : « Tout ce que vous jetterez dans ce vieux pot disparaîtra comme cette pierre », dit le marchand.
On dit au Japon que le vieux pot en question correspond au hara de l’homme. Tout ce qui est émotionnellement indésirable ou encombrant disparaît dans ce lieux mystérieux appelé en Orient « l’océan des énergies ». Quand la force est rassemblée dans le hara (au niveau du point situé deux doigts sous le nombril) , le haut du corps se libère progressivement de ses tensions et la voix, sous-tendue par le bas-ventre devient plus claire et plus fluide.
Se centrer au hara
Exercice de base
Se centrer, c’est d’abord retrouver sa forme, être dans sa forme, se trouver en tant que forme. Les formes du moi sont visibles dans la façon dans le corps est en forme, c’est-à-dire placé. Etre dans sa forme dépend de la respiration. Lorsque l’homme retrouve sa forme, il trouve également ses limites. C’est à cette seule condition que le moi peut s’ouvrir et devenir transparent à l’être.
- L’exercice du centre de gravité « juste » commence par la position suivante : les jambes fermes, largement écartées, le buste ample et droit, les bras pendants, le regard à l’infini, c’est-à-dire dans l’attitude qui exprime ce que chacun de nous est, en fait, destiné à être : quelqu’un de droit, de libre et manifestant la lumière. Il est essentiel que celui qui s’exerce commence toujours par essayer de trouver cette attitude de base, tout à fait naturelle dans laquelle il est ancré en lui-même tout en étant relié au monde. Ce temps d’arrêt dans cette posture de base debout pourra être également l’occasion d’entrer dans différentes méditations, comme par exemple, l’écoute sonore des bruits de la forêt, ou l’exploration des cinq sens, sans pour autant descendre dans le ventre.
- Fermez les yeux et posez votre conscience sur votre respiration. Elle est comme une porte battante. Vous percevez simplement les deux mouvements que sont l’inspir et l’expir sans chercher à rien modifier. L’air entre et l’air sort.
- Relâchez-vous dans vos épaules lors de l’expir et prenez conscience de la stabilité progressive qui s’installe en vous. Vous affirmez en vous-même : « Mon corps et mon esprit sont Un. »
- Laissez aller une respiration abdominale (l’abdomen se gonfle à l’inspir et se dégonfle à l’expir).
- Vous visualisez maintenant une balle, de la taille d’une balle de ping-pong, située dans le bas de l’abdomen, juste sous le nombril. Amenez mentalement l’énergie de votre expir dans le centre de cette balle, puis marquez un temps d’arrêt. Arrêtez-vous un instant à la fin de l’expir, puis laissez remonter la balle à l’inspir. Vous recentrez à nouveau votre énergie de l’expir au cœur de la balle.
Progressivement, vous avez l’impression de vous installer dans votre bassin. L’expir devient de plus en plus long. Dürckheim parle de « faire son ventre ». Le point situé en bas de l’abdomen devient de plus en plus dense, et c’est vous tout entier qui prenez du poids, c’est-à-dire de la densité.
Restez longuement sur cette respiration et relâchez-vous toujours dans vos épaules lors de chacun de vos expirs.
Jacques Bonhomme, « la voix énergie », p.34 et « Hara, centre vital de l’homme » de Karlfried Graf Dürckheim, p.121
Respirer au hara


Sourire à son abdomen

Le hara et le cœur
Le « hara » est un mot japonais pour dire « ventre » et compris comme le « centre de l’énergie vitale ». On pourrait croire que seuls les orientaux connaissent et pratiquent cette « centration au hara » mais en fait elle était connue bien sûr dans la tradition biblique. Nous voyons sur cette image ce qu’on appelle en histoire de l’art un « ventre gothique » sur une sculpture romane d’un christ que l’on retrouve sur le tympan d’une église en France. Nous y voyons ainsi un ventre proéminent au centre d’une spirale (mouvement de l’énergie vitale) dessinée par les courbes du vêtement, et qui est ainsi là pour nous rappeler cette réalité. (vous trouverez des informations sur le hara par exemple sur ce site dont est tiré la photo)
Se centrer au hara permet de retrouver son calme et son équilibre et de le conserver tout au long de la journée, aussi, déjà sur ce plan, c’est une technique très précieuse. Elle est aussi une voie spirituelle « en soi », et vous trouverez, notamment dans les livres de Durkheim qui a fait redécouvrir cette technique en Occident, tout ce qu’il faut savoir pour adopter cette pratique très simple à mettre en œuvre. Elle permet de « faire le vide » et de dissoudre toute négativité tout en réinstaurant un équilibre énergétique. A partir de là, il est possible de prononcer le « nom de Jésus » (ou autre formule) sur la respiration (principalement l’expiration). C’est ce que recommandent certains pères du désert en disant « qu’il faut pousser le nom de Jésus jusqu’au fond des entrailles ».
Certains se concentrent plus particulièrement sur le nombril (omphaloscopie), ou commence par se centrer dans le hara avant de « monter dans le cœur ». C’est le « double mouvement » préconisé par saint Grégoire de Palamas : d’abord se centrer dans le ventre et retrouver l’équilibre (« la loi de mon Dieu est au milieu de mon ventre », déclare-t-il) afin de « calmer les passions » puis « monter au niveau du coeur » et entrer dans la répétition du mantra ( celui est préférable est le plus ancien, le mantra grec « Kyrie éleison« .) Nous entrons ainsi dans ce que l’on appelle la pratique de l’ésychasme.
Regard chrétien sur le Hara
Symbolique de la crèche de Noël
Omraam Mikhaël Aïvanhov
Le centre Hara
Pourquoi Jésus, le fils de Dieu, devait-il naître dans une crèche, sur la paille, et non dans un magnifique berceau, dans la chambre d’une demeure vaste et somptueuse ? Là encore, ce détail est symbolique. Et vous comprendrez dans quel endroit de notre corps se trouve cette crèche si vous vous souvenez des conférences que je vous ai faites sur le centre Hara : je vous ai expliqué quel rôle peut jouer ce centre dans la vie spirituelle pour celui qui sait travailler avec lui. Si son nom, Hara, un mot japonais qui signifie ventre, montre que ce centre, situé à quelques centimètres au-dessous du nombril, est surtout connu au Japon, en réalité il était connu de tous les Initiés du passé et c’est de lui que parle Jésus quand il dit ; « De son sein jailliront des fleuves d’eau vive… » Ce « sein » c’est le centre Hara : c’est là que se trouve la crèche où doit naître le Christ entre le boeuf et l’âne, c’est-à-dire entre la rate et le foie.
Vous êtes étonnés, je le vois, vous croyez que c’est dans votre tête que Jésus naîtra. Avez-vous vu un enfant naître du cerveau de sa mère ? Non, Eh bien, il faut s’arrêter là-dessus pour réfléchir. Le ventre, les entrailles, on trouve cela dégoûtant, mais voilà que le Seigneur a choisi justement cet endroit pour que l’humanité se perpétue. Et c’est là aussi, dans le centre Hara, que le disciple doit faire naître en lui cette nouvelle conscience ; l’Enfant Christ.
Voir aussi Symbolique de la crèche de Noël
