25 août, saint Louis, roi, confesseur

  1. Saint Louis
  2. Textes de la Messe
  3. Le roi sous le chêne : Un arcane très ancien
Saint Louis

LOUIS IX DE FRANCE : (25 avril 1214 – 25 août 1270), « communément appelé Saint Louis ou Louis le Saint , est le seul Roi de France à être canonisé dans l’ Église catholique . Louis est couronné à Reims à l’âge de 12 ans, à la suite du décès de son père Louis VIII ; sa mère, Blanche de Castille , dirigea le Royaume en tant que régente jusqu’à ce qu’il atteigne sa maturité. Pendant l’enfance de Louis, Blanche a fait face à l’opposition des vassaux rebelles et a obtenu une victoire définitive dans la croisade des Albigeois , qui avait commencé 20 ans plus tôt.
À l’âge adulte, Louis IX fait face à des conflits récurrents avec certains des nobles les plus puissants de son royaume, tels que Hugh X de Lusignan et Pierre de Dreux . Simultanément, Henri III d’Angleterre tenta de restaurer les possessions continentales angevines , mais fut promptement mis en déroute à la bataille de Taillebourg . Louis annexa plusieurs provinces, notamment des parties de l’ Aquitaine , du Maine et de la Provence . »

 Textes de la Messe  
  Office  
  Dom Guéranger, l’Année Liturgique  
  Bhx cardinal Schuster, Liber Sacramentorum  
  Dom Pius Parsch, Le guide dans l’année liturgique  

Textes de la Messe

Né en 1214, mort en 1270. Canonisé en 1297, fête immédiate. Simple dans le calendrier de St Pie V, élevé au rang de semidouble par Paul V en 1618.

On trouvera la messe propre utilisée en France ici.

die 25 augustile 25 août
SANCTI LUDOVICISAINT LOUIS
Regis, Conf.Roi, Confesseur
III classis (ante CR 1960 : semiduplex)IIIème classe (avant 1960 : semidouble)
Ant. ad Introitum. Ps. 36, 30-31.Introït
Os iusti meditábitur sapiéntiam, et lingua eius loquétur iudícium : lex Dei eius in corde ipsíus.La bouche du juste méditera la sagesse et sa langue proférera l’équité ; la loi de son Dieu est dans son cœur.
Ps. Ibid., 1.
Noli æmulári in malignántibus : neque zeláveris faciéntes iniquitátem.Ne porte pas envie au méchant et ne sois pas jaloux de ceux qui commettent l’iniquité.
V/. Glória Patri.
Oratio.Collecte
Deus, qui beátum Ludovícum Confessórem tuum de terréno regno ad cæléstis regni glóriam transtulísti : eius, quǽsumus, méritis et intercessióne ; Regis regum Iesu Christi, Fílii tui, fácias nos esse consórtes : Qui tecum vivit et regnat.Dieu, d’une royauté terrestre, vous avez élevé saint Louis, votre Confesseur, à la gloire du céleste royaume : daignez, nous vous en prions, nous accorder, en considération de ses mérites et de son intercession, la grâce d’être associés à la gloire du Roi des rois, Jésus-Christ votre Fils, qui, étant Dieu, vit et règne.
Léctio libri Sapiéntiæ.Lecture du livre de la Sagesse.
Sap. 10, 10-14.
Iustum dedúxit Dóminus per vias rectas, et ostendit illi regnum Dei, et dedit illi sciéntiam sanctórum : honestávit illum in labóribus, et complévit labores illíus. In fraude circumveniéntium illum áffuit illi, et honéstum fecit illum. Custodívit illum ab inimícis, et a seductóribus tutávit illum, et certámen forte dedit illi, ut vínceret et sciret, quóniam ómnium poténtior est sapiéntia. Hæc vénditum iusíum non derelíquit, sed a peccatóribus liberávit eum : descendítque cum illo in fóveam, et in vínculis non derelíquit illum, donec afférret illi sceptrum regni, et poténtiam advérsus eos, qui eum deprimébant : et mendáces osténdit, qui maculavérunt illum, et dedit illi claritátem ætérnam, Dóminus, Deus noster.Le Seigneur a conduit le juste par des voies droites, il lui a montré le royaume de Dieu, il lui a donne la science des saints, il l’a enrichi dans ses travaux, et a fait fructifier ses labeurs. Il l’a aidé contre ceux qui voulaient le tromper par leurs ruses et il l’a enrichi. Il l’a protégé contre ses ennemis, et l’a défendu contre les séducteurs. Il l’a engagé dans un rude combat, afin qu’il demeurât victorieux, et qu’il sût que la sagesse est plus puissante que toutes choses. Il n’a point abandonné le juste lorsqu’il fut vendu, mais il le délivra des mains des pécheurs. Il est descendu avec lui dans la fosse, et ne le délaissa point dans les chaînes, jusqu’à ce qu’il lui eût apporté le sceptre royal, et la puissance contre ceux qui l’opprimaient. Il convainquit de mensonge ceux qui l’avaient déshonoré, et le Seigneur notre Dieu lui donna une gloire éternelle.
Graduel
Iustus ut palma florébit : sicut cedrus Líbani multiplicábitur in domo Dómini.Le juste fleurira comme le palmier et il se multipliera comme le cèdre du Liban dans la maison du Seigneur.
V/. Ibid., 3. Ad annuntiándum mane misericórdiam tuam, et veritátem tuam per noctem.V/. Pour annoncer le matin votre miséricorde et votre vérité durant la nuit.
Allelúia, allelúia. V/. Iac. 1, 12. Beátus vir, qui suffert tentatiónem : quóniam, cum probátus fúerit, accípiet corónam vitæ. Allelúia.Allelúia, allelúia. V/. Heureux l’homme qui souffre patiemment l’épreuve, car lorsqu’il aura été éprouvé, il recevra la couronne de vie. Alléluia.
+ Sequéntia sancti Evangélii secundum Lucam.Suite du Saint Évangile selon saint Luc.
Luc. 19, 12-26.
In illo témpore : Dixit Iesus discípulis suis parábolam hanc : Homo quidam nóbilis ábiit in regionem longínquam accípere sibi regnum, et revérti. Vocátis autem decem servis suis, dedit eis decem mnas, et ait ad illos : Negotiámini, dum vénio. Cives autem eius óderant eum : et misérunt legatiónem post illum, dicéntes : Nólumus hunc regnáre super nos. Et factum est, ut redíret accépto regno : et iussit vocári servos, quibus dedit pecúniam, ut sciret, quantum quisque negotiátus esset. Venit autem primus, dicens : Dómine, mna tua decem mnas acquisívit. Et ait illi : Euge, bone serve, quia in módico fuísti fidélis, eris potestátem habens super decem civitátes. Et alter venit, dicens : Dómine, mna tua fecit quinque mnas. Et huic ait : Et tu esto super quinque civitátes. Et alter venit, dicens : Dómine, ecce mna tua, quam hábui repósitam in sudário : tímui enim te, quia homo austérus es : tollis, quod non posuísti, et metis, quod non seminásti. Dicit ei : De ore tuo te iúdico, serve nequam. Sciébas, quod ego homo austérus sum, tollens, quod non pósui, et metens, quod non seminávi : et quare non dedísti pecúniam me-am ad mensam, ut ego véniens cum usúris útique exegíssem illam ? Et astántibus dixit : Auferte ab illo mnam et date illi, qui decem mnas habet. Et dixérunt ei : Dómine, habet decem mnas. Dico autem vobis : Quia omni habénti dábitur, et abundábit : ab eo autem, qui non habet, et, quod habet, auferétur ab eo.En ce temps-là : Jésus dit cette parabole à ses disciples : Un homme de haute naissance s’en alla dans un pays lointain, pour prendre possession d’un royaume, et revenir ensuite. Ayant appelé dix de ses serviteurs, il leur donna dix mines, et leur dit : Faites-les valoir jusqu’à ce que je revienne. Mais ses concitoyens le haïssaient, et ils envoyèrent après lui une ambassade, pour dire : Nous ne voulons pas que cet homme règne sur nous. Et il arriva qu’à son retour, après avoir pris possession du royaume, il ordonna qu’on appelât les serviteurs auxquels il avait donné de l’argent, pour savoir comment chacun l’avait fait valoir. Le premier vint, et dit : Seigneur, ta mine a produit dix mines. Et il lui dit : C’est bien, bon serviteur ; parce que tu as été fidèle en peu de chose, tu auras puissance sur dix villes. Le second vint, et dit : Seigneur, ta mine a produit cinq mines. Et il lui dit : Et toi, sois établi sur cinq villes. Un autre vint, et dit : Seigneur, voici ta mine, que j’ai tenue enveloppée dans un mouchoir ; car je t’ai craint, parce que tu es un homme sévère : tu enlèves ce que tu n’as pas déposé, et tu moissonnes ce que tu n’as pas semé. Il lui dit : Je te juge par ta propre bouche, méchant serviteur. Tu savais que je suis un homme sévère, enlevant ce que je n’ai pas déposé, et moissonnant ce que je n’ai pas semé ; pourquoi donc n’as-tu pas mis mon argent à la banque, afin qu’à mon retour je le retirasse avec les intérêts ? Puis il dit à ceux que étaient présents : Ôtez-lui la mine, et donnez-la à celui qui en a dix. Et ils lui dirent : Seigneur, il a dix mines. Je vous le dis, on donnera à celui qui a déjà, et il sera dans l’abondance ; mais à celui qui n’a pas, on ôtera même ce qu’il a.
Ant. ad Offertorium. Ps. 88, 25.Offertoire
Véritas mea et misericórdia mea cum ipso : et in nómine meo exaltábitur cornu eius.Ma vérité et ma miséricorde seront avec lui et par mon nom s’élèvera sa puissance.
SecretaSecrète
Præsta, quǽsumus, omnípotens Deus : ut, sicut beátus Ludovícus Conféssor tuus, spretis mundi oblectaméntis, soli Regi Christo placére stúduit ; ita eius orátio nos tibi reddat accéptos. Per eúndem Dóminum.Faites, nous vous en prions, Dieu tout-puissant, que comme le bienheureux Louis votre Confesseur, méprisant les délices du monde, s’appliqua à ne plaire qu’au seul Christ-Roi, qu’ainsi sa prière nous rende agréable à vous.
Ant. ad Communionem. Matth. 24,46-47.Communion
Beátus servus, quem, cum vénerit dóminus, invénerit vigilántem : amen, dico vobis, super ómnia bona sua constítuet eum.Heureux le serviteur que le maître, à son arrivée, trouvera veillant ; en vérité, je vous le dis, il l’établira sur tous ses biens.
PostcommunioPostcommunion
Deus, qui beátum Confessórem tuum Ludovícum mirificásti in terris, et gloriósum in cælis fecísti : eúndem, quǽsumus, Ecclésiæ tuæ constítue defensórem. Per Dóminum nostrum.Dieu, vous avez magnifié le bienheureux Louis, votre Confesseur, sur la terre, et l’avez glorifié dans le ciel : établissez-le, nous vous en prions, défenseur de votre Église.
Le roi sous le chêne : Un arcane très ancien


Baron Pierre-Narcisse Guérin (1774  – 1833 )

Jean-Louis Ragot

« Il allait s’assoir au bois de Vincennes après la messe, et s’appuyait à un chêne, et nous faisait assoir autour de lui ; et tous ceux qui avaient à faire venaient lui parler… » Chronique de Joinville.

Le roi rendant la justice au pied d’un chêne. Cette image du livre d’histoire m’avait frappé plus que les autre composants de la galerie des portraits des rois de France, galerie le plus souvent peu flatteuse, avec les cages de Louis XI, et avec seulement deux rois « sympas » : Henri IV et la poule au pot, et Saint Louis trônant sous le chêne et rendant la justice à tout un chacun. La forte impression que me procura cette image éclipsa toutes les autres ; et alors que l’histoire de l’Ancien Régime avait un ton négatif, je me disais «Mais il y a eu saint Louis !» Plus tard je découvris que cette image qui démentait tout le cours venait de plus loin que d’Épinal, car il s’agit d’un arcane, une image qui symbolise l’archétype de la royauté, un arcane aux convergences mondiales, un archétype traditionnel et primordial ; aussi je vais prendre soin d’analyser ce glorieux symbole :

La verticalité de l’arbre met en relation les trois mondes, ses racines s’enfoncent dans le monde souterrain, chthonien, le séjour des morts ; le tronc représente la terre, le monde des hommes ; la couronne de branches au sommet représente le monde céleste, le séjour des immortels. L’arbre symbolise donc, une communication par le haut entre les hommes et les dieux, par le bas entre les vivants et les morts. L’arbre éternel est aussi l’arbre du milieu, l’arbre du monde ou axe du monde, le chemin du passage du visible à l’invisible. L’arbre est en analogie avec l’homme de par la position verticale de son épine dorsale. Le tronc de l’arbre est donc l’axe de communication entre notre bas monde et le firmament, comme la colonne vertébrale humaine monte de la partie vile du corps jusqu’à sa partie noble, la tête. Symbole axial, l’arbre est une colonne reliant le haut et le bas. Il est le pilier du monde, sur lequel apparaissent les fées. Il est la connexion, entre ce qui est en haut et ce qui est en bas. L’arbre est aussi la croix, un autre axis mundi, dont la ligne verticale, qui est le vecteur d’un mouvement ascendant, menant à l’éternité constitue le tronc ; et la ligne horizontale constitue les branches, mouvement rotatif lié aux cycles du temps. L’arbre sacré autour duquel on se réunit constitue un axis mundi, symbole d’élévation et d’ascension sacrée. L’Arbre du Monde ou Arbre de Vie (Lebensbaum), existait chez les Celtes sous la forme d’un chêne, symbole de sagesse et de force physique et morale. D’après Pline l’Ancien, le mot « druide » est en relation avec le mot « chêne » (du grec « drus »). Le chêne était aussi une figuration de l’axe du monde en Grèce, à Dodone. Chez les Germains « die Donar-Eiche », le chêne de Thor, l’arbre sacré des Frisons, fut abattu par saint Boniface. Le chêne de Guernica, au Pays Basque, était au centre des assemblées destinées à décider des intérêts de la communauté, comme cela était de coutume dans de nombreuses cités de l’Europe médiévale. Les seigneurs de Biscaye (devenus plus tard rois de Castille) ont prêté serment sous cet arbre de respecter les lois provinciales (les « fueros »). Sous cet arbre on a rédigé les lois jusqu’en 1876, sous les auspices de tous les peuples, qui envoyaient deux représentants. Ce rassemblement se perpétue depuis des temps immémoriaux. Ce chêne qui accueillait les premières juntes de la seigneurie de Biscaye s’est affirmé au fil des siècles comme le symbole de l’existence du peuple basque face aux avatars de l’histoire.

Axe vertical et point fixe autour duquel gravite le monde, l’arbre revoie à la notion de centre. « Le centre est le lieu où le ciel a touché la terre » (Frithjof Schuon). Tout espace consacré se positionne autour d’un centre. Dieu est le centre absolu, le centre des centres. Le roi est le centre des hommes comme l’étoile polaire est le centre du ciel. Le centre est principe et origine. Tout s’ordonne par rapport à lui, tout s’organise dans son rayonnement. Le centre est immobile, la vie du monde se déroule autour de lui. Le centre est le cœur et la clé de voûte du monde humain. Quand ce n’est pas un arbre, c’est une ville : Cuzco signifie nombril, Delphes abrite l’Omphalos (nombril du monde), en Irlande, le roi résidait à Tara, capitale du royaume de Mide (le « milieu ») ; ou une montagne, comme le mont Meru indien, l’Alborz mazdéen ou l’Olympe grec ; ou encore une île mythique : l’Île Blanche, l’Île Verte, l’Île des Bienheureux, etc. Immobile et pérenne, la montagne évoque une autre caractéristique du centre en tant que point d’intersection et d’intermédiaire, un carrefour entre les mondes, le lieu de contact avec la lumière céleste. Arbre, ville, montagne ou île, le centre est le lieu de passage vers l’autre monde ; il est une porte, un lien (Babylone signifie « porte des dieux »).

Le roi est le représentant du ciel et de Dieu. D’après les légendes, l’Égypte fut d’abord dirigée par les dieux, puis ils repartirent vers les cieux après avoir institué la royauté pour les remplacer. Le roi est donc le délégué de Dieu sur terre. Au Moyen Age le roi était considéré comme le « lieutenant du Christ ». Lieutenant signifie « qui tient lieu de ». Le Christ étant « roi de l’univers », le roi lui est semblable et sa mission est divine. Il est aussi appelé le « vicaire de Dieu » or vicaire signifie « qui prend la place de », comme le mot arabe khalife. Le chinois T’in tseu signifie « fils du ciel ». La même notion est exprimée dans la généalogique mythique des rois de Scandinavie censés descendre d’Odin ou celle des rois de Grèce, descendants de Zeus ou d’Apollon.

Centre lui-même, siégeant au pied du chêne-axe-centre du monde, le roi rend la justice au nom de Dieu dont il est le représentant sur terre. Le roi est le pivot autour duquel tout gravite. De cette idée vient l’expression de Roi-Soleil, attribuée à Louis XIV, dont on trouve des échos dans d’autre traditions royales dans le monde. Le roi est le pontife suprême, car son rôle intermédiaire entre le monde et le supra-monde fait de lui un pont. Pontifex signifie « faiseur de pont », titre porté par Numa, roi de Rome, puis par l’empereur (pontifex maximus, désignation ensuite reprise par la papauté).

Jean-Louis Ragot

Sources :

J. CHEVALIER et A. GHEERBRANT, Dictionnaire des symboles, Paris, R. Laffont, 1997

C. LEVALOIS, Principes immémoriaux de la Royauté, Le Léopard d’or, 1989

Voir aussi :

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

%d blogueurs aiment cette page :